L'intervention de l'Etat face à la pauvreté est-elle réellement légitime ? De même comment aider les pauvres sans contraintes pour les autres groupes de population ? Ainsi, l'intervention de l'Etat parvient-elle à aider les pauvres ? Est-elle d'ailleurs réellement efficace ? L'avènement de la modernité assigne à l'Etat de nouveaux objectifs qui impliquent des devoirs envers les pauvres. Ces devoirs sont autant politiques, économiques que moraux. Cette revendication d'égalité (des conditions, des chances…) se heurte à des considérations d'efficience économique. Malgré tout, si le marché assure effectivement la meilleure allocation et création des richesses, l'Etat, pour assurer la paix et la sécurité des citoyens, conserve des devoirs envers les pauvres.
[...] L'Etat a-t-il des devoirs envers les pauvres ? Introduction Les devoirs de l'Etat face à la pauvreté dépendent étroitement de la conception que l'on a de l'Etat et des objectifs qu'on lui assigne. A cet égard, l'avènement de l'Etat moderne et la Déclaration des Droits de l'Homme introduisent une révolution dans la manière de penser l'Etat et par suite dans les devoirs qui lui incombe, notamment face à la pauvreté. L'Etat doit assurer l'égalité et la liberté des citoyens et non plus seulement leur sécurité. [...]
[...] L'Etat ne pense même plus à le prendre en charge et ce dernier est condamné à rester exclu. Sans sa révolte, le seul jeu du marché ne peut assurer sa survie. La dignité humaine inclut donc, contre tout raisonnement d'efficience économique, que l'Etat prenne conscience de sa situation et intervienne en sa faveur. Il faut donc considérer qu'il existe un principe moral de dignité supérieur au principe d'efficience économique et de création de richesse. Il faut accepter d'être moins riche pour sauvegarder la dignité de chaque homme. [...]
[...] Le devoir ne s'étend alors plus seulement au citoyen pauvre mais à tous les pauvres. L'aide aux pauvres ne passe pas simplement par l'Etat et ne se déploie pas qu'à l'intérieur de l'Etat, preuve que cette finalité morale, supérieure au concept de souveraineté, est partagée par l'ensemble de la société. Mais l'intervention de l'Etat au niveau interne est également tactique : les pauvres déstabilisent l'Etat car ils sont la preuve de l'échec d'un système sur lequel il est fondé. L'Etat doit donc aider les pauvres car ils sont hommes et car ils sont une menace potentielle pour sa légitimité. [...]
[...] On retrouve ici une conception de la justice proche de la théorie de justice distributive de Rawls qui veut que l'égalité des chances soit assurée au départ mais qui concède par la suite que les inégalités sur le marché soient acceptées pour une plus grande efficacité économique (et donc une plus grande création de richesses). D'un point de vue moral également, la conception de l'Etat moderne inclut une notion de dignité de l'homme. Or, en déniant toute valeur au marché, Hayek enlève toute notion de mérite aux riches. Inversement alors, les pauvres ne méritent pas d'être pauvres. Pourtant, leur situation peut aller jusqu'à les exclure de la société. Pour preuve, ne parle-t-on pas d'exclus aujourd'hui pour qualifier les plus pauvres d'entre nous ? [...]
[...] Il faut en fait montrer que l'Etat a des devoirs envers les pauvres sur un double plan. Sur un plan moral, l'Etat moderne accorde la même dignité à tout homme en assurant l'égalité et la liberté (Déclaration des Droits de l'Homme). Cette affirmation de la dignité humaine s'affirme sur un plan politique : pauvre ou riche, un homme est avant tout un citoyen qui, de ce simple fait, a accès aux mêmes droits politiques que les autres. Ainsi, l'Etat a des devoirs envers les pauvres, il doit les aider à ne pas rester pauvre et à se réinsérer dans la société, par le travail (aide économique aux pauvres : Déclaration des droits sociaux de 1946). [...]
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