La tradition philosophique et politique invite généralement à lire l'histoire politique à travers la grille de lecture des typologies des régimes politiques constituées tour à tour par Aristote, Montesquieu et Rousseau. Chacune de ces classifications a eu, chaque fois, pour ambition de trouver le régime politique idéal.
Pourtant, on peut également embrasser vingt-cinq siècles d'histoire politique et de philosophie à travers une autre coupure : l'hétéronomie versus l'autonomie. Ces deux concepts clés à la fois chez des auteurs comme Cornélius Castoriadis et Marcel Gauchet permettent de mieux comprendre l'apparition de la démocratie en Grèce Antique puis en Europe Occidentale et l'avènement de sociétés plus libres. Nous proposons ici l'analyse de ces deux concepts majeurs en philosophie, en histoire et en politique.
[...] Ainsi, c'est généralement à travers ce prisme et ce triple découpage que l'histoire politique est appréhendée. Pourtant, on peut également embrasser vingt-cinq siècles d'histoire politique et philosophie à travers une autre coupure : l'hétéronomie versus l'autonomie. II. L'hétéronomie comme clôture L'étymologie du terme hétéronomie est particulièrement claire pour comprendre ce concept central à la fois chez Cornélius Castoriadis et Marcel Gauchet : étéros autre et nomos loi Ainsi, l'hétéronomie est le fait de dépendre de lois ou de règles extérieures, c'est-à-dire venant d'une entité extérieure à la société. [...]
[...] Il choisit les éléments d'idéologie existante qui sont les plus à même de devenir les fondements d'un “monde fictif” qui est le propre du système totalitaire. Comme l'a bien montré H. Arendt, ce qui ne fait pas partie de ce système appartient au “monde extérieur” que le totalitarisme entend réduire, annexer, aspirer, pour l'intégrer à son système. Ces éléments idéologiques deviennent, comme on l'a dit bien souvent, une “religion séculière” autrement plus contraignante que les religions, qui propose à l'individu une réponse toute prête à n'importe quelle question[14]. Le pouvoir totalitaire se présente comme la seule source de la vérité, l'unique détenteur de la vérité. [...]
[...] Marc-Olivier Padis ne dit pas autre chose : Les sociétés démocratiques sont les sociétés de faible cohésion. L'individu a la possibilité de se désintéresser de la vie collective en s'abstenant de participer aux élections, en se retranchant dans la sphère privée, en se déclarant indifférent au sort commun. [ ] La société démocratique qui met fin aux organisations sociales intégrées et disciplinées par une hiérarchie immuable provoque en retour la crainte parfois irrationnelle d'un éclatement de la collectivité. Figure positive de l'individu autonome, se développe une autre figure, négative, c'est de l'anonyme solitaire perdu dans la société comme dans une foule [ L'histoire du XXe siècle elle dominée par cette crainte et par les tentatives de répondre à la dissolution sociale. [...]
[...] 34-35. Ibid. p.109. Cornelius Castoriadis, Une société à la dérive, Seuil, Paris p.80. [...]
[...] Autrement dit sont posées les questions politiques radicales, comme les questions philosophiques radicales[7]. La dynamique que met en marche l'autonomie est en vérité la mère de toutes les créations humaines excepté l'art (les hommes de Cro-Magnon n'ont pas attendu les Grecs pour peindre) soit les sciences, la philosophie, la politique : La mise en question de l'institution de la société, de la représentation du monde et des significations imaginaires sociales qu'elle porte est équivalente à la création de ce que nous appelons la démocratie et la philosophie. [...]
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