Après avoir vécu pendant un an dans l'intimité d'une tribu d'Indiens du Paraguay, Pierre Clastres rédige à leur sujet un ouvrage, dans lequel il révèle et explique un aspect de leur culture qui a tout pour nous étonner : c'est une société sans État. Cela semble prouver qu'une société peut exister et prospérer sans présence de l'État, ce qui remettrait en cause son existence même dans nos sociétés. Cependant, cela apparaît comme une réalité perturbante, car nous ne pouvons aujourd'hui imaginer vivre sans État ; sa disparition nous semble synonyme de désordre, voire de chaos, et dans l'imaginaire collectif, seule une crise, sous quelque forme que ce soit, nous paraît pouvoir mettre fin à cette structure.
[...] Il n'est pas un moyen, mais une fin, celle de la Raison. Il réconcilie réalité et rationalité, et ainsi, en tant que réalité rationnelle, l'existence de l'État est ontologiquement justifiée. Ce qu'il restera à remettre en cause sera l'ensemble de ses modalités d'action. TH. HOBBES, Léviathan, Gallimard, coll. Folio essais. Traduction par Gérard Mairet. B. [...]
[...] Une allusion de Proust à Nerval aide à comprendre cette idée : Proust explique dans contre Sainte-Beuve que Nerval est coupable d'une forme de naïveté en retournant sur les lieux du passé, présents à son esprit ; en effet, Proust explique très bien que Nerval ne retrouvera jamais ces lieux en y retournant puisqu'ils n'ont justement acquis d'existence pour lui que par leur absence ; et ce sera tout le principe de la Recherche du temps perdu. De même, on ne peut devenir soi qu'en se projetant dans l'autre, c'est à dire en projetant notre raison dans le monde, en rendant le réel rationnel. Et à ce moment, on réalise qu'il n'y a plus d'opposition entre le sujet et l'objet, entre l'homme et le monde, puisque le sujet a été soi dans l'autre. [...]
[...] En effet, théoriser une vision de l'histoire, à travers laquelle l'État s'est développé, permet de montrer que sa naissance et son évolution peuvent résulter de la défense d'intérêts particuliers. Si l'on se penche ainsi sur la théorie défendue par Marx, cette idée apparaît clairement. En effet, selon lui, l'histoire résulterait des conflits de classes ; et dans ce contexte, l'État serait entre les mains de la classe dominante, et au service de ses intérêts, qui furent d'abord les intérêts de l'aristocratie, puis de la bourgeoisie. [...]
[...] Mais l'idée intéressante est celle de forme, qui renvoie directement à ce que Ernst Cassirer appelle les « formes symboliques ». Dans sa Philosophie des formes symboliques, il explique en effet que le propre de l'homme est la fonction symbolique, c'est-à-dire une capacité à produire des formes, qui vont donner sens et structure au monde qui nous entoure. Il écrit ainsi que « Les mots de langage, les images du mythe ou de l'art, les symboles intellectuels de la connaissance posent autour du monde un voile soyeux et transparent, mais néanmoins indéchirable. [...]
[...] CONSTANT, cité par J. COLLET, John Ford : la violence et la loi, Éditions Michalon. P. CLASTRES, Chronique des Indiens Guayaki, Plon, coll. Terre humaine/Poche. [...]
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