A l'origine de la culture grecque, il y a les mythes. Ces récits, propres à réunir autour de communs interdits un peuple attaché à la langue comme à sa terre nourricière sont souvent monstrueux, en ce sens qu'ils « montrent » certains personnages comme objets de terreur. Or, précisément, quand les mythes s'attachent au pouvoir, ils en font jaillir la sauvagerie. J.-P. Vernant et P. Vidal-Naquet ont bien mis en lumière ce que la pensée politique grecque doit à cette sourde parole initiale du mythe. Œdipe non seulement revient à Thèbes, cité qui lui est tout à la fois naturelle et maudite, mais il en devient aussi roi. Le pouvoir qu'il exerce est en apparence raisonnable... Mais comment celui qui a inversé tous les liens familiaux pourrait-il régner dans la paix, administrer l'ordre et la cohésion sociale?
Lorsque les poètes tragiques s'emparent de certains mythes et les donnent à voir aux Athéniens, ils insistent tout d'abord sur les conflits inévitables qui opposent la puissance des dieux et celle des hommes. Ainsi le choeur dans l'Antigone de Sophocle, peut-il à la fois célébrer le pouvoir de l'homme sur sa nature ("Il est l'être qui sait traverser la mer grise à l'heure où souffle le vent du sud et ses orages (...)/(...)qui tourmente la déesse auguste entre toutes, la terre") et aussi rappeler aux humains leur commune impuissance devant le pouvoir des dieux ("Mais quel orgueil humain pourrait réduire ton pouvoir, ô Zeus (…) Quand l'homme confond le mal et le bien, c'est que les dieux poussent son âme dans la plus désastreuse erreur")
Il ne doit y avoir nulle rupture entre la loi des dieux et la loi des hommes; celui qui prétend échapper à la loi de la cité en se réfugiant dans une tradition religieuse se perd.
[...] Et l'achèvement de cet art, l'"acte" du citoyen, c'est la possession du double savoir politique: le commandement et l'obéissance. Il faut préciser ici qu'il s'agit d'une obéissance non servile, d'une soumission consentie aux lois. Le pouvoir politique s'établit donc sur le consentement à l'obéissance, et le gouvernant lui-même doit s'inspirer de son expérience en ce domaine. D'ailleurs, Aristote remarque que les citoyens trop riches ou trop pauvres ne parviendront qu'à former une société de maîtres et d'esclaves, faute d'avoir suffisamment cultivé par eux-mêmes la réciprocité du commandement et de l'obéissance. [...]
[...] Concept du pouvoir politique durant l'Antiquité Mythes et tragédies A l'origine de la culture grecque, il y a les mythes. Ces récits, propres à réunir autour de communs interdits un peuple attaché à la langue comme à sa terre nourricière sont souvent monstrueux, en ce sens qu'ils montrent certains personnages comme objets de terreur. Or, précisément, quand les mythes s'attachent au pouvoir, ils en font jaillir la sauvagerie. JP Vernant et P. Vidal-Naquet ont bien mis en lumière ce que la pensée politique grecque doit à cette sourde parole initiale du mythe. [...]
[...] Les Sophistes À partir s. s'opère une mutation du "logos" qui prend la forme du discours argumenté, du raisonnement abstrait, et bientôt de la connaissance elle-même. Ainsi, la représentation tragique du pouvoir cède-t-elle la place à la représentation conceptuelle de sa possibilité et de sa légitimité. La némésis, puissance divine s'efface devant le kratos, le pouvoir humain. J. Romilly présente les sophistes comme les premiers théoriciens du pouvoir, au sens où ils insistent tous sur l'aspect individuel de son exercice. [...]
[...] La coexistence devient pacifique à partir de l'édit de Constantin en 313, qui marque la fin des persécutions. Saint Paul, dans l'Epître aux Romains décrit le nouveau système idéologique mis en place: "Celui qui s'oppose à l'autorité résiste à l'ordre que Dieu a établi". La distinction entre l'autorité divine et les autorités politiques subsiste cependant et s'ancre dans une hiérarchie des valeurs: le pouvoir terrestre n'est que néant, la seule puissance efficace est celle de Dieu. Les hommes n'ont donc jamais quelque pouvoir que par emprunt. [...]
[...] Saint-Augustin donne une magnifique ampleur à la pensée politique issue du christianisme. Entre la "cité terrestre" (Babylone) et la "cité de Dieu" (Jérusalem), le fidèle doit choisir d'aimer la seconde même s'il doit supporter patiemment de vivre dans la première. Cependant, à maintes reprises dans La cité de Dieu,, saint Augustin insiste sur "l'enchevêtrement" des deux cités, "jusqu'au jour où le jugement dernier les séparera". Le pouvoir, exercé ou subi, n'éloigne donc pas irrémédiablement de Dieu. Cependant, il demeure corrupteur, il rattache aux "biens" de ce monde. [...]
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