Etymologiquement, Anarchie signifie « hors de l'Arche », en référence à l'arche d'alliance transportant les lois données par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï. Le premier penseur de l'anarchie était français, il s'agit de Pierre Joseph Proudhon qui définissait l'anarchie comme la combinaison de deux principes :
-un principe négatif : la lutte contre l'autorité sous sa triple forme politique, économique et morale
-un principe positif : lutte pour la liberté et le bien-être
Mais, les véritables théoriciens de l'anarchisme libertaire sont russes. Le premier grand théoricien est Michel (ou Michaël) Aleksandrovitch Bakounine né en Russie à Prémokhino en 1814. C'est un aristocrate issu d'une famille noble et dont le père est conseiller d'Etat. Il fait des études militaires et sort de l'Ecole de l'artillerie. Il abandonne ensuite ses études pour se consacrer à la philosophie allemande notamment Hegel et Feuerbach qu'il découvre par L'essence du Christianisme. Il adhère à la gauche hégélienne et s'attache à la notion hégélienne de la négativité l'interprétant comme la nécessité absolue dans laquelle se trouve l'humanité de promouvoir son avenir par la destruction totale de l'état de choses existant. « La joie de la destruction est en même temps une joie créatrice » écrit-il dans son essai La Réaction en Allemagne en 1842. Après avoir fomenté une Révolution à Dresde, il est emprisonné en Hongrie puis transféré à la forteresse Pierre et Paul sur l'île Zaïatchi dans le delta de la Neva à Saint Petersbourg. Il y reste de 1849 à 1861 et écrivit L'appel aux Slaves en 1849 et Confession au Tsar en 1851. Sorti de prison, il s'attèle à la rédaction d'Etatisme et Anarchie publié en 1870. En 1868, il fonde l'alliance internationale de la démocratie socialiste et, à l'intérieur même, une société secrète la Fraternité Internationale. La même année, il adhère à la Première Internationale créée par Karl Marx en 1864 au congrès de Saint Martins Hall.
S'étant compromis en 1869 avec le terroriste et nihiliste russe Netchaïev et imposant une ligne anti-autoritaire à l'Internationale, il est attaqué violemment par Karl Marx qui, en 1872, le fait exclure de l'Internationale au Congrès de Lahaye. Mais, des fédérations restèrent fidèles à Bakounine, d'une part, les fédérations jurassiennes dirigées par James Guillaume et, d'autre part, les fédérations italiennes et espagnoles refusant la ligne autoritaire de Karl Marx dont la volonté était de diriger l'Internationale par le haut c'est-à-dire par le conseil général. La rivalité Marx - Bakounine va conduire à la fin de la 1ère Internationale en 1896 au congrès de Philadelphie.
L'anarchisme libertaire va tout de même se développer puisqu'il va même y avoir un « parti anarchiste » de 1880 à 1893. Cet anarchisme militant est marqué par le second grand théoricien russe Piotr (ou Pierre) Kropotkine, né en 1842. C'est un aristocrate moscovite qui a commencé sa carrière militaire comme Bakounine. En 1872, il adhère à la Première Internationale et se lie à la fédération jurassienne et aux milieux nihilistes. Partisan de la propagande par le fait (c'est-à-dire les attentats politiques), il fonde avec les anarchistes Enrico Malatesta et Elisée Reclus le journal Le Révolté. Ces principaux ouvrages sont La conquête du pain (1890), Paroles d'un Révolté (1885) et Autour d'une vie (1906).
Après cet aperçu historique, il conviendra, d'une part, d'examiner en quoi l'anarchisme libertaire se définit comme une révolte spontanée contre toute forme d'autorité (I) et d'étudier, d'autre part, le projet politique théorisé par Bakounine et Kropotkine constitué par une fédération de communes autogérées (II).
[...] De la sorte, chaque produit devient monnaie courante et producteurs et consommateurs sont associés par un acte de volonté libre. En revanche, le collectivisme antiétatique de Bakounine subordonne les consommateurs aux efforts du producteur, c'est un système dans lequel la propriété, conséquence même du principe de l'Etat, est abolie quant aux moyens de production mais conservée quant aux objets de consommation par la fiction du salaire. Enfin, quant à Kropotkine, théoricien d'un communisme libertaire, il proclame l'autogestion intégrale par la formule à chacun selon ses besoins Bibliographie BAKOUNINE Dieu et l'Etat, éditions Labor BAKOUNINE La réaction en Allemagne BAKOUNINE L'appel aux Slaves BAKOUNINE Confession au tsar KROPOTKINE La conquête du pain KROPOTKINE Paroles d'un révolté KROPOTKINE Autour d'une vie ANGAUT Bakounine jeune hégélien : la philosophie et son dehors, ENS éditions pages ANGAUT Liberté et histoire chez Michel Bakounine, Thèse de doctorat (sous la direction de Michel SENELLART) GRAWITZ Bakounine, Calmann Levy BRUBACHER Michel Bakounine ou le démon de la révolte, Editions du cercle, Editions de la tête de Feuilles p. [...]
[...] Deux formes d'opposition se sont développées contre la Révolution Française. Premièrement, une opposition contre-révolutionnaire réfutant la formation abstraite et rationnelle de l'Etat portée notamment par Joseph De Maistre prônant un augustinisme politique intégriste. Deuxièmement, une autre forme d'opposition constate le divorce entre l'Etat et la Société et propose sa réconciliation en substituant l'égalité réelle à l'égalité abstraite : la conspiration des Egaux de Gracchus Babeuf, première réaction antiétatique, véritable embryon politique d'un nouveau courant : l'anarchie[2]. Etymologiquement, Anarchie signifie hors de l'Arche en référence à l'arche d'alliance transportant les lois données par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï. [...]
[...] C'est un aristocrate issu d'une famille noble et dont le père est conseiller d'Etat. Il fait des études militaires et sort de l'Ecole de l'artillerie. Il abandonne ensuite ses études pour se consacrer à la philosophie allemande notamment Hegel et Feuerbach qu'il découvre par L'essence du Christianisme. Il adhère à la gauche hégélienne et s'attache à la notion hégélienne de la négativité l'interprétant comme la nécessité absolue dans laquelle se trouve l'humanité de promouvoir son avenir par la destruction totale de l'état de choses existant. [...]
[...] La révolte spontanée contre toute forme d'autorité Il conviendra de voir, dans une première partie, en quoi consiste la négation de toute autorité puis, dans une seconde partie, le but de l'anarchisme libertaire : la liberté de l'individu 1 La négation de toute autorité : ni Dieu, ni Maître Les anarchistes, notamment Bakounine, prônent la disparition de L'Etat frère cadet de l'Eglise et d'autre part, la négation de Dieu. La disparition de l'Etat, frère cadet de l'Eglise Les anarchistes luttent contre l'aliénation politique qui, pour eux, est matérialisé par l'Etat. L'Etat n'est pas quelque chose d'absolu, de définitif. [...]
[...] Les Démons, Fedor Mikhailovitch Dostoïevski, Actes Sud, Babel, Roman Classique (Partie 1 et Selon Saint Paul, il n'est de pouvoir qui ne vienne de Dieu. [...]
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