Comment appréhender le rire aujourd'hui, Olympia de Manet, Émile Zola, Bergson, Charlie Hebdo, art ironique, mur des cons, article 65 de la Constitution, arrêt Otto-Preminger c/ Autriche, Dieudonné, Baudelaire, Céline, article 10 de la CEDH
À l'arrière-plan d'un tableau de Manet se trouve une reproduction d'Olympia, autre tableau du peintre. Le regard d'Olympia est posé sur Émile Zola et non, comme sur l'original, vers le spectateur. Il faut y voir le rire amical du peintre à l'égard de son ami, si jeune, mais déjà si sérieux et engagé. Le rire peut donc être d'une très grande subtilité, ce qui interroge quant à la possibilité même d'appréhender ce dernier. D'autant que le sujet comporte plusieurs indéterminations : le pouvoir doit-il être compris comme la légitimité ou la capacité ? Comment délimiter le "tout" ? Celui-ci semble interroger les limites, et le "on" renvoyer au groupe social. Dans une première approche, la réponse est positive : liberté d'expression, fin des dogmes… le rire est au cœur de la modernité.
[...] cours sur le populisme). Le rire est un élément d'identité, de partage, indispensable à la vie individuelle et collective. V. Coetzee, Une enfance de Jésus : absence totale de rire dans ce nouveau pays dénué de saveurs, ce qui rend impossible toute relation verticale, et, partant, la formation d'une identité ou de toute forme d'identification à l'autre. Le rire permet de supporter l'absurdité du quotidien. Le Voyage au bout de la nuit de Céline a connu son succès en raison de l'ironie mordante avec laquelle l'auteur décrit la guerre. [...]
[...] Le rire est le dernier rempart avant la dépression – Le rire dévoyé L'intensité, la centralité du rire est en partie mortifère. Bruce Bégout, Le ParK : roman d'anticipation décrivant un parc d'attractions singulier, construit sur une île privée au large de Bornéo, qui marque un nouveau stade du tourisme et du rire, en ce qu'il s'agit d'un parc d'attraction et de répulsion, élitiste et très cher, où cohabitent manèges, zoos, animaux dangereux en liberté, une prison, un camp d'extermination. Le divertissement s'est saisi, de tout sans aucune limite. [...]
[...] C'est la victoire de l'homo festivus : notre temps a entrepris d'effacer le négatif. Pour Muray, ce tout-festif qui fait loi renvoie au rire hébété des bébés. Pour cet auteur, qui travaille beaucoup sur les exemples de Paris-Plage et de l'indicible nuit blanche, tout est lieu de réjouissance. On peut faire le lien à Régis Debray, qui dit « adieu » à Madame H. • Un rire lâche, s'attaquant aux faibles, sans prise de risque Le rire ne subvertit pas, du moins ne subvertit plus : il accompagne la résignation. [...]
[...] La moquerie est une façon de rappeler l'autre à la norme. Usage du rire dans le cadre des régimes totalitaires : à Treblinka, au- dessus des chambres à gaz, était inscrit « ceci est la porte par laquelle entrent les Justes ». Tr : conclusion d'équilibre, on peut rire de tout mais il doit néanmoins y avoir des limites car le rire comporte des dangers. Cette question se pose aujourd'hui de façon radicale au regard de l'actualité. II – L'omniprésence et la mutation du rire emportent des dangers renouvelés pour nos démocraties, imposant de repenser un rapport apaisé entre le rire et la Cité A – L'omniprésence et la mutation du rire emportent des dangers renouvelés pour nos démocraties 1. [...]
[...] [produit culturel] Bergson, Le rire : le rire, c'est de la mécanique plaquée sur du vivant. Le rire provient d'une rupture dans la fluidité du mouvement. L'auteur fait trois observations pour définir le rire : il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est humain, le rire implique une « anesthésie momentanée du cœur », et le rire a besoin d'un écho. • Un phénomène mystérieux aux modalités complexes Anton Tchekhov, Histoire de rire : recueil de nouvelles aujourd'hui renommé sous le titre La plaisanterie, titre de la première nouvelle. [...]
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