Georg Wilhelm Friedrich Hegel est un penseur souvent réputé difficile à comprendre. Si pour le commun des mortels, Hegel paraît si difficile à comprendre, c'est que c'est un auteur souvent mal compris. Et pourtant, avec suffisamment de temps pour l'expliquer et l'assimiler, il nous en reste l'impression que sa pensée est des plus logiques et des plus cohérentes.
L'œuvre complète de Hegel est à la fois encyclopédique et systématique. Encyclopédique, parce qu'elle traite de toutes les questions majeures de l'humanité. Systématique, parce qu'elle fonctionne par systèmes, liés et dépendants les uns des autres de façon logique. Ses Principes de la philosophie du droit fonctionnent de la même manière. Il s'agit d'un système en trois parties (lesquelles, divisées elles-mêmes en trois sections) qui, comme un organisme, reprend tous les éléments pour en faire un ensemble. Les Principes de la philosophie du droit s'inscrivent dans une partie consacrée à l'esprit objectif, qui elle-même s'insère dans une des trois grandes parties du système : la philosophie de l'esprit.
Ce mémoire traite d'un concept en apparence simple, mais en réalité complexe : celui de l'Etat. N'est-il pas paradoxal que l'Etat, une invention des plus humaines, soit souvent décrié et accusé d'aller à l'encontre des intérêts des individus ? L'Etat, ensemble permanent d'institutions dont le pouvoir est impersonnel et qui organise la société, est en effet souvent perçu comme une force contraignante envers les citoyens : il interdit ! Mais, ne peut-on pas voir aussi ce qu'il permet ? Pour Hegel, tout au contraire, « Tout ce que l'homme est, il le doit à l'Etat ; c'est là que réside son être. Toute sa valeur, toute sa réalité spirituelle, il ne les a que par l'Etat ».
[...] C'est l'union du particulier et de l'universel (un nous qui est un moi et un moi qui est un nous Car l'Etat c'est nous et nous c'est l'Etat. La liberté que peut nous offrir l'Etat n'est pas la possibilité de tout faire et d'agir selon nos penchants naturels. En ceci, les philosophes s'accordent puisque l'homme serait esclave de ses passions. La liberté, c'est bien faire ce que l'on doit. L'Etat, par le droit fondé sur la raison, guide donc les citoyens. [...]
[...] Il ne peut pour cela se résumer aux lois positives. Le Droit en tant qu'Idée est plutôt lié intrinsèquement à l'essence de la Justice : Une loi injuste, une loi mauvaise, n'est pas une loi, n'est pas du droit (Lois, IV). Ainsi, le droit est nécessairement juste, mais encore faut-il déterminer ce qu'est la justice, et c'est tout l'objet de la République que d'en donner une définition. Platon part tout de même du postulat suivant : la Justice est la vertu qui attribue à chacun sa part. [...]
[...] Mais faire l'impasse sur la philosophie des Anciens serait une grave erreur. La cité antique était au cœur de la réflexion philosophique des premières organisations humaines et politiques. Loin de se constituer contre nature, la cité antique est plutôt la fin même de l'humanité et en découle naturellement. Entre Platon et Aristote, il existe des conceptions différentes de l'Etat mais ce qui relie ces deux piliers de la philosophie grecque est bien cette idée que la cité se fonde sur le bien et sur le juste. [...]
[...] Hors de l'Etat, l'individu n'est rien. En effet, l'Etat est comme un organisme dont les individus ne sont que des organes. Il les arrache à leurs égoïsmes particuliers et les introduit dans la vie éthique, par le dévouement et le sacrifice. Cette vie consiste à habiter un monde et à en faire quelque chose de bien et de beau. L'idée morale est déjà présente dans la famille et dans la société civile et l'Etat ne fait que la révéler, la développer, la sublimer. [...]
[...] Et s'il est d'accord pour dire que l'Etat permet à la société civile de fonctionner grâce aux institutions de pouvoir civil qu'il met à sa disposition (hôpitaux, école, police, etc.), il semble profondément regretter le rôle réducteur que les modernes confèrent à l'Etat. Hegel finit par dépasser les autres théories de l'Etat Hegel, rappelons-le, a eu le mérite d'être le premier théoricien à distinguer la société civile de l'Etat. Cette distinction est en effet très pertinente puisqu'elle permet de dépasser la vision instrumentale de l'Etat, propre aux contractualistes, pour l'élever à sa juste valeur : celle d'incarnation de la raison. Cela permet de comprendre vraiment ce que l'Etat est, au sens le plus hégélien du terme. [...]
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