L'argument de Chomsky, quant à sa préface du livre de Faurisson, dont il n'avoue avoir pas lu une ligne, est que quel qu'en soit le contenu, il doit pouvoir être exprimé. S'il est fallacieux, il sera invalidé par la communauté intellectuelle. Le langage, tel qu'il apparaît à la publicité est d'ordre argumentatif. Pour Chomsky, l'espace public présente donc en premier lieu un enjeu négatif, c'est celui de la lutte contre la censure, de l'accession à la publicité ; en un mot celui de la liberté d'expression. En revanche, si celle-ci est garantie, la parole lancée a force de loi à moins qu'elle ne soit infirmer par un contre argument. Il rejoint sur cette position les héritiers de Francfort, K.O.Appel et J.Habermas qui comptent respectivement sur la nature dialogale - donc argumentative - de la pensée et sur l'agir communicationnel pour mettre en exergue les relations de forces qui préexistent et influencent la décision politique, afin d'en purger le discours et de restaurer ainsi la créativité politique. On peut définir l'Agir Communicationnel comme l'anticipation systématique de soi dans un espace argumentatif et en définitive la conformation de tout acte de parole à la raison consensuelle. Lointain écho de l'argument kantien selon lequel « la politique doit plier le genou devant le droit […] pour parvenir lentement à un degré où elle brillera avec éclat et de manière constante », cette théorie va plus loin en faisant faire aux intervenants l'économie d'une éthique du discours, celle-ci étant incarnée dans la raison communautaire. Cependant, elle est lourde de présupposés.
L'ordre argumentatif présuppose d'abord que les locuteurs peuvent évaluer leurs désirs à l'aune de ceux de la communauté pour s'y conformer, puis dire ce qu'ils pensent.
En second lieu, il est entendu que chaque allocutaire comprend ce qu'il entend. Le langage argumentatif doit être parfaitement vernaculaire au regard de la communauté politique considérée.
Ces deux points, chargés de platonisme et eux-mêmes présupposés par toutes les philosophies dualistes, nous disent que la praxis peut se conformer exactement à la théorie, que les mots et les choses, les phrases et les consciences sont nolens volens des répliques spéculaires.
[...] On peut définir l'Agir Communicationnel comme l'anticipation systématique de soi dans un espace argumentatif et en définitive la conformation de tout acte de parole à la raison consensuelle. Lointain écho de l'argument kantien selon lequel la politique doit plier le genou devant le droit [ ] pour parvenir lentement à un degré où elle brillera avec éclat et de manière constante[1] cette théorie va plus loin en faisant faire aux intervenants l'économie d'une éthique du discours, celle-ci étant incarnée dans la raison communautaire. [...]
[...] Investis de manière univoque par la force de l'habitude, ils en constituent l'envers pathologique. Généralement institué par les formules lapidaires des médias, le sens de ces mots peut être ré-investit à tout moment de manière pavlovienne par un usage des mêmes formules. On peut les comparer à ce que les théoriciens littéraires appellent des topoi, souvent dits intrinsèques (lieux communs), ils consistent en un agencement cristallisé de motifs ; la ménagère de moins de cinquante ans (regardant les soaps de TF Le sens est à peu près partagé mais toutes ses caractéristiques de l'objet étant antéprédicatives, il ne permet plus aucun jugement. [...]
[...] Nous qualifierons de lisible un message qui peut être compris par son allocutaire sans que celui-ci ne formule un jugement immédiat par réaction, sans qu'il ne soit obligé d'investir spontanément la totalité des contenus que ce message présuppose. Une proposition lisible ne doit pas immédiatement occulter sémantiquement, par un réflexe conditionné, le contenu qu'elle dévoile, elle ne doit pas saturer le sens latent de la phrase. S'il est évident qu'un référent provoque toujours une réaction, une réminiscence chez l'allocutaire, celle-ci se doit d'être personnelle. Le sens latent d'une proposition lisible doit être actualisé par l'allocutaire lui-même et ne doit pas être imposé par le locuteur sous la forme du tu- vois-ce-que-je-veux-dire. [...]
[...] En effet, le langage est souvent assez indigent à rendre nos désirs et nos états d'âme. Au surplus, en fonction notre passif langagier le sens de certains mots sera investi de manière complètement différente ; le mot or n'a pas la même signification pour un bijoutier, pour un mineur ou pour Don Salluste. De manière générale s'opère un doute systématique sur la signification des mots ; parodiant Mallarmé on peut dire que les mots de la tribu ne rendent pas un son très pur. [...]
[...] Le seul recours possible est de sortir de la logique de discussion le cas échéant, jugé sous la maxime qui ne dit mot consent rend perdant l'ex-allocutaire. C'est d'ailleurs la logique employée par les gouvernements actuels d'occidents qui se base sur l'absence d'opinion exprimée (exprimable de la majorité de la population. La conséquence immédiate de ce travers logocratique est une psychose généralisée des individus. Virtuellement des êtres tout puissants, par le droit octroyé d'intervenir dans l'espace public, la très hautement proclamée liberté d'expression nous sommes effectivement des fantômes politiques dont la parole n'a d'influence sur rien, voire n'est jamais entendue. [...]
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