abus de pouvoir, approche philosophique, fonctionnement de la politique, Etat, opinion publique, relation entre égaux
Soit l'abus de pouvoir n'est qu'une scorie dans l'exercice des fonctions de la souveraineté et, dans ce cas, il nous révèle l'équilibre fragile des institutions.
Soit l'abus de pouvoir n'est pas un accident ponctuel, mais un indicateur de quelque chose de plus essentiel sur le fonctionnement de la politique. Il serait alors le paradigme de l'exercice du pouvoir. L'abus de pouvoir serait peut-être l'essence même de la souveraineté (révélateur photographique de l'exercice du pouvoir, ce serait dans la nature du pouvoir d'abuser).
[...] On parlerait alors d'abus de pouvoir par homonymie. Les pourparlers, DELEUZE. Trois types de sociétés : - sociétés de souveraineté. Monarchies traditionnelles. - sociétés disciplinaires. 18ème-19ème. - sociétés de contrôle. Milieu 20ème siècle. Le pouvoir dans les sociétés de souveraineté consiste à prélever (impôts, hommes ) et à décider de la mort. Le pouvoir dans les sociétés disciplinaires se comprend d'abord comme une organisation de la production. Il ne s'agit plus de prélever ponctuellement mais d'organiser en amont la production. [...]
[...] Pour WEBER, l'abus fait partie intégrante du pouvoir conçu de manière monopolistique au sens ou l'abus est un droit de consommation totale du pouvoir de la part de l'Etat (second sens du terme abus). - L'abus de pouvoir renvoie à l'origine abusive du pouvoir. L'abus est un usage absolu, sans conditions : ce n'est pas une transgression. Pour Carl SCHMITT : "On reconnaît le pouvoir à son droit d'abus". "Est souverain celui qui décidé de l'État d'exception". Est donc détenteur du pouvoir celui qui a la capacité d'en abuser. Comment faire une utilisation totale du pouvoir ? En décrétant l'État d'exception. [...]
[...] L'abus de pouvoir est inscrit au coeur même du Droit en vertu de la défaisabilité du Droit. On peut considérer la règle de Droit comme un cas générique caractérisé par un certain nombre de propriétés (conditions d'application) auquel on attache une conclusion normative : la sanction. Dans ce principe de défaisabilité du Droit (lorsque l'on reconnaît une exception à la règle), la procédure est tout à fait normale et non pas extraordinaire du Droit. Ce n'est pas une perversion du Droit, mais une disposition interne à lui, prévue par lui. [...]
[...] L'abus de pouvoir, une approche philosophique. Trois angles de réflexion : - Pourquoi s'intéresser à l'abus de pouvoir ? Que peut-il nous apprendre sur le fonctionnement de la politique et de l'Etat ? Soit l'abus de pouvoir n'est qu'une scorie dans l'exercice des fonctions de la souveraineté et, dans ce cas, il nous révèle l'équilibre fragile des institutions. Soit l'abus de pouvoir n'est pas un accident ponctuel, mais un indicateur de quelque chose de plus essentiel sur le fonctionnement de la politique. [...]
[...] L'abus de pouvoir n'est peut-être pas un cas limite, une expérience exceptionnelle, mais plutôt une expérience quotidienne qui peut être le fait de n'importe qui (petit abus). FOUCAULT dit que nous faisons l'expérience quotidienne de l'abus de pouvoir. Aujourd'hui, le pouvoir est diffus (non concentré) ce qui fait qu'on s'en rend moins compte. Conclusion. Il faut absolument distinguer le pouvoir de la domination. Cependant, l'abus de pouvoir est toujours possible, car la domination est en quelque sorte immanente au pouvoir. L'abus de pouvoir prend aujourd'hui la forme de la discipline et du contrôle (formes plus invisibles) comme exercice normal du pouvoir. [...]
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