« Nous espérions (…) que les ignorants seraient du moins modestes et discrets, qu'ils se laisseraient tout de même un peu gouverner par ceux qui sont préparés à cette tâche difficile. Mais point du tout (…) Le tard-instruit méprise les compétences, et veut réformer tout. Bientôt on nommera les ingénieurs, les amiraux, les professeurs au suffrage universel ». Ainsi parlent les « compétents » dans Les propos sur les pouvoirs d'Alain . Le philosophe emploie ici la satire pour condamner le comportement de l'élite bureaucrate, des « compétents », qui semblent convaincus que seule la compétence peut permettre d'exercer le pouvoir d'une manière efficace et réaliste. Gouverner exigerait ainsi une qualification spécifique, une instruction, et nul ne pourrait s'improviser dirigeant. D'où la critique du système du suffrage universel, qui porte au pouvoir des incompétents, alors que l'exercice du pouvoir politique est un métier, au même titre que celui d'ingénieur, d'amiral ou de professeur.
Le pouvoir s'entend de manière très générale comme la « force ou énergie, faculté ou capacité effective de faire quelque chose » . Cette notion est polysémique et complexe. L'exercice du pouvoir suppose la relation à autrui, et c'est dans cette relation hiérarchique qu'il doit ici être envisagé. Le pouvoir est donc entendu comme une capacité d'obtenir d'autrui quelque chose. Robert Dahl illustre clairement cette idée, en expliquant que « « A exerce un pouvoir sur B dans la mesure où il obtient de B une action que ce dernier n'aurait pas effectuée autrement » . Une idée majeure préside alors la relation de pouvoir. Il s'agit de la capacité à faire faire à autrui ce qu'il n'aurait fait spontanément. L'ascendant à l'origine de ce pouvoir peut avoir plusieurs sources. Max Weber en identifie trois majeures, à savoir la légitimité charismatique du leader qui fascine, la légitimité traditionnelle, issue d'une transmission souvent héréditaire, ou reliée à une tradition ancienne. Enfin la troisième source de pouvoir est la légitimité rationnelle, qui consiste à ce que des individus se placent volontairement sous le pouvoir d'un dirigeant parce qu'il est le plus apte à exercer cette fonction. Cette légitimité rationnelle est considérée par Weber comme une source moderne du pouvoir, qui se généralise depuis les révolutions du XVIII° siècle.
[...] L'ascendant à l'origine de ce pouvoir peut avoir plusieurs sources. Max Weber en identifie trois majeures, à savoir la légitimité charismatique du leader qui fascine, la légitimité traditionnelle, issue d'une transmission souvent héréditaire, ou reliée à une tradition ancienne. Enfin la troisième source de pouvoir est la légitimité rationnelle, qui consiste à ce que des individus se placent volontairement sous le pouvoir d'un dirigeant parce qu'il est le plus apte à exercer cette fonction. Cette légitimité rationnelle est considérée par Weber comme une source moderne du pouvoir, qui se généralise depuis les révolutions du XVIII° siècle. [...]
[...] Exercer le pouvoir : est-ce un métier ? Nous espérions ( ) que les ignorants seraient du moins modestes et discrets, qu'ils se laisseraient tout de même un peu gouverner par ceux qui sont préparés à cette tâche difficile. Mais point du tout ( ) Le tard- instruit méprise les compétences, et veut réformer tout. Bientôt on nommera les ingénieurs, les amiraux, les professeurs au suffrage universel Ainsi parlent les compétents dans Les propos sur les pouvoirs d'Alain[1]. Le philosophe emploie ici la satire pour condamner le comportement de l'élite bureaucrate, des compétents qui semblent convaincus que seule la compétence peut permettre d'exercer le pouvoir d'une manière efficace et réaliste. [...]
[...] Source : FOULQUIE Paul, Dictionnaire de la langue philosophique, PUF Source : DAHL Robert, Qui gouverne ? [...]
[...] Le pouvoir est dès lors étendu à tous, vulgarisé au sens noble du terme. La puissance de jugement des citoyens au sein de l'agora n'est pas déterminée par la compétence mais par la vertu civique, l'aptitude innée à discerner le juste. Platon lui-même, tout en défendant le principe de l'éducation de tous les citoyens, affirme que la politique est l'affaire de tous. A Protagoras qui se fait fort d'enseigner l'art politique, Platon rétorque qu'il pense que la science politique ne saurait être enseignée ni transmise d'homme à homme Dans nos assemblées publiques, s'il s'agit de délibérer sur une construction, on fait venir les architectes pour prendre leur avis sur les bâtiments à faire ( . [...]
[...] Le pouvoir s'apprend-il ? Considérer l'exercice du pouvoir comme un métier revient à affirmer que diriger s'apprend, et que c'est la formation professionnelle couplée à un certain talent qui permet de justifier d'un ascendant sur une communauté spécifique. Enfin, l'exercice de ce pouvoir, si c'est un métier, serait la source directe des revenus permettant d'assurer au dirigeant sa survie. Si le pouvoir a pu puiser sa légitimité dans des principes déconnectés de tous critères de savoir, l'art de diriger a toujours été enseigné de manière privilégiée aux futurs dirigeants, notamment politiques Le principe démocratique s'inscrit en opposition à cette idée de spécialisation du pouvoir. [...]
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