Les six Livres de la République, Jean Bodin, rendre justice, pouvoir du souverain, fonction judiciaire, contrat vassalique, stabilité du régime, prince
Les six livres de la République, ouvrage paru en 1576 à Paris, expose la nature de la République, c'est-à-dire de l'État, donc l'existence se définit par la souveraineté. Jean Bodin pose ainsi dans cet ouvrage le concept de l'État Moderne et met au goût du jour une classification des différents régimes politiques. Le livre IV est consacré à la croissance et la décadence des Républiques, aux rapports du Prince avec ses sujets et aussi les moyens de faire face aux séditions. Bodin rejette les courants de son époque, la scolastique comme l'utopisme, et aborde une approche historique dans son ouvrage pour exposer sa pensée politique. Il exprime notamment son avis sur le pouvoir absolu, détenu par un seul homme, sujet sensible dans un contexte français de monarchie absolue.
[...] En effet, de tels caractères chez un Prince ne peuvent selon Bodin mener qu'à une situation de désordre, ce qu'il justifie par la relation du sujet au souverain. En effet, un prince dépourvu de toute vertu ne peut instaurer une relation saine entre lui et ses sujets. Bodin en conclut donc qu'à moins d'être digne, un Prince exerçant la fonction judiciaire ne pourra mener qu'à la « ruine de l'état ». Par ailleurs, l'auteur souligne le risque accompagnant le prince, bien que digne, qui décide de se faire juge. [...]
[...] Toutefois, Bodin souligne dans une seconde partie que tout souverain ne peut assurer avec succès cette fonction, et qu'il vaut donc mieux qu'il la déléguer s'il veut conserver la stabilité du régime. La nécessité pour le souverain de déléguer la fonction judiciaire La fonction judiciaire est digne mais risquée et son attribution est déterminante pour la stabilité du régime Une fonction digne mais risquée « Ce grand Dieu souverain Prince du monde, a montré aux Princes humains, qui sont vraies images [ . [...]
[...] Il s'agira, dans un premier temps, de montrer en quoi la fonction judiciaire est la première fonction du souverain ce qui permettra ensuite de comprendre pourquoi il doit la déléguer à d'autres pour que l'État soit efficient (II). La fonction judiciaire, première fonction du souverain La fonction judiciaire est historiquement et exclusivement détenue par le souverain. Une fonction historiquement détenue par le souverain Jean Bodin pose d'abord un principe : « les rois (sont) établis pour juger les sujets ». [...]
[...] Or s'il fait preuve d'une telle inconséquence, il devient alors selon Bodin « la chose la plus dangereuse qui soit en une Monarchie, que les sujets viennent à mépriser leur Prince. » En effet, en l'absence de respect et d'obéissance vis-à-vis du Prince, il semble évident que les sujets finiront par se révolter et que le régime finira par s'effondrer, ce qui est ce que tout souverain souhaite éviter. Le souverain doit donc selon Bodin détenir un pouvoir fort, mais il doit également savoir déléguer certaines de ses fonctions afin de que sa souveraineté ne puisse être remise en cause. [...]
[...] A contrario, un souverain voulant disposer de tous les pouvoirs mènera donc son peuple à sa perte : « comme faisait le tyran Caligula, qui ne voulait pas même que les Jurisconsultes donnassent leur avis ». L'auteur illustre sa théorie par un exemple historique et rappelle, par la même occasion, une ultime fois, le caractère essentiel du pouvoir judiciaire. Caligula, en refusant toute intervention extérieure dans la fonction judiciaire qu'il s'était exclusivement octroyé, a instauré un gouvernement tyrannique n'attrayant aucunement le respect de ses sujets, mais au contraire leur colère, ce qui ne peut être le cas dans un gouvernement se voulant pérenne. [...]
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