Par son œuvre majeure « De l'esprit des lois » XVIIIe siècle, Charles Louis de Secondât, baron de la Brède et de Montesquieu, semblait déjà alors connaître les critiques, tant positives que négatives, que sa vision allait suscitée.
C'est par là même que l'œuvre de Montesquieu s'affirme comme étant une traduction des contradictions d'une société traversée par d'importantes transformations sociales, un désir naissant de liberté et surtout la garantie des libertés : le XVIIIe siècle.
Dans ce Chapitre V « Le mythe de la séparation des pouvoirs », extrait de « Montesquieu, la politique et l'Histoire », Louis Althusser (1918-1990) s'impose comme le nuancier des controverses portées à l'encontre de la théorie de Montesquieu. En critiquant tout d'abord, l'auteur s'apparente comme un réel soutien explicatif de la théorie détournée de Montesquieu. Le philosophe marxiste Althusser décrit Montesquieu comme un « libertin » partagé entre l'idéalisation de la problématique des contre-pouvoirs féodaux et le désir de grandeur parlementaire.
[...] Le but premier est d'affaiblir le pouvoir, perçu comme une menace à la liberté des citoyens. Cette combinaison est tout de même pour Althusser révélatrice d'une volonté implicite d'auto protection de Montesquieu de lui et de sa caste ; la noblesse. Pour lui Montesquieu chercherait à nourrir l'illusion d'un partage naturel qui va de soi et qui répond à une équité d'évidence Montesquieu exclut un champ de corrélation des pouvoirs qu'il juge nécessaire, que le législateur puisse usurper les pouvoirs de l'exécutif Outre de considérer que le roi puisse détenir le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif dans un système modéré il ne saurait tolérer que le prince puisse détenir le pouvoir judiciaire dont il redouterait qu'il en soit fait un instrument de sanction vis-à-vis des nobles ; cette clause particulière qui prive le roi du pouvoir de juger importe avant tout à la protection des nobles contre l'arbitraire politique et juridique du prince Cet ensemble de corrélations voulues par Montesquieu répond nécessairement d'une volonté d'équilibre entre les pouvoirs vouée à anéantir tout abus. [...]
[...] On voit mal comment concilier pareilles et si importantes interférences des pouvoirs avec la prétendue pureté de leur séparation. - La réception de la théorie classique de Montesquieu est abusive et erronée et ne correspond qu'à une volonté de mise en adaptation avec le dessin des révolutionnaires : la chute de la monarchie et un terme à l'absolutisme si redouté. - Eisenmann replace dans son véritable contexte une théorie qui ne prônait aucunement une séparation inconditionnée des pouvoirs mais une combinaison ordonnée, lui redonnant ainsi son véritable sens et sa légitimité première. [...]
[...] C'est ce mouvement qui assure à l'œuvre althussérienne son unité problématique, qui consiste dans la série ouverte de ses rectifications successives, incluant le moment clé de l'autocritique proprement dite. Althusser s'efforce dès lors de retranscrire la véracité de la pensée classique de Montesquieu ; véracité qui par bien des aspects reste encore d'actualité. La théorie de Montesquieu a-t-elle été appréciée à sa juste valeur, analysée sous ses bons angles ; n'a-t-elle pas donné lieu à un mythe tiré de l'interprétation abusive de ses idées ? [...]
[...] Le mythe de la séparation des pouvoirs Selon Eisenmann la théorie de Montesquieu aurait fait l'objet d'une interprétation bien trop expansive et ayant eu des répercutions concrètes sur les sociétés postérieures mais dont l'élaboration correspondait à une pure fiction élaborée par les juristes de la fin du XIX et du début du XXe. - La théorie de séparation stricte des pouvoirs n'existait tout simplement pas chez Montesquieu Eisenmann tient à souligner que Montesquieu était en faveur de certaines interactions bien précises entre les pouvoirs et que cette volonté est inhérente dans ces textes. Les relations sont explicitement présentes et décrites. [...]
[...] Les nobles se verraient dotés d'une force politique accordée dans la chambre haute Cette position serait garante de leur statut social protégé contre les entreprises su roi et du peuple Cette garantie implique en contrepartie la protection du roi, à l'usage du roi C'est en somme l' assurance que le monarque sera protégé par le rempart social et politique de la noblesse contre les révolutions populaires Le peuple serait quant à lui représenté par la Chambre basse représentation non proportionnée avec le poids véritable de la masse une représentation hors de proposition avec le nombre et les intérêts du grand nombre et les nobles auront pour fonction de leur enseigner les bienfaits d'une structure étatique majoritairement établie et dirigée par une minorité d'éclairés, d'érudits. Montesquieu se rapproche en ce point très fortement de la conception de Platon qui croyait en la nécessité d'une oligarchie, que le peuple était destiné, pour son bien, à être accompagné et guidé par un nombre plus faible de sages. [...]
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