Devoir du politique, opinion publique, limites, satisfaction, bonheur de la société
La politique est l'art de bien faire fonctionner la cité. Les hommes politiques sont donc chargés de trouver les moyens de réfléchir aux actions nécessaires au bon fonctionnement de la société et à l'harmonie des citoyens entre eux. L'opinion publique est la volonté commune de ces citoyens, elle forme une même volonté qui ressort de la société, c'est la « doxa ». Elle est censée s'exprimer dans la société à travers les hommes politiques qui sont représentatifs des citoyens. Dans ce cas, le devoir politique serait effectivement de respecter la volonté des citoyens, donc de les satisfaire. Pourtant, si le respect de cette volonté était une évidence, il semblerait alors peu approprié de parler de « devoir du politique ». Y a-t-il vraiment un devoir du politique ? Et si tel est le cas, comment s'exprime-t-il ? De plus, en admettant que le politique a bien un devoir, celui-ci est-il forcément acquis et respecté ? Le politique pourrait en effet ne pas respecter ce devoir, il doit alors être surveillé. Or, si les politiques doivent donner satisfaction à l'opinion publique, qui est mieux placé que cette même opinion publique pour juger de son efficacité ? Cela pose problème car il semblerait que l'opinion publique ne soit pas toujours en mesure de décider de ce qui est en son intérêt. Mais les politiques sont-ils en mesure de le faire seuls ? On rencontre alors un certain paradoxe car la liberté, condition nécessaire au bonheur, serait alors restreinte pour notre bonheur, et il faudrait veiller à cette limitation de nos libertés, ce qui suppose un certain consentement des citoyens avec les politiques. Si le souverain-bien de l'Homme est le bonheur, peut-on alors vraiment prendre le risque de laisser les politiques décider de ce qui est bon pour la société au risque de ne pas donner satisfaction à l'opinion publique ?
[...] On peut alors penser que le devoir du politique est avant tout d'assurer la polémique, les échanges d'idées et le débat. On comprend alors qu'il y a forcément conflit et opposition. Comment pourrait-on donc satisfaire l'opinion publique, donc une volonté commune, si le politique entraîne la polémique, qui suppose des opinions diverses et des divergences ? Il y a là un paradoxe dans le fait de satisfaire l'opinion publique et d'assurer le débat. Il faudrait dans ce cas restreindre la notion d'opinion publique. [...]
[...] Le politique ne doit donc pas satisfaire des désirs de l'opinion publique mais plutôt tendre vers cette satisfaction et mettre en œuvre tous les moyens possibles. Il n'y a pas à « donner satisfaction » mais plutôt à prendre en compte les demandes et essayer d'y répondre dans la mesure du possible. On peut donc dire que cette satisfaction est un objectif. Ainsi le devoir du politique serait d'assurer une harmonie dans la cohabitation des citoyens tout en essayant de satisfaire l'opinion publique et ses désirs divergents. [...]
[...] Rien ne prouve que si on les laisse décider de l'intérêt général, ils ne cherchent pas en fait uniquement le pouvoir comme une fin, selon la théorie de Machiavel. De plus, peut-on laisser décider de l'intérêt général des politiques, en considérant la politique comme une séduction par le langage ? Ne serait-ce pas alors confier aux politiques le devoir de tromper l'opinion publique ? Pourtant, le rôle du politique est bien primordial et on a vu que l'opinion publique n'est pas capable de faire les meilleurs choix et n'est pas investi dans le bonheur de la société. [...]
[...] Or ces deux notions sont-elles compatibles ? En effet, satisfaire l'opinion publique est-ce forcément développer les conditions nécessaires au fait de bien vivre ensemble ? En d'autres termes, l'opinion publique sait-elle ce qui est bon pour elle-même ? Il semblerait en effet que les hommes ne soient pas toujours le plus capables de décider ce qui est bon pour eux, d'autant plus ne matière de politique. Dans sa définition même, l'opinion publique est la doxa, l'opinion commune. Elle représente une majorité, donc elle est constituée de citoyens « de base », qui n'ont pas forcément de qualifications politiques. [...]
[...] En effet, si le devoir du politique est de satisfaire l'opinion publique, il doit alors trier ces désirs car certains ne sont pas raisonnables. Il y a des limites à imposer à cette satisfaction car l'homme est déraisonnable, ce qu'il exige n'est donc pas forcément bon pour lui, il n'est pas toujours juste envers lui-même. Selon Epicure, il y a des désirs nécessaires et naturels, des désirs naturels et des désirs vains. Il s'agirait alors de savoir quels sont les désirs vains de l'opinion publique pour ne pas les satisfaire. [...]
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