Pour commencer à réfléchir sur le concept de responsabilité, on peut de façon intuitive se tourner vers nos systèmes judiciaires dont l'objectif est d'attribuer une peine relative à l'acte d'un agent jugé responsable. La responsabilité est supposée avant même de réfléchir sur ses fondements ou sur sa légitimité. D'une façon assez directe, nous supposons que la responsabilité peut être attribuée sauf exceptions (les enfants, les fous
par exemple). Ensuite, quand on se penche un peu plus sur la façon dont on juge une personne responsable, cette notion peut être liée à nos jugements de blâme ou de mérite :
on veut savoir quelle légitimité accorder à une action. Qu'en est-il dans un cadre déterministe ?
La responsabilité peut-elle avoir la légitimité qu'on lui demande si toutes nos actions sont déterminées ? Il semble à première vue difficile de vouloir maintenir un concept de responsabilité si le déterminisme est vrai. Néanmoins, il faut comprendre que l'attribution de la responsabilité est nécessaire pour la vie en société. C'est pourquoi il semble qu'une théorie de la responsabilité doive être mise en place avant même de se demander si le déterminisme est vrai ou non, et même si théoriquement nous ne sommes pas sûrs qu'elle soit légitime. Cette théorie devra donc pouvoir être compatibiliste. A supposer cela, il faudra toutefois rechercher les critères qui permettent de fonder la responsabilité morale dans ce
cadre. En quoi l'attribution d'une responsabilité morale à un agent est-elle possible, cela même et surtout dans un cadre déterministe et sur quels critères ?
[...] Par ailleurs, on parle aujourd'hui même de juger les irresponsables pénaux. Le problème de la responsabilité pénale est très prégnant, mais il semble qu'il ne faut pas que des jugements pour l'instant théoriques deviennent des mises en pratique systématiques. Théoriquement nous devons réfléchir sur les conditions de possibilité de la responsabilité, pratiquement nous devons respecter nos intuitions sur l'irresponsabilité de certaines personnes. [...]
[...] L'argument de Hart va assez dans le sens de nos intuitions : on ne sait pas exactement si le déterminisme est vrai mais afin de maintenir un ordre social on est obligé de supposer la responsabilité et de mettre en place des excuses de responsabilité. Ce qu'on peut voir, c'est que le droit va dans le sens des théories compatibilistes de la responsabilité ; il n'y a pas d'écart majeur entre la responsabilité théorique et la mise en œuvre dans la justice pénale de sanctions relatives au crime et aux excuses de responsabilité. CONCLUSION Fonder une théorie de la théorie de la responsabilité morale n'est pas aisé et les problèmes sont multiples. [...]
[...] C'est pourquoi, si l'on voit la loi comme une contrainte, alors l'absence de loi (anomie) est l'absence de contrainte, d'où le fait qu'on pense la liberté comme ce qui peut aller contre la loi naturelle. Pour Schlick cette idée est absurde : on ne peut penser pas que la liberté dépend de l'indéterminisme. Par ailleurs, on sous-entend très largement le déterminisme dans notre conception de la responsabilité : on n'imagine pas qu'un acte de volonté soit sans cause faute de quoi il serait dû au hasard et irait profondément contre la liberté. En fait, plus un acte a de causes et plus on considère l'individu responsable. [...]
[...] En effet, l'indéterminisme ne permet pas de fonder une théorie cohérente de la responsabilité car si l'indéterminisme est vrai cela veut dire que les actes des individus seraient sans aucune cause et on pourrait encore moins leur attribuer une responsabilité. Par ailleurs, même si le déterminisme est vrai absolument on pourrait toujours se contenter d'adopter une attitude objective dans nos attributions de responsabilité, ce qui permettrait de maintenir le système pénal. On a donc vu avec Schlick qu'on pouvait fonder une théorie de la responsabilité tout en supposant le déterminisme même si l'on ne pouvait pas le prouver. [...]
[...] Strawson pense ainsi que l'on ne peut pas défendre l'idée d'une responsabilité morale et cela que le déterminisme soit vrai ou pas : nous sommes ce que nous sommes et nous ne pouvons pas être libres de nos actions. Cet argument pose problème quant à la conception de la responsabilité fondée par Frankfurt selon laquelle on n'est pas responsable si on a agi uniquement parce qu'on n'a pas pu le faire autrement c'est-à-dire qu'on est responsable tant qu'on n'agit pas uniquement sous une contrainte actuelle, parce que cette conception de la responsabilité ne requiert pas qu'on soit responsable de ce que l'on est et ne permet pas de contre argumenter le Selon Strawson le compatibiliste échoue par là même à fonder la responsabilité morale. [...]
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