Ici on parle non de l'anarchie, concept philosophique, mais de l'anarchisme. En effet dans le Larousse, l'anarchie en terme politique, est un « état de trouble, de désordre dû à l'absence d'autorité politique, à la carence des lois ». Ainsi l'anarchie n'est pas l'objectif de l'anarchisme, c'est même son cauchemar car, comme nous allons le voir, l'anarchisme veut l'ordre, mais une autre forme d'ordre. Il existe de nombreux clichés tels « ni dieux ni maîtres » qu'on ne mentionnera pas ici car on se concentrera sur les sources théoriques, philosophiques, politiques et morales de l'anarchisme, et non sur leur mise en application concrète, qui a mené à la marginalisation de l'anarchisme, sa dérision même, aujourd'hui.
Avant toute chose, gardons-nous de nous fourvoyer sur deux points:
- l'anarchisme n'est pas qu'une théorie politique, mais bien tout un système de pensée, une philosophie différente, aussi sérieuse que tout autre système, vous allez le découvrir;
- Il n'y a pas qu'un anarchisme, mais bien des courants contraires, exprimés par des philosophes dont nous allons étudier la pensée. Le seul fondement, le ferment d'unité entre eux, l'axe central, c'est le rejet de toute contrainte s'exerçant sur l'individu de façon extérieure, exogène. Le rejet, pas toujours total d'ailleurs, de l'État n'est qu'une conséquence de cela.
[...] L'anarchisme, contre les aliénations et pour la souveraineté du moi unique, aussi. Il y aurait donc une lignée Hegel-Feuerbach-Stirner-Bakounine. L'anarchisme est donc l'ultime étape de la philosophie allemande, le dernier prolongement possible, Ce tableau d'interférences est incomplet, on pourrait par exemple ajouter le positivisme comtien et l'évolutionnisme darwinien. Mais leur influence est plus mineure. Le christianisme: les exposés anarchistes sont souvent accompagnés d'un contrepoint biblique et même chrétien. L'anarchisme combat la religion comme contrainte à l'individu, mais s'accorde avec Jésus: Rends à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu d'une façon anti- étatique. [...]
[...] Stirner récuse la vertu en tant que contrainte imposée au Moi, mais s'insurge contre le vice, qui nous tient en esclavage en s'emparant du Moi. Il appelle sa morale la jouissance personnelle c'est-à-dire une jouissance artistique qui par la conscience de l'originalité réussit à arracher au moi ses secrets, renforçant en chacun de nous le sentiment de notre dignité et de notre originalité inaliénable. C'est le même sentiment que Rousseau décrit dans Les Confessions: Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux qui existent. [...]
[...] Bakounine est absolument athée, se déclarant ennemi personnel de Dieu. Il ne nie pas que la religion a été nécessaire pour sortir l'homme de l'animalité, mais il est temps que l'homme sorte de l'esclavage divin. Bakounine suit Feuerbach qui écrivait dans L'essence du christianisme: le tournant de l'histoire sera le moment où l'homme prendra conscience que le seul dieu de l'homme est l'homme lui-même. Homo Homini deus Ainsi pour Bakounine, si Dieu est, l'homme est esclave; or l'homme peut et doit être libre: donc Dieu n'existe pas Imparable. [...]
[...] Ses ouvrages anarchistes : entre autres Ma Confession ou Le Salut est en vous. L'anarchisme religieux: Tolstoï affirme être chrétien, et c'est justement en adorateur du christ qu'il part en guerre contre les églises chrétiennes. Elles ont arrangé la doctrine primitive du Christ au monde, l'ont transformée en dogmes inintelligibles et par cela même inutiles alors que la doctrine du christ est la raison même car elle nous enseigne le véritable sens de la vie, sa raison d'être: l'Amour. Pas l'amour égoïste, éphémère, mais l'amour altruiste, dont l'action se prolonge après la mort. [...]
[...] Curieux anarchisme: on veut imposer à l'individu des devoirs et non lui accorder des droits. Max STIRNER (1806-1856) Intellectuel raté, professeur dans une pension pour filles, il consacre ses soirées au Cercle des «Libres». En 1844, il publie L'Unique et la Propriété. L'unicisme absolu: ce livre est un produit de l'hégélianisme poussé au bout de sa logique. Ainsi l'aliénation chez Stirner s'incarne dans toutes les puissances qui ne sont pas issues de l'individu, et surtout de l'homme feuerbachien, c'est-à-dire l'homme en tant que catégorie supérieure à l'homme lui-même. [...]
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