Si l'on croit la définition du Petit Robert, un témoignage est une déclaration de ce qu'on a vu, entendu, perçu, servant à l'établissement de la vérité. Un témoignage est également adressé à qui veut l'entendre. Cet autre, récepteur du témoignage, peut être un proche du témoin ou bien une adresse potentielle comme, nous, lecteur du témoignage. Certains décident de témoigner dans un but thérapeutique afin de se soulager d'un poids qui les pèse. Comme l'explique, Primo Lévi : « Le besoin de raconter aux "autres", de faire participer les "autres" avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence d'une impulsion immédiate? C'est pour répondre à un tel besoin que j'ai écrit mon livre, c'est avant tout une libération intérieure. » Dans ce cas-ci, cet autre est le témoin confronté à lui-même. Toutefois, le pouvoir thérapeutique du témoignage peut être remis en cause lorsque l'on connait, par exemple, la fin tragique de Primo Lévi ou de Paul Celan . Parfois témoigner peut être à double tranchant : certes l'écriture ou la parole apaise la mémoire, mais elles ravivent de vieilles blessures. Sans cet autre pour perpétuer le message du témoignage, ce dernier serait vite oublié. Sans les livres des survivants, sans les écrits de leur descendance, que saurions-nous exactement de la vie au sein même des camps et des conséquences qu'une telle expérience peut avoir sur plusieurs générations? Ces témoignages sur la Shoah sont destinés à l'humanité tout entière pour qu'elle sache que l'Homme est capable du bien comme du pire et éviter ainsi de reproduire les mêmes erreurs.
[...] Annette Wieviorka parle d'une litanie du témoignage : les cent onze témoins furent l'essence du procès, les délégués autorisés de l'Holocauste Des critiques ont cependant émergé : de nombreux témoignages n'avaient aucun lien avec le principal accusé. Quoi qu'il en soit, les conséquences de ce procès sont multiples et surtout très visibles : la parole des survivants est libérée, l'identité sociale du survivant est reconnue par la société et une véritable demande sociale de témoignage se fait jour. Le survivant est dès lors considéré comme porteur d'histoire. L'ère du témoin : de 1968 à aujourd'hui À la fin des années 1970, le génocide est très présent, notamment par l'intermédiaire de témoignages audiovisuels. [...]
[...] Il y a un quasi-déni de la déportation puisqu'elles souhaitent mettre entre parenthèses cet événement. Peut-être en agissant de la sorte espéraient-elles tourner la page et avancer ? Mais pour les victimes il est difficile de passer à autre chose : lorsqu'on survit à une telle expérience, on ne peut pas oublier, mais on tente de vivre avec ça. En somme, la société, contemporaine de l'événement et se sentant peut-être coupable du sort des Juifs, n'était pas prête à recevoir ces témoignages. [...]
[...] Après mai 68, on assiste à une démocratisation des acteurs de l'histoire. Au début des années 1980, le spectacle à la télévision est fondé sur les témoignages de gens ordinaires. Quant aux juifs survivants, ils sont appelés les survivors La diffusion du feuilleton télévisé américain, Holocauste[13] va provoquer une vague d'émotion mondiale qui sera plus tardive en France, car Nuit et brouillard d'Alain Resnais avait connu un franc succès et que Claude Lanzmann avait un film en préparation sur le même thème. [...]
[...] cit., p.131. [...]
[...] La question de la réception des témoignages de la Shoah La question de l'autre dans le témoignage. Si l'on croit la définition du Petit Robert, un témoignage est une déclaration de ce qu'on a vu, entendu, perçu, servant à l'établissement de la vérité. Un témoignage est également adressé à qui veut l'entendre. Cet autre, récepteur du témoignage, peut être un proche du témoin ou bien une adresse potentielle comme, nous, lecteur du témoignage. Certains décident de témoigner dans un but thérapeutique afin de se soulager d'un poids qui les pèse. [...]
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