"L'État est le plus froid de tous les monstres froids...Voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche : "moi, l'État, je suis le peuple" Nietzsche(Ainsi parlait Zarathoustra). Cette définition de l'État que donne Nietzsche est à nuancer car certes l'État n'est pas le peuple mais une personne morale qui ne peut se matérialiser mais qui peut néanmoins être envisagée comme la personnification de la nation. Carré de Malberg, juriste de la IIIe République écrira : "l'État est un être de droit en qui se résume abstraitement la collectivité nationale ou la personnification de cette dernière".
Entité abstraite déconnectée du peuple ou véritable représentant de la collectivité nationale il faudra se poser la question.
Suite à la chute du mur de Berlin, et à la fin de l'URSS, l'État s'est affirmé comme le modèle par excellence d'ordonnancement juridique et politique de la nation. Il s'est universalisé durant la seconde moitié du XXe siècle. Pour preuve, le nombre d'États membres des Nation-Unies est passé de 51 à la Conférence de San Francisco en 1946 à 192 en 2006. Néanmoins l'État n'a pas toujours existé et n'est pas le mode exclusif d'organisation d'une société. Ont précédé à l'État des "sociétés sans État" selon les termes de Pierre Clastres, sociétés dans lesquelles les individus ne veulent pas voir apparaître un rapport de commandement-obéissance. Dans ces sociétés l'absence d'État découle de la volonté de ne pas voir apparaître de pouvoir de coercition.
[...] «L'État est une abstraction; la réalité ce sont les gouvernants, c'est-à- dire les individus qui détiennent, dans un groupe donné, la puissance de contrainte matérielle» Duguit. De cette affirmation découlent des interrogations : quelles sont les caractéristiques de cet État abstrait ? Comment se traduit la souveraineté nationale et dans quelles mains repose-t-elle ? Les représentants de la nation ont- ils la légitimité à détenir ce que Max Weber appelle : monopole de la violence physique légitime»? On se bornera dans une première partie à expliciter les composantes de l'État. [...]
[...] Ce contrat résulte de la volonté des individus à l'état de nature de renoncer à une partie de leurs libertés. De cette aliénation naît l'État qui assure et restitue a posteriori les libertés individuelles des contractants. La théorie de l'institution mise en lumière par Maurice Hauriou (Droit constitutionnel, 1929) pense l'État comme le produit d'un «faisceau de volontés» (celles des individus) ,dirigé par un gouvernement et animé de la volonté de créer un certain «ordre social et politique». Qu'il soit le résultat d'un accord réciproque de tous les individus ou de la volonté d'une minorité (Cf les pères fondateurs américains), il doit être constitué d'éléments concrets. [...]
[...] C'est ce qu'il appelle logique d'exception». Ce qui met en place le pouvoir souverain exclut en parallèle des éléments de la vie nue» ceux qui forment un corps «biopolitique» (les individus). Le souverain, donc les gouvernants exposent de façon beaucoup plus directe le corps «bio politique» à sa violence. Le pouvoir souverain tend alors vers l'autoritarisme. La légitimité de la contrainte apparaît dans ces conditions très contrastée (contestable?). À l'heure actuelle, elle paraît encore nécessaire puisqu'on ne dispose pas d'un système alternatif. [...]
[...] C'est un groupement humain qui précède l'État et dans lequel les individus sont liés par des liens matériels et spirituels. La Nation est le terreau de naissance de l'État. Enfin, l'État est doté d'un gouvernement souverain, d'une «autorité politique exclusive»(Jean Gicquel , Droit constitutionnel et institutions politiques ).L'État est souverain tant sur son territoire que d'un point de vue extérieur avec les autres pays . Son autorité est incontestable, la souveraineté est indivisible, absolue et perpétuelle. (Jean Bodin, les six livres de la République). Une fois ces critères réunis apparaît un État en tant que personne morale. [...]
[...] En ceci Burdeau s'oppose au Doyen Duguit qui dans son Traité de droit constitutionnel réduit phénomène étatique»(Burdeau) aux «individus qui détiennent, dans un groupe donné, la puissance de contrainte matérielle».En effet au-delà des gouvernants se trouve un État qui survit aux représentants de la nation. De même, au-dessus de la volonté des gouvernants, il y a une autorité souveraine qui les désigne et le cas échéant pourrait les révoquer (vote et révolte La réalité de l'État n'est donc pas juste celle d'un groupe donné qui dispose du pouvoir de contrainte pour assurer le maintien de l'État. [...]
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