La véritable liberté, affirme Rousseau, est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite. De ce point de vue, il semble bien que je ne sois libre que si j'obéis à cette loi. Mais ne peut-on rencontrer des situations dans lesquelles ma liberté m'appelle au contraire à la désobéissance, et m'en fasse même un devoir ? Car si, en principe, mon devoir, tant moral que civil, m'oblige à respecter la loi, ce peut être au nom d'un devoir plus haut que celui que prétend m'imposer une loi que je choisis librement de lui désobéir.
[...] Ce qu'Antigone conteste, c'est la légitimité même de la loi de Créon. Mais c'est au nom, dit-elle, de lois plus anciennes qui ne dépendent pas des hommes Dans un tel cas, on constate un conflit de valeurs qui se trouvent en concurrence : l'obligation d'enfouir les morts pour les considérer comme des humains vient contredire l'interdiction d'enfouir ceux qui ne respectent pas les lois de la Cité. Percevant une injustice absolue dans la loi de Créon, Antigone choisit de faire son plus ancien devoir en lui désobéissant. [...]
[...] Mais le cas peut aussi se présenter d'un pouvoir qui prétendra, une fois instauré légitimement, formuler et faire obéir des lois incompatibles avec le respect des valeurs d'universalité. Imaginons un pouvoir initialement démocratique, dont la lente dérive aboutit à promulguer des lois d'exclusion se fondant sur la religion ou la race, ou des lois privilégiant ouvertement certaines catégories de population aux dépens d'une autre. Le citoyen peut alors considérer comme son devoir de ne pas respecter de telles lois, pour la simple raison qu'il conteste leur respectabilité et leur oppose en conscience le respect de valeurs plus hautes ou moins contestables parce que plus universelles. [...]
[...] Faut-il parfois désobéir aux lois ? Introduction La véritable liberté, affirme Rousseau, est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite. De ce point de vue, il semble bien que je ne sois libre que si j'obéis à cette loi. Mais ne peut-on rencontrer des situations dans lesquelles ma liberté m'appelle au contraire à la désobéissance, et m'en fasse même un devoir ? Car si, en principe, mon devoir, tant moral que civil, m'oblige à respecter la loi, ce peut être au nom d'un devoir plus haut que celui que prétend m'imposer une loi que je choisis librement de lui désobéir. [...]
[...] Mais suis-je obligé de lui obéir en cas de guerre ? Le problème est classique, et appelle une décision individuelle : l'objecteur de conscience ira jusqu'au bout de son refus des armes, mais le citoyen peut aussi choisir de faire la guerre pour défendre son pays, en sachant qu'il risque de tuer. C'est que, dans ce cas, il aura admis que la morale valable en temps de paix s'efface au profit d'une valeur fondamentale : la défense du territoire national. [...]
[...] Puisqu'il y a réciprocité des droits et des devoirs, tout devoir ressenti comme une contrainte est équilibré par un devoir symétrique d'autrui à mon égard, et il y a entre tous une stricte équivalence. Dans de telles conditions, l'obéissance paraît bien obligatoire, puisque son contraire ne produit que des effets négatifs, tant sur moi-même (transgresser la loi morale, c'est faire preuve de volonté mauvaise et donc d'un véritable détraquement de la volonté qui me situe hors de l'humanité) que sur le corps social dans son ensemble (dont l'harmonie est rompue). [...]
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