"Du Royaume" est un ouvrage écrit par Thomas d'Aquin, théologien et philosophe italien du XIIIe siècle apr. J.-C., en 1266, et adressé au roi de Chypre Hugues II, un contexte qui aura son influence sur le contenu de l'opuscule. L'auteur y expose une réflexion politique sur le régime de la royauté, partant d'une réflexion héritée de l'augustinisme politique sur la soumission du temporel au spirituel. La pensée de Thomas d'Aquin est une pensée au croisement de plusieurs sources : la doctrine chrétienne et la pensée philosophique, notamment d'Aristote.
Ce texte défend la proposition suivante : la monarchie pure et absolue est le meilleur des régimes. Il s'agira donc de réfléchir sur les causes de cette affirmation, et d'examiner à la lumière de Thomas d'Aquin comment ce dernier pense la monarchie de manière à ce qu'elle ne verse pas dans la tyrannie et formule un modèle théologicopolitique de l'Etat.
[...] C'est celui à qui revient la charge de la fin ultime que revient le pouvoir c'est-à-dire la charge de toutes les fins antécédentes (les fins étant ordonnées, dans une hiérarchie). Si le pouvoir temporel est soumis au pouvoir spirituel comme dans le modèle de l'augustinisme politique, il ne faut pas le penser comme une absorption de l'Etat par l'Eglise : l'ordre de la grâce ne détruit pas l'ordre de la nature. Transition : comment Thomas d'Aquin pense-t-il l'organisation de cet ordre temporel qui persiste sous le contrôle papal ? II. [...]
[...] 106) Le gouvernement particulier, temporel se doit d'être au plus proche du gouvernement divin dans sa forme. De plus, comme toutes les créatures corporelles et toutes les puissances spirituelles sont contenues sous le gouvernement divin, de même les membres du corps et les autres facultés de l'âme sont régies par la raison, et ainsi, d'une certaine façon, la raison se comportement dans l'homme comme Dieu dans le monde De même que c'est la raison divine qui organise l'univers, c'est la raison humaine donnée par Dieu aux hommes qui organise le monde temporel Un principe directeur Plus qu'un gouvernement par la raison des hommes, c'est le gouvernement par la raison d'un seul homme que préconise Thomas d'Aquin, afin d'avoir un principe directeur unique et cohérent dans la société, au nom du principe d'unité. [...]
[...] - Ce bien extrinsèque est ainsi la béatitude éternelle dans la fruition de Dieu La fin de la multitude Or il faut porter le même jugement sur la fin de toute la multitude et sur celle de l'individu (Livre premier chap. XIV p. 117), il faut que la multitude humaine ait la même fin que l‘homme pris personnellement La multitude se doit donc de vivre selon la vertu, seul moyen de parvenir à la fruition de Dieu. C'est cette fin commune (la vie vertueuse) qui rassemble les hommes en société et qui fonde le contrat social. Si les hommes se rassemblaient pour le seul vivre, les animaux et les esclaves seraient une des parties de la société civile. [...]
[...] 115) - Chez Thomas d'Aquin, la vie de l'homme sur Terre a une fin vers laquelle elle doit être conduite si l'on suit les principes de bon gouvernement. Thomas d'Aquin, en suivant l'Ethique à Nicomaque d'Aristote, développe une morale finaliste, c'est-à-dire que tous les actes humains sont effectués en vue d'une fin, et toutes les fins en vue d'une fin suprême. - C'est une fin extrinsèque à l'homme. Car si la fin de l'homme était intrinsèque, c'est-à-dire en lui-même, un bon gouvernement se contenterait de conserver intacte la chose en elle-même, dans sa perfection. [...]
[...] On sait que l'opuscule ne fut pas conduit à terme par son auteur : c'est Ptolémée de Lucques, un de ses disciples et admirateurs, qui l'achève à partir du livre II, chapitre 5. Ce dernier, inséré dans des contextes doctrinaux différents, donna à cette seconde partie de l'ouvrage une inspiration et des conclusions tout autres que celles de son maître, en particulier sur les rapports du pouvoir temporel et de ses régulations spirituelles. On a même supposé, sur quelques indices, que la partie authentique de l'ouvrage subit quelques manipulations de la part de son continuateur. [...]
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