Les Grecs imaginent une longue période de prospérité, l'âge d'or, qui se serait déroulé sous le règne de Cronos. L'homme est donc dans un état d'adhérence parfaite au milieu naturel (Platon, Le Politique). Mais, à la chute brutale du Paradis terrestre (Eden), les Grecs et les Romains préfèrent la représentation d'une lente dégradation de cet état de félicité originel.
Cette dévaluation du métal (argent, airain, fer) symbolique dévoile une alchimie à l'envers où l'or se change en fer et à laquelle, inévitablement, sont soumis les hommes conscients de vivre une décadence et un état de corruption irrémédiable. Ce mythe de l'âge d'or offre la possibilité de disqualifier le présent au nom d'un passé rêvé tout en créant l'instrument philosophique de l'état de nature.
[...] Sous l'impulsion de Périclès, elle se donne pour régime la démocratie. Les citoyens expérimentent la démocratie directe à l'Agora : c'est l'iségoria, le droit pour chacun de parler librement à l'assemblée. Le reproche adressé aux Athéniens (leur apparence servile) tourne à leur avantage sitôt que l'on discerne cette volonté d'effacer les marques de l'inégalité : Chaque citoyen, semblable à tous les autres, tour à tour obéissant et commandant, devra occuper et céder toutes les positions de l'espace civique (JP Vernant). [...]
[...] Pourtant, Lysistrata les représente plus aptes que les hommes à maintenir la paix entre les nations. En outre, la figure d'Antigone ne manque ni de grandeur ni de noblesse dans son insurrection contre les décrets des hommes ou la loi des dieux. Les limites. Le modèle athénien apparaît comme une machine à maintenir l'égalité entre tous les citoyens. La politique est une activité noble qui témoigne d'un souci de l'individu de se mettre au service de la communauté. Ce désintéressement nécessaire aux candidats aux fonctions les plus élevées suppose une fortune personnelle suffisante pour supporter l'appauvrissement inévitable que provoque un an d'exercice du pouvoir. [...]
[...] Le pratiquer c'est avouer son indifférence à l'égard de l'autorité et de la sagesse : L'homme est à la mesure de toutes choses, pour celles qui ne sont pas, de leur non-existence Le sophiste réinstalle donc les inégalités puisque seules les familles les plus riches peuvent offrir à leurs enfants le privilège du bien-dire. La loi du plus riche devient celle de la démocratie. Contre les lois de la Cité qui égalisent les citoyens et les protègent par cette égalité de la violence des forts, Calliclès propose de rétablir l'inégalité. C'est bien rendre la société à un nouvel état de nature et réinstaller la Bête là où personne ne l'attendait plus . Et la ruse du Prince réinstalle la bête au cœur de la Cité Moitié homme et moitié bête. [...]
[...] La société est née avec ses relations d'interdépendance matérielle. L'état de nature est une fiction destinée à servir de norme, c'est-à-dire à mesurer le degré de corruption des sociétés modernes. Devant la Nature, tous les hommes sont égaux et tant que l'homme reste dans cette relation directe avec elle, il demeure, dans sa solitude même, l'égal de n'importe quel autre. La société, en brisant cet isolement égalitaire, pousse les hommes à la comparaison, mais elle subordonne surtout les uns aux autres . [...]
[...] Zeus transforma donc son fils en chevreau afin de favoriser sa fuite : l'enfance de Dionysos est donc marquée par l'errance et le retour à la bestialité. Frappé de démence à l'âge adulte, il livre aux hommes le moyen d'atteindre cet état d'abandon et de folie par la culture de la vigne et la production du vin. Dionysos sème ainsi l'ivresse et provoque la démence sur son passage. Penthée roi de la Cité de Thèbes, refuse à Dionysos de lui rendre un culte afin de préserver l'ordre et la cohésion de la communauté. [...]
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