Les rapports entre égalité et peur sont très étroits: elles se justifient l'une l'autre. Alors que la peur caractérise la pensée de Hobbes, la notion d'égalité témoigne de sa modernité et marque une rupture avec les conceptions antiques et médiévales de l'homme et de la société. En quoi la peur est-elle présente à tous les niveaux de la théorie politique hobbienne et quel est à chaque fois son rapport avec l'égalité ?
[...] et qu'elle peut également en sonner le glas, lorsqu'elle refait surface. Présente à tous les niveaux, la peur est à la fois le premier moteur du modèle politique de Hobbes et sa cause téléologique. La peur joue donc chez Hobbes le rôle de leitmotiv obsédant que peuvent jouer chez Nietzsche l'éternel retour ou chez Kant l'impératif catégorique. BIbliographie HOBBES Thomas, Les éléments du droit naturel et politique, trad. Louis Roux, éd. L'Hermès, Lyon HOBBES Thomas, Du citoyen, principes fondamentaux de la philosophie de l'Etat, trad. S. [...]
[...] En effet, la peur joue un rôle crucial à tous les niveaux dans la théorie politique de Hobbes. Que ce philosophe n'ait eu qu'une passion, la peur ou que celle-ci soit simplement déduite d'une analyse psychologique pessimiste et cynique, il est possible d'affirmer qu'elle constitue la condition de validité du modèle. La peur est pour Hobbes une passion politique en ce sens qu'elle est le paradigme fondamental à partir duquel il peut construire non seulement l'état de nature mais aussi l'évolution vers l'ordre social. [...]
[...] Cependant Hobbes va encore plus loin que le secrétaire florentin. En effet, Machiavel avait introduit l'adoption du point de vue de l'agent politique lui même, à savoir le Prince que les conseils machiavéliens devaient guider dans sa recherche du pouvoir. Hobbes systématise alors l'individualisation de la perspective : au delà du prince ce sont tous les hommes qui sont guidés par leur ambition. Or, cette systématisation suppose une certaine égalité, si ce n'est une similitude entre les agents. Hobbes, dont la rigueur d'analyse ne pourrait se voir opposer qu'une critique de hobbso-centrisme ou de hobbso-morphisme considère que cette similitude découle du fait que les hommes partagent les mêmes passions. [...]
[...] Plus que la notion classique d'égalité, il faut comprendre par là une absence d'inégalité absolue. La guerre de tous contre tous En l'état de nature, l'homme se révèle être selon la formule célèbre un loup pour l'homme La concurrence des passions, la méfiance due à une égalité de fait participent tout d'abord à cet opposition perpétuelle. Cependant trois causes principales de querelles, toutes marquées du sceau de la peur sont responsables de cette situation naturelle. Ces trois causes découlent de la nature humaine : elles sont la rivalité, la méfiance et la fierté. [...]
[...] Chez les anciens, le droit naturel recouvre les devoirs de l'homme en tant qu'homme, ce à quoi nous oblige notre nature d'homme. Les lois naturelles, non écrites (l'exemple classique de la tirade d'Antigone à Créon) sont intangibles et n'ont pas à être modifiées. En revanche, le droit naturel chez la plupart des modernes n'est pas seulement une obligation mais une possibilité. Or c'est cette conception des possibilités que l'homme a en tant qu'homme, indépendamment de tout ordre social que Hobbes pousse à son extrême. [...]
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