Les discussions sur les régimes politiques existent depuis toujours. Déjà dans la Grèce antique, la question de savoir quel était le meilleur régime se posait, et les grands philosophes, d'Aristote dans sa Politique, à Platon dans sa République, ont tous essayé d'y répondre à un moment ou à un autre. Depuis la fin du XVIIIe siècle (notamment marquée par les révolutions française et américaine), c'est la démocratie qui avait semblé avoir remporté cette « guerre intellectuelle » en s'imposant dans un nombre de pays croissant au cours du XIXe siècle.
Or le XXe siècle a apporté une remise en cause claire des idées des Lumières et d'une certaine idée du Progrès. DDès lors la supériorité du modèle de la démocratie parlementaire ne pouvait plus être traitée comme une évidence, comme un modèle unique ultime ; il n'y a plus d'inéluctabilité de la démocratie parlementaire. Un inventaire des vices et des vertus de la démocratie s'impose, soit pour la réhabiliter et réaffirmer sa supériorité, soit pour la condamner.
Et précisément, au moment où Raymond Aron donne ce cours à la Sorbonne qui constitue la base de Démocratie et totalitarisme, le contexte national n'est pas neutre : c'est en France que la IVe République, à bout de souffle, fustigée de toute part, évoquant le spectre de la République de Weimar, menace de s'effondrer. Quant au plan international, le contexte de Guerre froide est tout aussi important. Alors que le fascisme, qui a perdu toute sa crédibilité lors de son effondrement en 1945 et qui n'était, en tant que négation pure et simple des Lumières, finalement que peu crédible idéologiquement, une vraie alternative crédible, triomphante en 1945 et qui prêtent réaliser la « démocratie réelle », est incarnée par l'URSS communiste. C'est donc dans une perspective comparatiste que Raymond effectue une défense déterminée mais lucide de la démocratie parlementaire.
[...] C'est donc dans une perspective comparatiste que Raymond effectue une défense déterminée mais lucide de la démocratie parlementaire. Pour répondre au sujet, nous verrons d'abord les vices communément reprochés à la démocratie parlementaire repris par Raymond Aron dans une première partie, puis nous tempèrerons ce constat dans une seconde partie en constatant que la démocratie parlementaire a surtout des vertus négatives. Raymond Aron identifie quatre tendances de vice : l'oligarchie, la démagogie, l'anarchie, et enfin la tyrannie. Il s'agit de dérives structurelles, inhérentes à la démocratie parlementaire. [...]
[...] L'accusation rapportée dans Démocratie et totalitarisme concernant la tendance oligarchique du régime est formulée par les machiavéliens, et Raymond Aron y souscrit. Elle est due au principe même de la démocratie de type parlementaire où, contrairement à la démocratie directe (qualifiée idée irréalisable la souveraineté populaire ne s'exprime pas directement mais à travers l'élection de représentants. Dès lors, se forme inéluctablement une élite politique dont on peut craindre qu'elle ne se coupe du Peuple et qu'elle n'en assure plus une représentation satisfaisante. [...]
[...] Mais ces vices de la démocratie parlementaire peuvent être largement relativisés s'ils sont considérés dans une perspective comparatiste. Pour commencer, la plupart des vices imputés à la démocratie parlementaire sont en réalité également imputables à tous les autres types de régime. C'est notamment le cas de l'accusation d'oligarchie que l'on peut aussi proférer à l'ensemble des organisations, l'émergence d'une élite au sein d'une organisation étant, pour des raisons structurelles décrites par la loi d'airain, tout simplement inéluctable. Dès lors la question est davantage de déterminer à quel point l'oligarchie est fermée, et s'il est ou non possible d'y entrer. [...]
[...] Vives et vertus de la démocratie parlementaire selon Raymond Aron Les discussions sur les régimes politiques existent depuis toujours. Déjà dans la Grèce antique, la question de savoir quel était le meilleur régime se posait, et les grands philosophes, d'Aristote dans sa Politique, à Platon dans sa République, ont tous essayé d'y répondre à un moment ou à un autre. Depuis la fin du XVIII° siècle (notamment marquée par les révolutions française et américaine), c'est la démocratie qui avait semblé avoir remporté cette guerre intellectuelle en s'imposant dans un nombre de pays croissant au cours du XIX° siècle. [...]
[...] Pour conclure, Raymond Aron semble trouver un argument convaincant à chaque vice de la démocratie parlementaire. Néanmoins, même si, nous le savons aujourd'hui, les régimes se réclament du communisme se sont tous soit effondrés comme en URSS, soit tellement transformé qu'ils ont changé de nature comme en Chine, soit sur le point de s'effondrer comme en Corée du Nord, alors que la démocratie parlementaire a elle réussit à perdurer, elle a elle aussi connu certaines évolutions. A l'image du passage de la IVe à la Vème République qui a lieu en France, la rationalisation des mécanismes parlementaires s'effectue dans la plupart des pays. [...]
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