Avec la récente présidentialisation du régime politique français, et la personnalisation du pouvoir sous les traits du président Nicolas Sarkozy, les critiques ont plu : déni de démocratie, risque de dérives. Mais la démocratie peut-elle se passer de chef ? Churchill est souvent cité pour avoir dit : « Le meilleur argument contre la démocratie est une conversation de cinq minutes avec un électeur moyen ». La question se pose donc : la démocratie, souveraineté de tous, selon Lincoln : Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple a-t-elle besoin d'un chef ? Le modèle théorique de la démocratie peut-il finalement fonctionner sans l'existence d'un leader?
[...] Le parlementarisme : média de la démocratie Or le parlementarisme est, pourrait-on dire, l'élément clef de la démocratie moderne. C'est un système de délégation du pouvoir de décision de la population vers des représentants qu'elle élit. Ils sont élus sur des mandats, et sont normalement tenus de les exécuter. Théoriquement, le parlementarisme garantit l'exécution de la volonté générale. Le produit du travail parlementaire, la loi, est d'ailleurs encore aujourd'hui définie comme l'expression de la volonté générale II La démocratie génère des chefs Le chef : une figure indispensable et désirée de la démocratie ? [...]
[...] Le parlementarisme comme opposé au chef Le parlementarisme s'inscrit très tôt comme en opposition face au chef De plus, la naissance du parlementarisme en Europe confirme cela : la gouvernance par une assemblée triomphe devant la gouvernance d'un seul homme ou presque. En Angleterre, il est indéniable que la montée du parlementarisme a signé la mort du roi. C'est d'ailleurs contre ce dernier et ses prétentions absolutistes qu'il se réveille, lors de la glorieuse révolution de 1688. Après la fuite de Jacques II, et l'arrivée sur le trône de Mary et William d'Orange, ces derniers sont obligés de signer le Bill of Rights. [...]
[...] C'est donc véritablement le peuple qui se gouverne soi-même dans les tribus iroquoises, une démocratie parfaite, qui n'a pas de chef. La théorie de la démocratie est censée empêcher l'avènement du chef De manière plus théorique et peut-être plus abstraite, la démocratie exige un gouvernement d'un groupe par ce même groupe. Or, par définition, si c'est le groupe qui domine et décide pour lui-même, alors il n'y a pas de chef. La décision collective s'oppose à celle d'une personne, puisque c'est l'agrégation de toutes les décisions individuelles face à une seule décision individuelle. [...]
[...] Le mythe du Léviathan : le chef suprême symbole de la démocratie suprême ? Le mythe du Léviathan est intéressant et curieux à la fois. Il n'est pas seulement présent dans la pensée de Hobbes, mais plus généralement on pourrait l'élargir à tous ceux qui pensent le contrat social au XVIIe siècle puis XVIIIe. L'allégorie de l'homme géant qui rassemblerait en lui tous les pouvoirs de ceux qui lui abandonné le leur est absolument centrale à la question du chef dans la démocratie. [...]
[...] Est-ce un produit volontaire de la démocratie ? On serait tenté de dire oui, car mis en relation avec l'absentéisme lors des consultations trop fréquentes, on peut dire que les citoyens désirent finalement se démettre eux-mêmes de leur responsabilité, et la confier entre les mains d'une personne qu'ils jugent plus capable qu'eux. A partir de là, la démocratie indirecte crée des chefs automatiquement, et donne la possibilité aux personnalités à tempérament dominant de prendre le pouvoir par ce biais de la représentation. [...]
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