« Le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi ». Dans les Fondements de la Métaphysique des mœurs, en effet, qu'elles expriment la relation nécessaire entre causes et effets dans la nature ou qu'elles ordonnent les sociétés, les lois s'imposent aux hommes. Dans le premier cas, il s'agit d'une véritable contrainte que l'homme qui ne tolère pas d'exception, mais dans le second, la loi humaine oblige simplement le citoyen et peut être transgressée.
Kant souligne que tout bon citoyen respecter ces règles établies par les pouvoirs politiques, prescrivant les droits et les devoirs des citoyens, leurs intérêts et leurs rapports entre eux, autant que les lois naturelles auxquelles il n'est pas en mesure de déroger. S'imposant à tous sous peine de sanctions, les lois positives ont le pouvoir d'encadrer nos actions grâce à la puissance exécutive. Elles sont dotées d'autorité, et tout individu rationnel sent bien que transgresser la loi, c'est-à-dire ne pas respecter les obligations qu'elle pose, c'est mettre en danger le bon fonctionnement de la société.
[...] Or Saint-Thomas-d'Aquin, rapportant un verset du livre de la Sagesse selon lequel les pensées des hommes sont timides, et leurs prévisions incertaines en déduit qu'« il n'est pas légitime de demander aux lois humaines une infaillibilité que requièrent seulement les démonstrations scientifiques (Somme théologique, art Cette faillibilité des lois positives s'exprime, pour St Thomas, lorsqu'elles émanent d'un supérieur en vue de son intérêt ou de sa gloire personnelle, substituées au bien public du bien commun ou qu'elles excèdent l'autorité du législateur. Ainsi, parce que l'homme a un goût prononcé pour l'argent et le pouvoir, la loi concourt au bien de ceux qui gouvernent dans certaines sociétés aristocratiques, les abreuvant de privilèges, tandis que le peuple croule sous les impôts. On peut dans ce cas soutenir que la loi est injuste, donc qu'elle va à l'encontre du bien commun. Au-delà du caractère inique de certaines lois, certains vont même jusqu'à les considérer illégitimes. [...]
[...] Dès lors, lui obéir est un devoir, en tant qu'être social et rationnel En effet, comment l'individu pourrait-il transgresser la loi sans mettre en péril sa sécurité et la pérennité de la société ? Car si tous ses concitoyens en font de même, c'est le retour à l'état de nature qui se profile. Dès lors, la maxime de son action n'est pas universalisable sans conséquences désastreuses pour la société entière. Dans ce cas, Kant affirme dans Critique de la raison pure que c'est le devoir moral de tout individu rationnel et autonome de renoncer à l'action qu'il envisageait. [...]
[...] Dans bien des cas, les droits fondamentaux proclamés par les révolutionnaires sont intégrés dans les valeurs et les convictions de la Loi morale et acquièrent dans ce cas force de devoir pour guider de nombreuses actions. D'ailleurs, en proclamant les droits naturels inaliénables de chaque homme, c'est bien une véritable foi qu'exprimaient les révolutionnaires en 1789, foi qui devait guider les actes des hommes, comme l'affirmait Jefferson : La rébellion contre les tyrans est obéissance à Dieu Cette force des droits fondamentaux se trouve souvent appuyée par d'autres valeurs. [...]
[...] A l'égard de soi même, l'homme ne doit donc pas vouloir transgresser la loi, mais également à l'égard de la société. En effet, la loi est le produit d'un contrat dont on ne peut pas en sortir. Si pourtant un individu sort du contrat en transgressant la loi, il se place en retrait de la société tout entière, et les membres de cette dernière peuvent le considérer comme une menace extérieure et le traiter comme tel. Si l'on poussait jusqu'au bout la logique du contrat social, le pacte étant violé, chacun rentrerait dans ses premiers droits, reprenant sa liberté naturelle en perdant sa liberté conventionnelle. [...]
[...] Par conséquent, en tant que sujets rationnels, les citoyens ont le devoir de déclarer en toute honnêteté le montant de leurs revenus, de télécharger de la musique en toute légalité, bref, d'obéir à la loi. C'est ce qu'affirme le Code civil, dans son article 1er : Il existe un droit universel et immuable, source de toutes les lois positives. Il n'est que la raison naturelle en tant qu'elle gouverne tous les hommes. De même Saint Thomas écrit : La loi, c'est l'ordre de la raison pratique Que dire des infractions plus graves, à l'instar des crimes ? [...]
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