Depuis l'aube des temps, pour un certain nombre de penseurs de philosophie politique la cité ou l'État sont conçus comme un moyen de protéger les hommes du mal. C'est le cas chez Aristote qui voit dans la politique un moyen de créer un lien amical et bienveillant entre les hommes, c'est le cas pour Hobbes et même pour Machiavel. Mais les évènements politiques modernes nous ont appris que le mal radical franchit allègrement les bornes qu'un État peut imposer et que dans certains cas l'Etat peut devenir lui-même l'organisateur du mal. Cela conduit à la naissance de nouvelles théories sur le mal, dont celle de la philosophe Hannah Arendt.
L'expression « banalité du mal » qu'on lui doit, a pour origine une analyse du procès du haut fonctionnaire nazi A. Eichmann à Jérusalem dans les années 1960. Intéressons-nous à la formule même de banalité du mal : les deux mots semblent plutôt antagonistes puisqu'au mot banal, on associe "insignifiant", "anodin" ou encore "sans intérêt", alors que la notion de mal comporte une notion de gravité, d'importance, qui nécessite une réaction.
[...] On voit donc que la possibilité de faire le mal est liée à l'activité de penser. En ne pensant plus et en restant dans des faits et dans des clichés, l'homme ne se rend plus compte de ce qu'il fait, s'éloigne de la réalité et finit par ne plus faire la part des choses entre le bien ou le mal. L'homme ne fait pas volontairement le mal, mais lorsqu'il cesse de penser, lorsqu'il est conditionné par un pouvoir, par des lois, par de la propagande, il peut être amené à commettre les pires horreurs, sans être pour autant quelqu'un de fou, de démoniaque. [...]
[...] La seconde expérience est celle de Philip Zimbardo en 1971. Appelée Stanford prison experiment, elle consistait à faire jouer à des étudiants le rôle de prisonniers et de gardiens. Très vite l'expérience dégénère, les gardiens, abusant de leur rôle de dominants, se mettaient à avoir des comportements sadiques et immoraux. Très fortement critiquées quant au respect de la morale, ces deux expériences montrent toutefois que sous l'autorité ou dans un environnement particulier comme la prison, des individus normaux et sains d'esprit se trouvent avoir un comportement extrêmement violent face à autrui Le mal, une nature humaine ? [...]
[...] Hannah Arendt raconte qu'elle fut frappée par la simplicité de l'accusé et elle le décrit comme un homme tout à fait normal. Lors du procès, Eichmann utilise un langage avant tout administratif pour expliquer ses crimes et ne semble pas être capable d'un regard extérieur sur ce qu'il a fait. Sa défense repose essentiellement sur sa parfaite obéissance aux ordres donnés par l'administration nazie et aux lois en vigueur sous le troisième Reich. On peut citer l'ouvrage de Arendt, Eichmann à Jérusalem, p 85-86 : Plus on l'écoutait, plus on se rendait à l'évidence que son incapacité à s'exprimer était étroitement liée à son incapacité à penser Pour elle, Eichmann était juste un fonctionnaire à l'ambition débordante qui avait soif d'autorité ; c'est pour se faire bien voir de ses supérieurs qu'il a parfaitement obéi aux ordres et mis en place la solution finale. [...]
[...] II. La source du mal : tentative d'explication 1. Un environnement propice au mal La banalité du mal représente la propension de chaque être humain à faire le mal. Cette possibilité est évidemment accrue lorsque l'être humain évolue sous un régime totalitaire d'oppression et de propagande. La plupart des personnes vivant sous le régime nazi ne se sont pas rebellées puisqu'elles étaient totalement embrigadées, à tel point que pour certaines d'entre elles, elles ne sentaient pas qu'elles faisaient du mal. [...]
[...] L'expression banalité du mal qu'on lui doit, a pour origine une analyse du procès du haut fonctionnaire nazi A. Eichmann à Jérusalem dans les années 1960. Intéressons-nous à la formule même de banalité du mal : les deux mots semblent plutôt antagonistes puisqu'au mot banal, on associe "insignifiant", "anodin" ou encore "sans intérêt", alors que la notion de mal comporte une notion de gravité, d'importance, qui nécessite une réaction. Dans cette théorie, le mal n'est pas cette violence existant naturellement dans la cité, mais ce mal radical, routinier, qui n'est plus voulu, plus pensé. [...]
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