Expliquez le texte suivant :
« C'est par la société qu'il¹ est capable de suppléer à ses déficiences, de s'élever à l'égalité avec ses compagnons de création et même d'acquérir sur eux la supériorité. La société compense toutes ses infirmités ; bien que, dans ce nouvel état, ses besoins se multiplient à tout moment, ses capacités sont pourtant encore augmentées et le laissent, à tous égards, plus satisfait et plus heureux qu'il ne lui serait jamais possible de le devenir dans son état de sauvagerie et de solitude. Quand chaque individu travaille isolément et seulement pour lui-même, ses forces sont trop faibles pour exécuter une œuvre importante ; comme il emploie son labeur à subvenir à toutes ses différentes nécessités, il n'atteint jamais à la perfection dans aucun art particulier ; comme ses forces et ses succès ne demeurent pas toujours égaux à eux-mêmes, le moindre échec sur l'un ou l'autre de ces points s'accompagne nécessairement d'une catastrophe inévitable et de malheur. La société fournit un remède à ces trois² désavantages. L'union des forces accroît notre pouvoir ; la division des tâches accroît notre capacité ; l'aide mutuelle fait que nous sommes moins exposés au sort et aux accidents. C'est ce supplément de force, de capacité et de sécurité qui fait l'avantage de la société. »
David Hume (1711-1776)
[...] La pensée d'Aristote reprise par Marx puis partagée par Hum dans son texte n'est donc plus à démontrer : un homme seul ne pourrait se suffire à lui- même. En plus d'être source de nouveaux besoins et moyen de compensation des plus élémentaires, la société est surtout le milieu humain par excellence, où l'individu trouve son statut d'homme, s'épanouit et développe ses capacités physiques mais également morales et humaines au contact de ses semblables. Hume sous-entend donc que si la société arrache l'être humain à son état naturel dit de sauvagerie et de solitude c'est pour mieux effectuer le passage de l'homme de la nature à la culture en l'introduisant dans une communauté d'hommes égaux à lui avec lequel il fera l'apprentissage de la vie. [...]
[...] Cette union fait la force et augmente les capacités de chacun par la répartition du travail. Ainsi, chacun a la possibilité de s'adonner à des activités extérieures à son travail qui lui révèleront peut-être un talent insoupçonné. De plus, dans la communauté, chacun peut compter sur le secours d'autrui en cas de difficulté, la société étant le milieu le plus favorable à l'épanouissement des qualités humaines et morales. Ceci réduit donc les échecs car l'aide mutuelle fait que nous sommes moins exposés aux sorts et aux accidents Ainsi l'auteur conclut-il en définissant l'avantage qu'à la société sur l'état de nature ou plutôt de sauvagerie et de solitude de l'homme. [...]
[...] Travaillant seul, l'homme n'est pas non plus infaillible et ne peut assurer la réussite systématique de ses projets. Ses échecs, eux, se soldent systématiquement d' une catastrophe inévitable et de malheur Les trois dernières phrases du texte démontrent ce que la société est susceptible d'apporter à l'homme pour combler les déficiences qu'entraîne son état originel de solitude. Selon l'auteur, elle remédie aux trois désavantages de l'état naturel grâce à un seul moyen résidant dans le fait que la société inclut la vie et le partage entre un groupe d'individus. [...]
[...] La société permet à l'homme de s'estimer en tant qu'homme et d'assurer ce statut. En effet, l'un des premiers arguments de Hume va être que le contact permanent avec de sa communauté amène l'homme à se situer par rapport aux autres, d'abord en se plaçant au même niveau qu'eux, puis, après avoir découvert l'égalité de tous vis-à-vis des droits naturels, en s'octroyant sur eux une sorte de supériorité. Pour l'auteur, la société contribue ainsi à ce que l'homme puisse s'élever à l'égalité avec ses compagnons de création et même d'acquérir sur eux la supériorité L'expression ses compagnons de création pourrait ainsi être pour l'auteur une référence aux droits naturels et imprescriptibles acquis dès la naissance. [...]
[...] On supposerait donc une égalité des droits et de la liberté de chacun dès la création même de l'individu. C'est en prenant conscience de ceci que l'homme va être animé d'un désir de pouvoir et de domination sur autrui. Cependant, le terme création pourrait également évoquer l'idée de répartition du travail dans la société, entre les hommes. L'auteur poursuit ensuite l'idée d'une société compensatrice des besoins de l'homme. Selon Hume, en plus de remédier à ses infirmités la société créerait de nouveaux besoins à l'homme et accroîtrait ses capacités, le rendant ainsi plus heureux qu'il n'aurait pu l'être en demeurant éternellement dans son état de nature : la société compense toutes ses infirmités ; bien que, dans ce nouvel état, ses besoins se multiplient à tout moment, ses capacités sont pourtant encore augmentées et le laissent, à tous égards, plus satisfait et plus heureux qu'il ne lui serait jamais possible de le devenir dans son état de sauvagerie et de solitude. [...]
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