"Réflexions sur la question Juive", essai philosophique de Jean-Paul Sartre, 1946

Résumé du document

Penser est une capacité que possède l'Homme. C'est l'activité de l'esprit humain qui permet de raisonner, de juger, de prévoir un probable avenir, d'inventer et d'évoluer. Il faut donner des visions différentes sur un même sujet, s'extérioriser, pour ainsi connaitre les différents côtés de celui-ci, et ne jamais se focaliser sur un aspect qui en général est moindre par rapport à l'ensemble du sujet. Chercher à connaitre la vérité est à la portée de tous mais l'Homme n'exploite pas forcément cette capacité innée. Il existe donc dans notre monde deux types de personnes totalement différentes : certaines sont aptes à penser, ont décidé par elles-mêmes d'exercer cette action, et d'autres refusent d'utiliser leur esprit puisqu'elles n'en éprouvent pas le besoin ou qu'elles l'utilisent à l'envers et à l'encontre de la vérité. C'est sous cette perspective que Sartre se pose la question suivante : « Comment peut-on choisir de raisonner faux ? » dans Réflexions sur la question juive.

Extraits

[...] Descartes, dans la 4e partie du discours de la méthode en 1637 : Cogito ergo sum Je pense donc je suis D'après Sartre, Les Hommes qui refusent de penser ne veulent pas se baser sur le fait que les opinions sont acquises, ils désirent obtenir une représentation du monde innée dès le début de leur existence, sans changer leur raisonnement au cours de leur vie, en naissant et mourant de la même façon. Ils ne cherchent que des sujets acquis et déjà trouvés, pour ainsi ne pas modifier leur vérité. Sartre décrit ici une totale stagnation de leur vie dans laquelle les jugements sont répétitifs et monotones, et ne font avancer en aucun cas leur recherche personnelle. [...]

[...] Quoi qu'il arrive, la faute est causée par les juifs selon les antisémites qui agissent en totale absence de raisonnement et se représente une vision très simpliste du monde. On retrouve le même jugement chez les totalitaristes (qui se focalisent sur les capitalistes). Cette idéologie n'est rien de plus qu'une séduisante représentation fautée et simplifiée du monde qui cherche à viser le plus grand nombre d'individus dont la conscience est destinée a poursuivre un chemin déjà tracé, elle invite aussi à agir, or, chaque action devrait être pensée, mais leur doctrine les en empêche. [...]

[...] La forme même du vrai a un côté inquiétant puisqu'une seule condition doit être remplie : si elles veulent découvrir la vérité, c'est dans l'immédiat, elles exigent l'instantanéité (infantilisme). Cette méthode peut aussi remettre en question leur existence, les bases et les principes de leur vie. Ces hommes ne sont pas certains du monde qui les entoure, c'est une situation d'autant plus difficile qu'ils se sentent perdus au milieu de l'incertitude. Ils possèdent en revanche une volonté d'exister, qui pour Sartre signifie vivre, jouir et penser. [...]

[...] Les personnes qui sont attirées par cette permanence de la pierre veulent être plus fortes, peut-être physiquement, mais surtout moralement par rapport aux autres. Il n'y a aucun intérêt pour elles de changer puisque leur vision semble vraie à leurs yeux, et il serait inutile de se remettre en question. Elles refusent le dialogue qui les contredit puisqu'elles ont peur du monde qui pourrait s'ouvrir à elles et représenter la fin de leur utopie. Cela signifierait qu'elles ont tort, et les individus, par nature, n'aiment pas avoir tort. [...]

[...] Pascal Section VI, Les Philosophes, dans les Pensées : Et je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant. Cet homme sensé se pose des questions sur ce qui l'entoure et se retrouve souvent face à une vérité difficile, devant la fin d'une utopie dans laquelle il se plaisait. Il souffre de ce changement et de cette situation qui peuvent être désagréables, mais qui font obstacle sur la seule voie à emprunter en cas de réflexion. Il se rend compte que les raisonnements qu'il pensait sûrs ne sont que peu probables, car d'autres considérations viennent remettre en cause sa réflexion, et ainsi, mettre en doute la véracité de ses propos. [...]