Idée républicaine, politique, droite, gaullisme, libéralisme giscardien
Quiconque retrace l'histoire de l'idée républicaine en France ne peut manquer d'être frappé par ce paradoxe : ce sont ses pires ennemis – les droites légitimiste, orléaniste et bonapartiste selon la typologie de René Rémond – qui ont amorcé son implantation et stabilisé ses institutions. En affirmant le 13 février 1850 que "la République est le gouvernement qui nous divise le moins", Adolphe Thiers semble ouvrir une brèche dans laquelle les droites auront définitivement basculé trois décennies plus tard. Car pour les droites de l'époque, l'idée républicaine n'affirme rien d'autre que la destruction de ce qui a été, la négation de l'histoire. Elle laisse donc ouverte la question du régime et de la forme des institutions. Si les droites sous-estiment l'idée de République au point de penser qu'elle peut être un simple régime de transition, c'est peut-être parce qu'elle est celle d'un État qui n'est pas incarné.
[...] En 1995, le candidat de la droite gaulliste Jacques Chirac peut ainsi faire campagne sur les thèmes de la fracture sociale et de la restauration du pacte républicain. Conclusion : Au XIXe siècle, l'idée de République, la question de la forme du régime donc, fonde le clivage gauche-droite. Sous la Troisième République cependant, à mesure que le régime s'installe et que l'idée républicaine acquiert la force de l'évidence, les droites sont contraintes à des recompositions. Si la droite radicale redevient vivace au début du XXe siècle à travers les ligues, c'est d'abord parce que la République a déçu, mais le cadre républicain est globalement accepté. [...]
[...] De façon très commode, l'idée républicaine ne soutient aucun prétendant au pouvoir plutôt qu'un autre. À ce titre, elle laisse à chacun ses espérances : retour à l'Ancien régime pour la droite légitimiste, monarchie à l'Anglaise pour les orléanistes, régime autoritaire et plébiscitaire pour le camp bonapartiste. Les droites n'ont donc pas vu la positivité de l'idée républicaine. Certes la Révolution a fait table rase du passé et laisse entière la question de la construction de l'ordre social et politique. [...]
[...] La gauche mitterrandienne ne s'y trompe pas et place au centre de ses campagnes de 1981 et de 1988 les thèmes de l'âge d'or du républicanisme : la ruralité, l'école qui s'émancipe, les grands principes fondateurs, etc. Les droites ne sont donc pas les seules à participer à ce retour à l'idée républicaine, elles sont même prises dans une forme de compétition avec la gauche. La disparition de la croissance économique conduit au relatif déclin des cultures politiques gaullistes et orléanistes libérales. Puiser dans la culture républicaine permet alors aux droites de mettre en avant un État protecteur, garant de l'intérêt général et de la cohésion sociale. [...]
[...] Malgré le démenti qui leur est opposé lors de la révolution de février 1848, ils combattent farouchement les républicains sur le terrain électoral et parlementaire si bien qu'ils retrouvent le pouvoir un an plus tard. La droite bonapartiste enfin, a le corps doctrinaire le moins clair et l'opposition la moins franche aux principes du républicanisme. Le bonapartisme associe en quelque sorte l'héritage de la Révolution et celui de la contre-révolution. Il n'en mène pas moins une guerre féroce au parti républicain. II à 1945 – L'installation durable de l'idée républicaine oblige les droites à des recompositions A. [...]
[...] Les droites se montrent incapables d'enrayer la progression de l'idée républicaine Entre 1870 et 1880, les droites sont contraintes d'entrer en république. En effet, elles sont chacune porteuses de projets de restauration, mais ces projets ne peuvent voir le jour que si des institutions provisoires – républicaines – sont consolidées. Elles votent ainsi le septennat présidentiel en 1873. Les droites, bien qu'au pouvoir au début de la décennie 1870, sont donc prises dans une mécanique infernale puisqu'elles jettent elle-même les bases des institutions de la Troisième République tandis que le parti républicain multiplie les succès électoraux. [...]
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