Existe-t-il une forme de désobéissance civique ?

Résumé du document

Par "désobéissance", on entend toute attitude qui manifeste un rejet immédiat ou implicite de l'autorité. Ainsi, quelqu'un qui refuse de conformer son action désobéit, quand bien même il n'agit pas. Mais on parle également de désobéissance lorsque quelqu'un agit en outre à l'inverse de ce qu'on lui a ordonné. La désobéissance regroupe donc tous les phénomènes de remise en cause, aussi bien actifs que passifs, d'une autorité qui prétend déterminer la nature et les buts recherchés.

Extraits

[...] Oui : la désobéissance peut être civique quand elle est désobéissance à une volonté non étatique a. La désobéissance à mon intérêt étroit Cependant, un problème se pose à nous à ce stade de notre réflexion : quelle est l'origine de l'autorité dont il s'agit de déterminer s'il est ou non civique de lui désobéir ? Car si l'autorité en question n'est pas celle de l'état, mais celle qui émane de mes intérêts égoïstes, alors nous dirons qu'il est parfaitement civique de désobéir à une semblable autorité. [...]

[...] Dans la communauté politique, il y a des sectes, des églises, des groupes de pression commerciaux, financiers, des associations de malfaiteurs Nous dirons donc que la désobéissance à l'autorité de ces groupes, de ces infra communautés est civique, dès lors que leurs intérêts divergent par rapport à l'intérêt propre de la communauté politique. C'est ce que démontre James Gray dans son chef uvre La nuit nous appartient : le personnage de Bobby Green choisit de désobéir à son intérêt propre et à celui de la mafia russe pour servir la communauté, en quoi cette désobéissance peut être dite civique. III. Oui : la désobéissance à l'autorité peut être civique à quand elle de est la désobéissance étatique contraire l'intérêt communauté politique a. [...]

[...] Conclusion : A première vue, la désobéissance ne saurait être civique lorsqu'elle s'en prend à l'autorité de l'état, dont la fonction est précisément de servir la communauté politique. Mais si la désobéissance est désobéissance contre l'impulsion de mes passions privées, ou contre l'intérêt de groupe poursuivant des fins contraires à l'intérêt de la communauté politique, alors nous dirons que la désobéissance est civique. Mais dans la mesure où l'autorité étatique peut s'avérer contraire à l'intérêt de la communauté politique, nous dirons que la désobéissance contre ce type d'autorité peut être civique. [...]

[...] La désobéissance devient légitime car civique lorsqu'elle incarne une résistance contre une autorité contraire aux intérêts de la communauté Pour achever de nous en convaincre, nous dirons que la désobéissance à l'autorité étatique devient légitime lorsqu'elle incarne une résistance contre une autorité contraire aux intérêts de la communauté politique. Prenons un exemple fameux : la période de l'Etat Français durant la seconde guerre mondiale. C'est à bon droit que nous pouvons qualifier de civique une désobéissance, active ou passive, par rapport à l'autorité du Régime de Vichy, dans la mesure où cette autorité était non seulement contraire aux intérêts de la communauté politique française (en reconnaissant la domination de l'occupant allemand) mais également contraire aux intérêts de l'humanité (en aidant les nazis dans leurs crimes effroyables). [...]

[...] Par conséquent, on dira que la désobéissance est nécessairement incivique, car elle dessert l'intérêt de l'état dont la fonction est d'être utile à la communauté politique. Comme l'écrit Hobbes dans le Léviathan (Iere partie, chapitre XVII): La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers, et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à les protéger de telle sorte que par leur industrie et par les productions de la terre, ils puissent se nourrir et vivre satisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme, ou une seule assemblée, qui puissent réduire toutes leurs volontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté b. [...]