Démocratisation de la culture, rôle de l'État en matière culturelle, Kant, ordonnance de Villers-Cotterêts, décret du 27 janvier 1794, Ernest Lavisse, Victor Hugo, Révolution française, ministère de la Culture, UNESCO, Constitution de 1946, décret du 24 juillet 1959, décret du 10 mai 1982, Jean Clair
Dans "La réforme intellectuelle et morale" (1872), Ernest Renan s'interroge sur les causes de la défaite de 1870. L'ouvrage est décomposé en deux parties : "le mal" et "les remèdes". "Dans la lutte qui vient de finir, l'infériorité de la France a été surtout intellectuelle ; ce qui nous a manqué, ce n'est pas le coeur, c'est la tête". La conséquence qu'en tire Renan, c'est que les arts, les lettres et les sciences sont une chose d'État. Il appartient donc à l'État d'encourager la démocratisation de la culture et sa diffusion.
En effet, la démocratisation de la culture est au coeur de l'idée moderne, pour deux raisons : être libre suppose d'abord un minimum de connaissances pour pouvoir faire usage de sa raison (voir Kant, Qu'est-ce que les Lumières ?) et une culture commune est la condition d'une société forte et unie. La culture est ici comprise au sens philosophique humaniste (la culture de l'honnête homme) et non au sens sociologique. Démocratiser, c'est rendre accessible au plus grand nombre, et a priori cette démocratisation est une réussite : on pense au succès rencontré par les Journées du Patrimoine, à la ferveur des Parisiens pour les "nuits blanches" organisées par les musées et la multiplication des théâtres.
[...] La proportion de lecteurs augmente, mais quelles lectures ? Il y a un succès croissant des livres de cuisine et de jardinage. Roméo et Juliette en SMS : « A Midsummer Night #Nofilter », « YOLO Juliet », les auteurs Courtney Carbone et Brett Wright poussent à l'extrême cette démarche de démocratisation en réécrivant quatre pièces de Shakespeare par le biais d'échanges de textos (incluant des émoticônes). La classe moyenne tend à augmenter, et la fréquentation de la culture est désormais moins liée à un choix qui transcende les clivages sociaux qu'à la nature des transformations géographiques. [...]
[...] Ces succès sont liés à l'action offensive de l'État ainsi qu'à la révolution culturelle du temps libre. On se souvient du titre de l'ouvrage de Joffre Dumazedier en 1962, Vers une civilisation du loisir ? Le machinisme a accentué le déséquilibre entre le loisir qui devient maintenant une « valeur », et le travail qui n'a pas été valorisé dans les mêmes proportions. Cela se traduit par les lois sur les congés payés de 1936, l'évolution de la durée hebdomadaire du travail, les quarante heures du Front populaire, les 39 heures du gouvernement socialiste de 1981, les 35 heures actuelles voire les revendications de 32 heures. [...]
[...] L'auteur déplore par ailleurs l'oubli de la signification religieuse et préesthétique des œuvres anciennes, il dénonce le principe démocratique à l'œuvre dans « l'obligation faite au musée de devoir accueillir tout le monde » et la consécration de toutes les cultures. Il s'insurge contre l'emprise croissante du marché sur la culture, qualifiant au passage les Temps modernes de dernier moment d'un « déclin » entamé à la fin du 18e siècle. Ce déclin se manifesterait dans un glissement de la culture vers le culturel et s'incarnerait dans le remplacement d'un lien vertical, par la circulation verticale de l'âge démocratique : « le culturel disperse, éparpille, dégrade, disqualifie, il nous fait redescendre dans le nombre ». [...]
[...] Surtout, un budget important avoisinant les du budget de l'État, ce qui est symboliquement important dans la période de la rigueur de 1983. Le président de la République a manifesté lui-même un grand investissement à travers une manie bâtisseuse ayant conduit à le surnommer « Tonton- Khâmon ». En 1982, Mitterrand établit un projet annonçant des travaux d'urbanisme au Louvre et à la Défense, sans en référer aux ministères concernés. Lors de l'interview du 14 juillet 1988, Mitterrand annonce directement la création d'une très grande bibliothèque à Paris, et les administrateurs du ministère de la Culture l'apprennent en regardant l'allocution télévisée. [...]
[...] Voir aussi l'incendie de la Cour des comptes et l'incendie du palais des Tuileries par les communards en 1871, qui firent brûler l'édifice pendant trois jours. Victor Hugo va fortement agir sur cette question, avec un texte intitulé « Halte aux démolitions » (1832) dans lequel Hugo a cette formule : « Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde. C'est donc dépasser son droit que de le détruire ». [...]
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