Commentaire d'une citation d'Aristote ("La politique") : « Quiconque est incapable de vivre dans la société des hommes ou n'en éprouve nullement le besoin est une bête ou un Dieu »

Résumé du document

Au regard des difficultés auxquelles notre société contemporaine doit faire face, nous sommes tout près de considérer qu'il faut une force extérieure considérable pour maintenir les hommes ensemble, car ces derniers ne semblent pas aussi sociables qu'Aristote le pensait. L'existence des conflits sociaux est immémoriale et il ne semble pas y avoir de société humaine sans tensions internes. C'est ainsi qu' Hobbes en a tiré des conclusions cyniques : le meilleur régime politique selon lui est l'absolutisme, et la seule paix possible, est la paix sous la surveillance d'une police. Pourtant, l'édification de toute l'histoire de l'humanité s'est sédimentée dans des institutions sociales et nous vivons dans un monde qui est ce qu'il est grâce au dynamisme de la société. Ainsi n'est-il pas naturel pour l'homme de se sentir membre d'une société, d'être par nature un « animal politique » selon l'expression d'Aristote ou n'est-il politique que par artifice ou par convention ?...

Extraits

[...] Le politique a un caractère collectif et il exprime la capacité d'une collectivité à agir ensemble. Mais, selon Hannah Arendt toute action politique nécessite une volonté qu'il est de plus difficile de faire perdurer très longtemps. La politique semble dès lors beaucoup plus liée à la volonté propre des Hommes et non à des règles édictées de la nature. En effet, qu'il s'agisse des normes juridiques ou encore de l'organisation de l'Etat, il est facile de constater qu'elles ont profondément varié au cours de l'histoire de l'humanité du fait de la volonté des hommes. [...]

[...] Aussi n'est-il vraiment lui-même qu'au sein de la cité, de la société. Il peut, en effet, y développer ses facultés morales, physiques et psychiques. L'homme par nature est un animal politique. Le lien entre les hommes est d'abord celui que tissent les besoins et c'est en fonction de la complexification des besoins, que se comprend l'édification de la Cité. Ce sont les besoins qui primitivement, lient les hommes entre eux. Il existe une sociabilité naturelle qui remonte à la communauté de la famille primitive. [...]

[...] De même, une bête, ou être dégradé serait condamné à la progression infinie de ses désirs, à une fuite indéfinie du besoin, et ne pourrait jamais en s'unissant à d'autres se suffire à soi. Toutefois, on peut, au contraire, estimer que l'expression animal politique recèle une profonde contradiction. L'Homme ne serait-il politique que par artifice et par convention ? . ou l'Homme n'est-il politique que par artifice et par convention ? La politique est en effet du domaine de la culture. Les normes juridiques ou l'organisation de l'État sont en effet conventionnelles. [...]

[...] Aristote qualifiait l'apolitique comme une bête ou comme un Dieu. Car l'homme s'il est le meilleur des êtres vivants, devient le pire de tous s'il est séparé du droit et de la loi. Pour Diogène au contraire, la politique importe peu : elle n'est pas indispensable à la vie, alors qu'Aristote en faisait une condition du vivre et du bien-vivre Politique, Livre chap2). La politique pour le cynique n'est en réalité que le fruit des conditions d'existence matérielle de l'homme : elle est la conséquence de l'humanité et non sa raison d'être. [...]

[...] Conclusion Pour conclure, il est important de noter que la politique n'est pas inessentielle à l'Homme et qu'au contraire l'Homme mérite sa définition d' animal politique Certes, les institutions politiques sont conventionnelles et variables, mais la volonté de construire un régime où le pouvoir est exercé en commun et de façon légitime n'est-elle pas universelle et naturelle? Comme le défend Aristote dans la Politique. Ainsi, la vie dans la cité est naturelle à l'homme parce qu'elle seule permet, sous diverses formes juridiques, l'accomplissement des dispositions naturelles de l'Homme. Bibliographie ARISTOTE, Les Politiques, GF Flammarion F. WOLFF, Aristote et la politique, PUF P. AUBENQUE, Aristote politique, PUF N. TENZER, Philosophie politique, PUF F. CHATELET, O. DUHAMEL, E. [...]