L’Etat résulte-t-il d’un processus historique ? (2010)

Résumé du document

À l'heure où la critique étatique connaît un regain de médiatisation avec les affaires relatives aux mouvances d'ultragauche, l'origine et la légitimité de l'État apparaissent comme un sujet d'actualité majeur. Par État on désigne « une entreprise politique de caractère institutionnel dont la direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime » (M. Weber).

Si avec Aristote on peut postuler que l'homme est un animal politique qui a de facto la conviction de l'établissement d'une forme étatique, il apparaît que la construction étatique ne s'est pas faite subitement et répond à de nombreuses exigences entraînant des processus divers. Pour autant on peut se demander si la construction étatique n'est pas unilatérale, si elle n'est pas due à un facteur majeur.

Extraits

[...] La France construit ainsi sous l'impulsion colbertiste des grandes manufactures, émergence d'un tissu industriel qui va jouer un rôle central dans l'affirmation de l'économie française au sein de l'Europe. Si le processus guerrier, larvé ou non, interne ou externe est le processus majeur qui entraine la formation de l'État, cependant la formation de l'État résulte d'exigences propres aux sociétés européennes. II) . expliqué par différentes exigences La période du XVII-XVIIIe siècle ouvre de nouvelles perspectives à la conception individualiste en construction. [...]

[...] L'État relève donc bien d'un processus majeur historique qui est le processus guerrier. La création de conflits entre les différents organes de la vie sociale extérieurs comme intérieurs a conduit cet organe à s'affirmer quitte à en reléguer d'autres au second plan comme ce fut le cas de l'Église. La victoire de l'État a nécessité la mise en œuvre de processus parallèles tels que la spécialisation des élites ou la judiciarisation, cautions de la légitimité de l'organe étatique. Tout processus historique étant continu, on peut se demander quelles formes revêtiront les futurs États, à l'heure où les partis d'oppositions français s'interrogent sur la pertinence de la mise en œuvre d'une sixième république. [...]

[...] Il doit à présent posséder lui aussi un savoir-faire technique et des compétences relatives à son domaine d'exécution, et ce, toujours dans une logique d'efficacité. C'est cette logique d'efficacité qui a conduit à la coercition progressive du pouvoir politique. Si les exemples américains et allemands avec leurs régimes d'États fédéraux rappellent que la décentralisation n'est pas incompatible avec la coercition, il faut souligner que l'histoire du processus étatique se construit majoritairement sur une logique centralisatrice (exemple de la doctrine jacobine en France par exemple). [...]

[...] Ce processus de guerres nationales se traduit dans les termes par une dépersonnalisation de l'appareil étatique : on défend sa patrie, non plus son seigneur. Philippe Braud résume : L'outil militaire aura permis de soutenir les ambitions croissantes de l'État, mais il aura aussi constitué l'un des milieux de socialisation les plus propices à la diffusion du sentiment de l'unité nationale. La guerre amène enfin une délimitation progressive des frontières qui permettent l'émergence d'un territoire national administré par l'État. Ces guerres du fait des déplacements humains qu'elles suscitent contribuent de plus à diffuser massivement les concepts des pays en guerre : les guerres des vieux royaumes menés contre la République française après la révolution de 1789 contribuent à diffuser les idées des Lumières et de l'établissement d'une forme d'autorité du peuple par le peuple et pour le peuple, l'État démocratique moderne commence sa diffusion dès le XVIIIe siècle. [...]

[...] Les hommes politiques sont donc, du fait de cette reconnaissance de leurs capacités, rémunérés et exercent leurs fonctions à plein temps. L'autre groupe social qui connait progressivement une spécialisation est celui des exécutants à savoir les différents agents administratifs de l'État chargés de faire appliquer les décisions prises par le pouvoir législatif. Face à une montée de la complexification des actes législatifs, le personnel exécutant n'a plus seulement pour vocation de faire usage du pouvoir de monopole de la violence légitime dont parle M. [...]