Dès le Ive siècle avant J.-C., Aristote définit l'homme comme un « animal politique », c'est-à-dire un animal dont la nature est de vivre dans une société régie par des normes et des institutions régulatrices.
On peut grosso modo définir l'état de nature comme la situation qui serait celle des hommes sans règles ni lois, ce qui conduit à opposer l'état de nature à tout ce qui a trait à la culture. Pour ne pas considérer l'état de nature uniquement comme un mythe, il est nécessaire de mettre en lumière les visions et les conceptions plus ou moins positives de l'état de nature, tâche à laquelle se sont notamment livrés Hobbes et Rousseau. Toutefois, le sujet tel qu'il est posé sous-entend l'idée que l'état de nature est d'abord un mythe (mais pas seulement), à savoir un récit fabuleux, une conception légendaire de la création de l'humanité appartenant à l'imaginaire collectif d'une société. En outre, ce discours irrationnel, sans fondements et porteur d'aucune vérité, constitue selon Roland Barthes le véhicule mystificateur d'une idéologie aliénante.
Néanmoins, l'état de nature ne relève-t-il pas aussi d'une certaine réalité ? Ne renvoie-t-il pas à une vérité qui consisterait à dire que les hommes sont condamnés à ne pas pouvoir vivre en harmonie, à ne jamais coexister pacifiquement mais de façon belliqueuse, et donc à se soumettre à l'existence de lois et de règles qui régissent la société dans laquelle ils vivent ?
[...] Dans l'état de nature, on ne peut donc pas concevoir l'idée d'un droit à la liberté puisqu'il n'y a aucune règle, aucune loi. On peut par conséquent définir positivement la liberté, mais malgré tout, on peut quand même parler de liberté naturelle, que l'on définit comme l'absence de relation(s) de domination entre les hommes. Or la particularité de l'homme est d'être un animal perfectible à savoir il va perfectionner ses facultés intellectuelles, pratiques et il va inévitablement passer de la condition d'un animal stupide et borné - c'est-à-dire limité à celle d'un être intelligent et d'un homme C'est pourquoi la question de la vie en société se pose nécessairement aux hommes puisque c'est par la coopération que l'homme peut accroître durablement son bien-être. [...]
[...] En revanche, en considérant l'état de nature comme un état anomique où règne la loi du plus fort on peut se demander si l'état de nature n'est-il que le reflet de la vérité et des sociétés modernes. En effet, face à l'hégémonie de l'individualisme et l'avènement de la concurrence permanente, du culte de la performance le pouvoir semble se concentrer dans les mains des plus forts dans les domaines politique, économique et culturel encore au XXIeme siècle (méritocratie en France, dictatures dans les régimes totalitaires, apogée du modèle capitaliste, etc.). Indications bibliographiques Ouvrages Philippe Choulet, Nature et culture. Luc Ferry, Jean-Didier Vincent, Qu'est-ce que l'homme ? Robert Legros, L'idée d'humanité. Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe. [...]
[...] L'Etat de nature n'est-il qu'un mythe ? Dès le Ive siècle avant J.-C., Aristote définit l'homme comme un animal politique c'est-à-dire un animal dont la nature est de vivre dans une société régie par des normes et des institutions régulatrices. En effet, la cité grecque est fondée d'une part sur une communauté culturelle et linguistique ; d'autre part, elle est encadrée par les lois et l'institution ; enfin, elle repose sur la coopération sociale, l'entente, la concorde, autrement dite sur la philia. [...]
[...] L'état de nature serait-il par conséquent un idéal fantaisiste de vie en communauté inaccessible à l'homme ? Conclusion Au total, l'état de nature, au sens de communisme primitif, reste tout un mythe dans la mesure où il incarne la quête d'un idéal de vie dépassé, archaïque, qui aujourd'hui ébranlerait la cohésion des sociétés, menacerait une paix durable entre les hommes et porterait atteinte aux libertés inaliénables de chacun. Cependant, l'état de nature, au sens que lui attribue Hobbes, n'est pas seulement un mythe dès lors qu'il révèle la nature belliqueuse et mauvaise de l'homme. [...]
[...] Autrement dit, les hommes passent un contrat qui fonde l'élaboration d'une société politique. Par ailleurs, Spinoza rejoint la théorie de Hobbes selon laquelle l'état de nature révèle la nature belliqueuse et égoïste de l'homme. II. La conception positive de l'état de nature : la quête d'un idéal identifiable au mythe Bien que l'état de nature reflète la nature réelle de l'homme, l'homme peut-il faire abstraction de ses passions et de ses pulsions dans un état de nature harmonieux, présenté par certains comme un idéal à travers l'utopie notamment. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture