Il semble aller de soi, en France, que l'Etat doive intervenir dans un nombre incalculable de situations. L'intervention de l'Etat est souvent exigée par des groupes divers, pour des motifs eux-mêmes très divers. Du côté des moyens de l'Etat, la TVA est paradoxalement moins critiquée que l'impôt sur le revenu (qui a en théorie une plus grande capacité redistributive). Le second paradoxe est que dans les sondages menés dans les années 1980, les Français disent à 44% préférer une politique libérale pour sortir de la crise, tout en étant 42% en 1987 à juger que l'Etat n'intervient pas assez. La distinction nette entre gauche et droite en France relative à la politique à suivre (libérale ou socialiste) s'atténue considérablement dès qu'est mise en cause l'intervention directe de l'Etat dans les affaires économiques, sociales et culturelles.
Il y a principalement deux interprétations du rôle de l'Etat : une libérale et une marxiste. L'interprétation libérale tend à accuser l'Etat de fausser le jeu économique. L'interprétation marxiste considère l'Etat comme une simple superstructure. En fait, pour la plupart des Français, la place de l'Etat et son rôle emblématique ressortissent moins à des considérations idéologiques sur ses interventions qu'à une idée de la société où ils vivent, des valeurs qui lui permettent d'exister et du respect nécessaire de ces valeurs pour que la société fonctionne correctement. En France, l'Etat est donc identifié à la société, sans que les théories puissent l'expliquer, et cela implique un Etat situé au cœur du social.
[...] Le roi doit utiliser de ces ressources avec justice et selon l'intérêt du peuple, selon Loyseau. Cependant, jusqu'au XVIIIe siècle, les dépenses concernent plus le roi lui- même que l'Etat, hormis les dépenses militaires qui ramènent à la nécessité invoquée pour justifier la raison d'Etat. Bien public, fonction publique et fortune privée La bureaucratie n'existe qu'à l'état embryonnaire car la gestion du public passe surtout par la justice L'administration royale n'apparaît que dans la seconde moitié du XVIIe siècle : les intendances ne sont alors constituées que de quelques dizaines de personnes. [...]
[...] Incluant désormais la sphère du bien-être, il s'inscrit de plus dans la sphère de l'économie et relève de l'administration. Bien-être commun et protection sociale L'Etat reste l'arbitre des intérêts divergents, comme sous l'Ancien Régime, mais il arbitre dans une société d'égaux. La différenciation sociale ne procède plus d'un statut particulier, mais d'une différence du niveau de richesse. La protection sociale ne passe plus par l'octroi d'un statut particulier que garantit l'Etat, mais par le complément de ressources qu'il distribue à ceux qui en manquent. [...]
[...] Le roi est chargé d'administrer le bien public. Raison de l'Etat : justice et bien commun Dès le XIIe siècle, dans un des premiers grands livres politiques du Moyen Age (Policraticus de Jean de Salisbury), le problème de l'articulation entre le pouvoir du roi et la chose publique est posé en des termes qui aboutissent à donner une première idée de la raison d'Etat. C'est l'un des premiers livres à associer l'Etat à la chose publique : la raison d'être de l'Etat y est la chose publique. [...]
[...] L'Etat glisse du politique vers l'économique. C'est la naissance de l'économie politique (selon l'expression d'Antoine de Montchrétien), dont le but est le bien-être. La puissance de l'Etat et le bien-être de ses sujets ne sont plus pensés à partir des mercantilistes comme discordants (au contraire de Machiavel), mais au contraire comme nécessairement liés. Le mercantilisme, parce qu'il est un discours de la raison d'Etat, envisage la vie économique en termes de puissance de l'Etat. Le lien social devient, selon les auteurs, fondé sur le bien commun. [...]
[...] Entre Etat et société : le social L'Etat, au cours de la période contemporaine, est donc intervenu, aussi bien sous les gouvernements libéraux que socialistes, directement ou indirectement dans la vie économique et sociale, mais toujours en prenant soin d'invoquer l'intérêt général et la cohésion sociale de la nation. Durkheim part de ce constat et fait de l'Etat l'instrument rationnel permettant la réalisation du bien commun. Il le distingue cependant clairement de la société. L'Etat tend à se confondre avec son administration puisqu'il est seulement un moyen. C'est la société qui exprime le bien commun, son intérêt général. L'Etat n'est là que pour penser sa mise en œuvre et l'exécuter. C'est déjà l'idée de l'Etat gestionnaire. [...]
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