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Dissertation de sciences politiques.
Sujet : L'Etat est-il le garant de la liberté ?
6 pages
« Tandis que l'Etat existe, pas de liberté ; quand régnera la liberté, il n'y aura plus d'Etat. » Lénine a sur le sujet des relations entre Etat et liberté un avis radicalement tranché. Il est vrai que les définitions des deux notions peuvent paraître s'exclure l'une l'autre puisque par Etat, nous entendons un « système de domination caractérisé par la formation d'institutions politiques distinctes de la société, dotées de la personnalité morale et des moyens d'exercice de la souveraineté sur un territoire et sa population » et par liberté, un « principe philosophique et moral selon lequel l'être humain dispose de sa propre personne sans subir de contrainte extérieure ». Pourtant, la notion de liberté est présente dans la plupart des textes fondamentaux des Etats démocratiques. En effet, elle fait partie de la devise française « Liberté, égalité, fraternité ». Elle apparait également dans la première phrase énoncée dans la Constitution américaine de 1789 et est reprise plus particulièrement dans l'article 1. De même, les libertés individuelles sont énoncées dans l'article 2 de la Loi Fondamentale allemande de 1949.
La relation entre Etat et liberté n'est donc pas aussi manichéenne que le dit Lénine. Dans ce contexte, l'Etat, dans toutes les formes qu'il peut prendre, a-t-il comme fonction de protéger la liberté des individus ?
Nous verrons tout d'abord comment l'Etat, en tant qu'ensemble monopolistique ne garantit pas la liberté avant de voir en quoi, lorsqu'il revêt la forme de la démocratie, il peut endosser le rôle de dépositaire des libertés.
[...] Il souligne l'importance de la représentation et voit dans les « corps intermédiaires » des garants de la liberté. Ceux-ci recouvrent un ensemble d'recouvrent un ensemble d'éléments divers comprenant notamment les ordres, les collectivités territoriales, les parlements, les cours Ils constituent des souverainetés limitées, des contre-pouvoirs qui se placent entre les individus et l'Etat et protègent les premiers d'un abus de pouvoir. Deux courants politiques se sont ainsi inspirés de l'idée de la démocratie pensée par les Lumières et ont vu dans cette démocratie le moyen de garantir la liberté, alors même qu'ils s'opposent sur la façon dont elle la garantit : ce sont les courants libéral et socialiste. [...]
[...] Dans la conception hobbesienne, il est né de l'échange de la liberté des individus contre la sécurité, ce qui concorde avec la thèse de Elias selon laquelle l'Etat se construit par l'assujettissement progressive des individus à une même entité centralisée. La coercition et la civilisation des mœurs sont les faces de la domination exercée par les gouvernants. De même, Hayek dénonce la tendance au totalitarisme de tout interventionnisme étatique qui, en voulant régir le domaine économique, intrinsèquement lié aux autres activités, contrôle les moyens de tout autre dessein et ainsi, domine l'ensemble des domaines de la vie des individus. Mais l'idée de la démocratie remet en question cette absence de compatibilité entre Etat et liberté. [...]
[...] Et la protection de ces libertés, si elles impliquent un interventionnisme étatique minimal, nécessitent aussi la garantie fondamentale de la liberté politique. Dans leur conception, seule la démocratie politique est conforme à leurs attentes. En effet, c'est un système politique qui fait sa place aux libertés d'expression dans un cadre pluraliste, c'est-à-dire concurrentiel. Le socialisme démocratique reconnait pleinement la nécessité des libertés individuelles, à la fois comme fin en soi et comme condition d'exercice de droits politiques authentiques. Néanmoins, la rupture avec le libéralisme se trouve dans leur mise en œuvre. [...]
[...] C'est le phénomène de socialisation des mœurs. Mais cette pacification de la société ne sous-entend pas pour autant un regain de liberté pour les assujettis. C'est une forme détournée de l'assujettissement. Ainsi, il apparaît que la liberté des gouvernés dépend ici uniquement de la volonté du ou des gouvernants. Elle n'est pas protégée par l'Etat, au contraire, elle est soustraite aux gouvernés par lui. Ceci rappelle la thèse de Hobbes. Il décrit le passage de l'état de nature à la formation de l'Etat, qu'il rapproche de la figure biblique du Léviathan, pour souligner son caractère gigantesque, tentaculaire et centralisé. [...]
[...] La monopolisation est à l'origine de l'Etat. Pour Norbert Elias, l'Etat nait d'une situation de guerres entre seigneurs. La compétition pour le contrôle des terres aboutit à l'éviction progressive des prétendants au pouvoir jusqu'à ce qu'un seul reste. Celui-ci exerce son autorité sur la terre qu'il a conquis et les individus qu'il a assujettis. Il obtient alors le monopole de la violence physique légitime et son autorité s'exprime de deux façons : il utilise la coercition pour forcer les gouvernés à se soumettre et entreprend un travail de légitimation et de socialisation pour obtenir le consentement des assujettis. [...]
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