Paul Ricoeur, dans Lectures 1, traite des rapports entre langage violence et politique. Il s'agit de montrer que c'est en politique que « la conjonction primitive de la violence et du sens s'opère ». Pour expliquer la façon dont, en politique, c'est-à-dire dans le cadre du gouvernement des Etats, se conjuguent violence et langage, Ricoeur développe tout d'abord les exemples de la tyrannie et de la révolution. Il faut entendre la tyrannie comme le pouvoir despotique d'un tyran exercé de manière arbitraire et reposant sur la violence. On verra que pour Ricoeur cette violence est à la fois physique et verbale. De plus, on peut définir la révolution comme la mise en œuvre violente d'un projet idéologique. Ricoeur veut analyser la façon dont ces deux modes de recours à la violence s'articulent au langage, et lui donnent sens. En quoi pour l'auteur le politique est-il l'espace dans lequel s'associent violence et sens ? Nous analyserons pour cela les deux axes principaux du texte : le langage dans la tyrannie et la voix de la violence en politique.
[...] Utilisation de la violence dans un régime tyrannique Tout d'abord, Ricoeur envisage les rapports entre langage, violence et politique à travers l'exemple de la tyrannie. On peut reprendre la définition d'Aristote de la tyrannie, comme le gouvernement despotique exercé par un homme sur un état L'auteur approfondit cette définition en distinguant deux mécanismes à ce despotisme : la force, brute et muette et la rhétorique. L'auteur distingue donc la violence du simple exercice de la force, contre le droit. La violence, en particulier tyrannique s'exerce non seulement physiquement mais aussi verbalement. [...]
[...] Elle est également évidente, selon Ricoeur, dans son deuxième exemple, celui de la violence révolutionnaire. Quant à la violence révolutionnaire, il est à peine besoin de dire qu'elle mobilise la parole dans le moment de la prise de conscience Ainsi, lorsque des individus tels que les révolutionnaires de 1789 prennent conscience de l'état injuste du système de l'Ancien Régime, il faut mettre en mots et exprimer cette vision du monde. En effet, on peut reprendre l'approche du langage de Bergson le langage fournit à la conscience un corps immatériel où s'incarner Notre conscience, notre pensée ne se manifeste qu'à travers ces signes que sont les mots. [...]
[...] Comment Paul Ricoeur pense-t-il les rapports entre langage, violence et politique dans Lectures 1 ? Introduction Paul Ricoeur, dans Lectures1, traite des rapports entre langage violence et politique. Il s'agit de montrer que c'est en politique que la conjonction primitive de la violence et du sens s'opère Pour expliquer la façon dont, en politique, c'est-à-dire dans le cadre du gouvernement des États, se conjuguent violence et langage, Ricoeur développe tout d'abord les exemples de la tyrannie et de la révolution. [...]
[...] Dans la tyrannie, le langage est donc utilisé à des fins violentes, en légitimant le crime. Ricoeur va donc plus loin que de dire simplement que le tyran utilise le langage pour conquérir le pouvoir, il montre que la tyrannie se définit avant tout par le discours sensé. C'est pourquoi le tyran préfère les services du sophiste à ceux du bourreau Le sophiste selon Platon est l'homme qui manipule le langage non à des fins de vérité mais à des fins personnelles. [...]
[...] Philosophie et tyrannie De plus, Ricoeur rapproche la tyrannie et la philosophie dans leur utilisation du langage, du discours sensé. En effet, on attribue en général l'usage du discours sensé à la philosophie et de la force physique aveugle à la tyrannie. Or, il montre que la rhétorique est une caractéristique propre à la tyrannie : le tyran préfère les services du sophiste à ceux du bourreau Cela lui donne une légitimité car elle acquiert par cette séduction le soutien du peuple. [...]
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