La démocratie est aujourd'hui le bien suprême dans le monde entier : tous les pays y tendent, tous les régimes – même les dictatures – se réclament du peuple. Un ensemble de liens logiques semble opérer dès lors qu'il est question de ce type de régime : la démocratie est associée à la modernité qui elle-même renvoie aux droits de l'homme, lesquels symbolisent l'aboutissement de l'émancipation de l'homme contre tous les pouvoirs arbitraires. Emmanuel Kant résume bien ce sentiment en 1784 – même si le philosophe allemand ne parlait pas à ce propos de la démocratie : « La marche de l'humanité ressemble à la construction d'une demeure que seule la dernière génération aurait le loisir d'habiter. » L'aphorisme de Kant résonne avec l'idée très contemporaine de La fin de l'histoire et le dernier homme du politologue américain Francis Fukuyama, qui serait la conjugaison de la démocratie représentative et de l'économie de marché.
Pourtant, pendant très longtemps, la démocratie a été critiquée par sa triple nature à la fois instable : la démocratie aboutirait à l'anarchie ; inefficace : incapacité à dégager des majorités et à prendre des décisions ; et utopique : impossibilité à la mettre en œuvre. Néanmoins, alors qu'est elle aujourd'hui devenue la norme, on ne retrouve nulle part – sauf peut-être, mais là encore avec des insuffisances, dans quelques cantons suisses ou à Porte Alegre – l'idéal démocratique théorique à savoir, selon les mots de Lincoln, « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » et selon son étymologie : demos (le peuple), kratos (le pouvoir), la démocratie c'est le pouvoir du peuple.
Ainsi formulé, le sujet « La démocratie est-elle un moindre mal » renvoie évidemment au XXe siècle et le spectre du totalitarisme. Héritière de ce passé, la démocratie serait un pis-aller, une solution à laquelle il faudrait recourir faute de mieux. Du reste, cette idée est déjà vieille puisqu'en son temps Winston Churchill avait livré à l'histoire sa célébrissime : « La démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres. » Au cours de ce travail, nous nous interrogerons : la démocratie contemporaine – c'est-à-dire représentative à tendance oligarchique – est-elle un régime réellement autonome ?
[...] Cette idée est bien résumée par G. Burdeaux dans La démocratie : Qu'est-ce-à-dire [ ] sinon que la personne des gouvernés prime l'intérêt des gouvernants. Autrement dit, en théorie, dans la démocratie, l'intérêt commun est généralement plus favorable, plus avantageux pour les gouvernés que pour les gouvernants. La deuxième question est la plus difficile à résoudre : Par qui le pouvoir doit-il être exercé ? Dans la théorie démocratique, une seule réponse est possible : le gouvernement par le peuple. [...]
[...] Aristote, Politique, trad. Aubonnet, III, 1279b34-1280a4. Aristote, Politique, VI Moses Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, Ed. Payot & Rivages p Moses Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, Ed. Payot & Rivages p Jean-François Kervégan, Dictionnaire de philosophie politique, PUF, Paris p Alain Joxe, MAUSS, Malaise dans la démocratie, p.44. Moses Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, Ed. Payot & Rivages p Ibid., p.63. Aristote, Politique, 1326b3-7 Moses Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, Ed. [...]
[...] Nature, rôle et composition du demos : Pour analyser la démocratie antique, il faut explorer la nature du demos, le corps des citoyens. Celui-ci exclue les métèques c'est-à-dire les étrangers les femmes, les esclaves et les hommes de moins de vingt ans. Autrement dit, Plus de la moitié de la population d'Athènes est esclaves ou métèques sans droits civiques, les femmes et les enfants libres n'étaient pas citoyens[22]. On considère ainsi qu'à peu près des Athéniens formait le corps des citoyens. [...]
[...] A la lecture de ces quelques propositions qui ne sont que des lignes de force d'un projet plus vaste à mettre en œuvre on comprend que le système d'oligarchie libérale d'aujourd'hui s'est de plus en plus rapproché d'un système hétéronome au sens où la capacité de changement radical des lois ou des institutions des citoyens quand ces derniers en ressentent le besoin est rendue impossible par le pouvoir hégémonique qu'exerce une minorité dans les pouvoirs économique et politique. Marc-Olivier Padis, Marcel Gauchet, la Genèse de la démocratie, Michalon, Paris p Cornélius Castoriadis, Une société à la dérive, Seuil, Paris p.78-79. Marc-Olivier Padis, Marcel Gauchet, la Genèse de la démocratie, Michalon, Paris p. 18-19. Marcel Gauchet, Le Désenchantement du monde, Gallimard, Paris p.20. Cornelius Castoriadis, Une société à la dérive, Seuil, Paris p.80. Ibid. Ibid. [...]
[...] Ainsi formulé, le sujet La démocratie est-elle un moindre mal renvoie évidemment au XXe siècle et le spectre du totalitarisme. Héritière de ce passé, la démocratie serait un pis-aller, une solution à laquelle il faudrait recourir faute de mieux. Du reste, cette idée est déjà vieille puisqu'en son temps Winston Churchill avait livré à l'histoire sa célébrissime : La démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres. Au cours de ce travail, nous nous interrogerons : la démocratie contemporaine c'est-à-dire représentative à tendance oligarchique est-elle un régime réellement autonome ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture