élections, Démocratie, souveraineté du peuple, suffrage censitaire, méthodes de fraude, fausses inscriptions sur les listes électorales, vote des morts
Préciser tout d'abord que le terme démocratie n'a pas à la fin du dix-neuvième siècle tout à fait le même sens qu'aujourd'hui. Pour nous, le gouvernement est démocratique lorsqu'il est issu de la volonté de l'ensemble des citoyens et des citoyennes, tel qu'elle se manifeste lors d'élections libres et régulières.
Mais il existait (particulièrement en Grande-Bretagne) des gens qui se disaient démocrates (ou qui se félicitaient des progrès de la démocratie) sans être pour autant des défenseurs du suffrage universel. Par exemple le chancelier de l'Echiquier, puis premier ministre libéral Herbert Henry Asquith (1852-1928) qui voyait dans la démocratie « la substitution au monopole, de la liberté ; au gouvernement de l'extérieur et d'en haut, du gouvernement autonome par le consentement des intéressés eux-mêmes ».
[...] Trois grands groupes de presse se sont constitués, deux libéraux (Ullstein et Mosse) un conservateur. Dans tous les cas, cette grande presse n'affiche pas d'opinions politiques et ne prend pas vraiment parti lors des élections (mais il existe beaucoup de feuilles de partis) ; mais elle forme l'opinion. D'abord elle est quotidienne, la notion d'actualité acquiert de la consistance : jour après jour, événement après événement, le monde change, et on peut le faire changer. Ensuite comme elle est accessible à tous, et dit s'adresser à tous, elle est implicitement démocrate, ou du moins populiste : un exemple prit dans la Berliner Illustrirte Zeitung, en 1898, à propos des élections : un peuple entier allant aux urnes, la voix du dernier valet impécunieux valant celle du chancelier du Reich Les conséquences de la démocratisation. [...]
[...] Dans ce domaine-là, l'initiative est clairement britannique. À la suite de la réforme électorale de 1867, et face au développement de l'agitation en Irlande (menée par la Home rule league de Parnell) les conservateurs fondent d'abord une union nationale des Associations conservatrices et constitutionnelles, dont un bureau central (1870) assure la coordination. Disraeli a aussi pris l'initiative d'une curieuse Ligue de la primevère (Primrose league : une sorte d'association mixte, masculine et féminine, lieu de rencontre mondain entre aristocrates et petit-bourgeois conservateur). [...]
[...] Les critiques de la démocratie et du parlementarisme. Au tournant du siècle, un certain nombre d'intellectuels voient dans la démocratisation une menace pour la société et la civilisation. Ce n'est pas tout à fait une nouveauté (l'historien wigh Macaulay un demi-siècle plus tôt disait déjà que le suffrage universel était incompatible avec l'existence de la civilisation ) et il est clair que ces réflexes sont souvent ancrés dans la tradition contre-révolutionnaire encore très présente en Allemagne par exemple (un certain nombre de députés conservateurs, mais aussi le chancelier von Bülow parle, à propos de la loi sur les isoloirs destinés à assurer la liberté du vote, de loi des ch parce que c'est là où les électeurs iront faire leurs besoins Mais ces critiques sont en fait renouvelées par une réflexion qui apparaît comme neuve, scientifique, parce que se réclamant des nouvelles disciplines des sciences humaines, et de leurs valeurs d'objectivité. [...]
[...] Moins de vingt ans plus tard, en 1884-85 Gladstone par le Reform act aligne la franchise des comtés sur celle des bourgs ; il instaure aussi le scrutin majoritaire uninominal à un tour ; les circonscriptions sont découpées proportionnellement à la population (un siège pour h. environ). Ainsi, deux Britanniques mâles adultes sur trois ont désormais accès au suffrage. Mais la situation n'a pas changé ensuite : les plus pauvres, et les domestiques n'ont toujours pas le droit de vote en 1914. Les élections étaient-elles libres et équitables ? [...]
[...] Les pionniers de la science politique qui s'y intéressent sont d'abord un russe Mosei Ostrogorski (1854-1921) dans La démocratie et les partis politiques (1902, en anglais puis en français) qui traitent de la façon, dont l'organisation des partis (son champ d'études est la Grande-Bretagne et les États-Unis) secrète, des fonctions dirigeantes confiées à des professionnels de la politique (les boss aux États-Unis). Une analyse un peu comparable est menée peu après par l'italien Roberto Michels (Les partis politiques. Essai sur les tendances oligarchiques de la démocratie, 1911) qui se fonde sur une analyse de l'histoire des partis socialistes (lesquels sont pourtant particulièrement méfiants vis-à-vis du pouvoir personnel) et qui constate pourtant la permanence du personnel dirigeant, et les effets stérilisants de la discipline de vote pour la réflexion à l'intérieur du parti ? [...]
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