Personne n'a jamais vu l'Etat, mais tout le monde parle de lui – souvent pour lui adresser des critiques-, et personne ne suspecte pourtant un délire de l'imagination collective. C'est donc que le concept a su se rendre concret auprès du peuple, et que celui-ci pense s'en faire une représentation correcte au travers des organes qui lui délivrent ses services. La définition de l'Etat le désigne pourtant comme quelque chose d'abstrait – on pourrait être tenté à sa lecture d'en faire un « monstre froid » (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)-, dont on n'éprouve de réalité qu'intelligible.
En effet, l'Etat peut être défini comme une « forme d'institutionnalisation du pouvoir politique, autorité souveraine s'exerçant sur l'ensemble d'un peuple dans les limites d'un territoire déterminé. » (Encyclopédie Encarta 2007). Son étymologie, du latin « status », nous indique qu'il est la structure qui « fait tenir debout », qui donne forme et corps à la société (L'Etat, selon Carl Schmitt, est le « statut par excellence » ; réf : La notion de politique).
En tant qu'il est avant tout un concept, il est défini par ses fonctions ; d'aucuns à l'image d'Hans Kelsen en font une entité inséparable du juridique – on pourrait ainsi affirmer qu'il est une entité juridique fonctionnelle.
Toutefois, le concept ne se laisse pas enfermer dans une essence qui en cristalliserait la réalité (la question de la réforme de l'Etat est d'actualité en France): pour intangibles que soient certains éléments de l'Etat, la mondialisation, la libéralisation du commerce, l'évolution de la culture et l'affirmation d'identités nationales dans certains pays bouleversent les structures étatiques, qu'elles modifient celles existantes ou en mettent en place de nouvelles. Le concept apparaît donc être à géométrie variable.
Une fois ces changements perçus, nous sommes naturellement amenés à nous demander quel est le rôle d'un Etat aujourd'hui, quelles sont désormais les fonctions qu'il doit assumer afin de jouer pleinement son rôle. Le problème de savoir ce qu'est exactement un Etat rejoint celui de déterminer où l'Etat s'arrête.
D'où l'interrogation : quelle réalité recouvre aujourd'hui le concept d'Etat ?
[...] L'Etat moderne sécularisé- ne fait toutefois son apparition qu'au XVIIe siècle, tandis que l'idée d'Etat-nation trouve sa source dans les conquêtes napoléoniennes du début du XIXe siècle. Attributs et objets de la puissance étatique Si la France est un Etat (société politiquement organisée), il existe également un Etat en France (pouvoir s'exerçant au sein de cette société). Cette remarque met en évidence les dimensions extérieure et intérieure de l'Etat. -dimension extérieure : L'Etat est l'organe de représentation d'une population à l'extérieur. [...]
[...] (Georges Burdeau). Il faudrait, pour former un Etat à l'intérieur duquel la notion de volonté générale puisse avoir un sens, avoir une langue, ou une histoire, ou une religion en commun. De fait, l'explosion du nombre d'Etats dans le monde ces dernières années est révélatrice de la montée des aspirations nationales- et parfois mêmes nationalistes. L'Etat est désormais le cadre privilégié de l'expression du patriotisme ; il est l'acteur de certains bouleversements géopolitiques. -La question de la souveraineté est mise à l'épreuve par l'édification d'organisations supra-étatiques. [...]
[...] Ou encore, formulé avec les mots de Philippe Braud : L'Etat doit-il demeurer simple régulateur garant de l'ordre et de la sécurité ou bien doit- il protéger les plus faibles et se faire instrument de justice ? On ne saurait ignorer à ce sujet la contribution de Friedrich Hayek. Contrairement à une idée largement répandue, Hayek ne prône pas l'effacement de l'Etat ; bien au contraire, il est partisan d'un Etat fort - mais limité. Le rôle de celui-ci, selon lui, consiste à fournir les biens et les services collectifs ; en un mot, il assure les fonctions régaliennes. [...]
[...] Je m'en vais, mais l'État demeurera toujours. disait déjà Louis XIV. Afin de manifester son autorité dans le cadre de la contrainte physique légitime, l'Etat dispose de trois pouvoirs, ainsi que l'indique Montesquieu, qui sont les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Présents dans tous les Etats, ces pouvoirs sont plus ou moins mêlés selon les régimes. II] Une structure aux fonctions en perpétuel renouvellement Le problème de la dé-finition de l'Etat On pourrait dire avec Mussolini, en guise de boutade et pour montrer l'enjeu de la délimitation de la sphère d'activité de l'Etat : Tout dans l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État. [...]
[...] Qu'est-ce qu'un Etat? Personne n'a jamais vu l'Etat, mais tout le monde parle de lui souvent pour lui adresser des critiques-, et personne ne suspecte pourtant un délire de l'imagination collective. C'est donc que le concept a su se rendre concret auprès du peuple, et que celui-ci pense s'en faire une représentation correcte au travers des organes qui lui délivrent ses services. La définition de l'Etat le désigne pourtant comme quelque chose d'abstrait on pourrait être tenté à sa lecture d'en faire un monstre froid (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)-, dont on n'éprouve de réalité qu'intelligible. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture