Considérée par beaucoup comme un horizon politique indépassable, la démocratie n'en est pas moins de plus en plus décriée pour ses échecs et ses dysfonctionnements, illustrés par la tentation du populisme ou la désaffection croissante des citoyens pour le débat politique, ce que les politologues qualifient de « crise de la représentation ».
Ainsi, au cours des dernières décennies, les taux d'abstention aux élections ont grimpé dans les démocraties occidentales et la classe politique a dû mettre en place de nouveaux moyens pour séduire (plus que convaincre) les citoyens, en s'appuyant sur les médias, les techniques de communication et les outils de mesure de « l'opinion publique », et ce souvent au détriment de la pertinence du débat politique.
Mais le constat des limites de la démocratie est-il suffisant pour affirmer que la démocratie, c'est à dire un mode de gouvernement dans lequel la souveraineté appartient à la totalité des citoyens (sans distinction de naissance, de fortune ou de capacité) n'est qu'une utopie ?
[...] La démocratie apparait aujourd'hui davantage comme un idéal, un guide à l'action politique. Il s'agit d'un vaste programme fondé sur des valeurs et des textes fondateurs, mais dont les contours évoluent sans cesse. Trois institutions se sont progressivement établies pour porter la démocratie représentative et en faire une réalité : le suffrage universel, le parti politique et le Parlement. Depuis leur mise en place au XIXe siècle, l'environnement et la société ont évolué, et d'autres moyens peuvent être mobilisés pour réaliser la démocratie, telle que les médias et notamment internet, vaste espace de délibération. [...]
[...] Chimérique, la démocratie athénienne s'est caractérisée par son instabilité et sa fragilité. La démocratie moderne elle, été théorisée a priori par les penseurs des Lumières, avant d'être mise progressivement en application. Cette démocratie représentative, non exempte de limites, se révèle évolutive et progressive : c'est un programme, un projet. Plus qu'une utopie, on peut l'assimiler à un idéal vers lequel doivent tendre les sociétés modernes. Bibliographie Thierry Chopin-Laurent Bouvet, Le Fédéraliste, Ed. Michalon, p. 16-24. Jacqueline de Romilly, Problèmes de la démocratie grecque, Hermann, Agora Introduction, chapitre 1. [...]
[...] Benjamin Constant, De la liberté chez les modernes, Pluriel Hachette IV. De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes (discours prononcé à l'Athénée royale de Paris en 1819). [...]
[...] Avec la période moderne, le mythe (ou l'utopie) de la démocratie directe disparaît donc au profit du principe de réalité : seule la démocratie représentative semble réalisable et à même de concilier liberté, efficacité et souveraineté populaire. Néanmoins, cette démocratie fondée sur la délégation de la souveraineté à des représentants n'est pas exempte de défauts et de limites. En pratique, la démocratie de type moderne s'avère, elle aussi, difficilement réalisable, mais cela n'empêche en rien de l'assimiler à une valeur, ou à un idéal régulateur vers lequel devrait tendre la société dans son ensemble. [...]
[...] Dans La République, Platon met ainsi en avant le caractère illusoire de la démocratie, en raison de l'instabilité qu'elle ne manque pas de générer. L'argument est le suivant : en donnant la parole à tous, la démocratie ne fixe aucune limite à la volonté populaire, ce qui devient vite source d'anarchie, de désordre et de chaos. Pour Aristote, dans La Politique, la démocratie est le régime des pauvres, car partout les gens aisés sont en petit nombre et les gens modestes en grand nombre.» Dans un régime démocratique, vertu et mérite sont ainsi négligés au profit de la liberté, une liberté délétère. [...]
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