La question centrale de l'autorité est sa légitimité. S'il y a aujourd'hui crise de l'autorité, c'est avant tout une crise de la légitimité: les fondements traditionnels de l'autorité entrent en contradiction avec les valeurs de notre société, et l'autorité toute entière apparaît donc comme dépassée. Mais si ce ne sont que ses fondements qui sont en cause, ne peut-on les réinventer dans le cadre démocratique? Dans quelle mesure pourra-t-on alors encore parler d'autorité?
[...] L'autorité est-elle à bannir? Introduction Notre société n'est plus à l'aise avec la notion d'autorité. Elle n'a pas disparue, mais ses structures traditionnelles (école, famille, Etat) sont régulièrement décrites comme "en perte d'autorité". "Rétablir l'autorité" devient le leitmotiv un peu vain des politiques face à l'incivilité et à la violence. Exercer l'autorité devient presque un fardeau. Dans l'éducation notamment, on assiste à un renvoi permanent entre l'école et la famille: chacune accuse l'autre de ne pas exercer d'autorité sur les enfants, comme s'il s'agissait d'une tâche que les deux voulaient éviter à tout prix. [...]
[...] manifestations lycéennes dont on disait qu'elles exprimaient un besoin d'autorité. Refonder l'autorité par le contrat ? Il s'agirait donc de trouver un modèle démocratique d'autorité. De plus en plus, l'autorité traditionnelle a fait place à la négociation et la discussion: dans la famille par exemple, mais aussi dans l'école, qui sont devenues des lieux de discussion. Il y a moins l'idée d'inégalité et d'obéissance légitime (mais imposée), mais plutôt d'égalité entre les contractants, qui tous deux sont appelés à faire usage de la raison. [...]
[...] Avec notamment un problème pour l'ordre démocratique: comme ordre politique représentatif et participatif, le consentement de tous n'est-il pas nécessaire? Peut-être retrouve-t-on ici l'idée d'un contrat social comme source de légitimité de l'autorité étatique ? Conclusion L'existence d'une autorité ne semble pas contraire à la société démocratique et libérale. Elle constitue même une légitimité et une certaine sûreté pour les relations de pouvoir, qui sans elle sont fragilisées et peuvent se trouver fondées par la seule force. A l'inverse, on peut douter que l'homme ait atteint un tel degré de raison qu'il puisse créer l'ordre à partir de rien. [...]
[...] Le rapport d'autorité doit donc se justifier, faire preuve de son utilité. L'autorité prend moins une fonction de domination ou "d'élevage", mais se présente plutôt comme une fonction d'accompagnement vers la réalisation individuelle (cf. famille, entreprise pour les cadres). Cela bouleverse profondément la notion traditionnelle d'autorité: elle n'est plus cette chose qui s'impose en fondant sa légitimité sur l'évidence. Si l'autorité peut-être discutée, peut-on alors toujours parler d'autorité, ou faut-il au contraire y voir la mort de cette idée? Certes, les termes de contrat et de négociation sont l'exact contraire de l'autorité. [...]
[...] Il doit en être de même pour l'autorité, pour laquelle la légitimité est essentielle. On peut donc sortir de l'opposition autorité/argumentation et autorité/raison. Cependant, toutes les autorités sont-elles négociables? La relation du parent à l'enfant, par exemple, reste encore dans une large mesure une relation dont il faut admettre l'inégalité. De même, l'autorité du vivre ensemble ne peut souffrir de négociation. A la marge de formes négociées d'autorité subsisteront des formes traditionnelles, que, plutôt que les bannir absolument, il faut expliquer. [...]
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