Conçue par les Grecs de l'Antiquité, la notion de démocratie a connu de profondes
évolutions, donnant lieu à des expériences politiques très différentes au cours des siècles et de
par le monde. Aussi, toute réflexion sur la démocratie doit-elle débuter par la définition du
concept. Au regard de son étymologie, le mot dérive de dêmos, « peuple », et de kratein,
« gouverner » et signifie donc communément le gouvernement du peuple, par le peuple et pour
le peuple pour reprendre les mots de Périclès (5e siècle av. J.C.). Dans son acception première,
ce mode d'organisation du pouvoir politique implique la liberté, l'égalité et le primat de la loi.
Sous cet éclairage, il convient d'étudier les rapports qu'entretiennent la démocratie et la morale
en tant qu'ensemble de règles et de principes selon lesquels l'individu dirige sa vie, sa
conduite, ses moeurs, considérée relativement au Bien et au Mal.
[...] Or, les notions de Bien et de Mal sont fortement liées à la croyance religieuse. Dès lors, en rejetant ces notions, c'est en quelque sorte tout le poids de l'emprise cléricale que la démocratie rejette. En effet, dans la première moitié du 20e siècle, les démocraties naissantes firent naître un réel espoir parmi les peuples, espoir que la voix de tous soit entendue par les autorités étatiques. Or, placée à leurs côtés, une croyance religieuse instaurée depuis près de vingt siècles pouvait assurément paraître désuète et il put donc apparaître nécessaire de les en détacher totalement, comme ce fut le cas à la fin du Moyen Age. [...]
[...] En effet, la plupart des auteurs s'accordent pour laisser une place à la morale dans les problèmes politiques. Ainsi par exemple, Epictète, philosophe grec né au premier siècle après J.C. écrivait : Où est le bien ? Dans la volonté. Où est le mal ? Dans la volonté. Et ce qui n'est ni bien ni mal ? Dans ce qui ne dépend pas de la volonté Or de toute évidence, le régime politique d'un peuple dépend de la volonté, certes plus ou moins partagée, des citoyens. [...]
[...] La démocratie est dite être le pire des régimes, à l'exception de tous les autres (Winston Churchill, 20e siècle). Cependant, il importe de noter que ce qui fait croire à l'Homme que la fusion des volontés vaut mieux que la volonté d'un seul, c'est justement l'espoir que cette fusion de volontés soit plus représentative, fasse ressortir plus nettement les sentiments profonds du peuple. Dès lors, c'est bien dans le souci de s'assurer la conformité aux positions morales dominantes que l'Homme a conçu la démocratie. [...]
[...] Enfin, dans la pensée même de Nicolas Berdiaev, l'idée selon laquelle la démocratie est indifférente au Bien et au Mal se comprend difficilement. En effet, l'auteur étudié idéalisait un système social chrétien plutôt qu'un système théorique. Dès lors il semblait bien souhaiter que le système social prenne en compte les notions de Bien et de Mal. Il faut donc s'intéresser plus profondément au sens de cette réflexion dans l'ensemble plus vaste d'une pensée imprégnée de religion avant d'apprécier l'idée en elle-même (II). [...]
[...] Par exemple, pour Mordecaï Roshwald, historien israélien (20e siècle), il en est ainsi du libre arbitre : l'Alliance entre Dieu et les Hébreux est proposée aux Hommes : ils ont la faculté de la refuser, la souveraineté du peuple est établie. De plus, l'absence ici déplorée de lien entre le religieux et le démocratique ne signifie pas que la démocratie est parfaitement indifférente aux notions de Bien et de Mal en général, en dehors de toute connotation religieuse. Aussi convient-il de se pencher sur les fondements profonds de la démocratie. [...]
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