Dans le présent texte, tiré du chapitre XXX du Léviathan qui a pour objet les lois civiles, Hobbes pose le problème suivant : pour qu'une loi soit effective, suffit-il qu'elle soit juste ou doit-elle plutôt être bonne malgré le risque qu'elle soit injuste ?
En réponse à ce problème Hobbes étaye la thèse selon laquelle une loi est juste dès qu'elle est formulée par la personne du souverain mais que cela ne suffit pas à ce qu'elle soit bénéfique au peuple, comprise par lui et appliquée. Donc mieux vaut une loi bonne qu'une loi juste.
Ce texte est structuré en trois temps.
Dans un premier moment (ligne 1 à 7), Hobbes va définir le rôle du souverain, lequel est selon lui, de « produire de bonnes lois ». Il développe ici la notion de loi juste en l'illustrant par l'image des règles du jeu.
Mais est-il moral de favoriser les bonnes lois aux lois justes ? En d'autres termes, la justice n'est-elle pas ce vers quoi l'homme devrait tendre en première instance? Hobbes va démontrer qu'il faut assurer la paix civile plus que de se préoccuper de justice dans le dernier moment du texte (ligne 7 à 17).
[...] En effet, Hobbes entend par souverain une personne fictive représentative du peuple. Au chapitre 16 du Leviathan, Des personnes, des auteurs et des êtres personnifiés le souverain, cet homme ou cette assemblée d'hommes prend la figure du Léviathan, ce monstre marin évoqué dans la Bible notamment dans Le Livre de Job ou encore dans les Psaumes. Hobbes reprend l'image du Léviathan pour désigner le souverain comme une personne fictive qui a pour rôle d'assurer la sécurité des sujets. En effet, selon Hobbes, le souverain forme une personne Il s'appuie donc sur l'étymologie du mot personne (du grec prosopon, la figure, ou le masque et du latin persona, l'apparence extérieure, le déguisement), pour définir le rôle du souverain : celui de représenter le peuple. [...]
[...] De plus, il semble qu'étant les mêmes pour tous, les lois civiles soient fondamentalement justes. Hobbes donne ainsi l'exemple des règles du jeu. Lorsqu'un individu choisit de participer à un jeu, il accepte avec, ses règles. S'il ne les accepte pas, il n'est pas autorisé à y participer. L'individu accepte ses règles tout d'abord parce que sans règles, il n'y a pas de jeu, et le but étant de s'amuser, l'individu préférera qu'il y ait des règles plutôt qu'il n'y ait pas de jeu. [...]
[...] Enfin l'enjeu du texte consiste à comprendre l'utilité de respecter la loi et de relativiser le principe de justice pour ce qui est des lois de l'État civil. La portée du texte est politique. En effet, Hobbes est un des principaux théoriciens du Pacte social, qui tient de la philosophie politique. Pourquoi est-ce qu'il ne suffit pas que le souverain produise des lois justes ? Dans le premier moment du texte, Hobbes avance l'argument selon lequel la loi étant celle du souverain, elle est forcément juste. [...]
[...] De la même manière, les lois de l'Etat c'est-à-dire les lois civiles, sont le support de la société. Selon Hobbes, sans ces lois civiles, il n'y a pas d'État civil ou de Pacte social, mais seulement un État de nature, dans lequel règne le désordre civil. Or, l'homme a souhaité, selon Hobbes, sortir de l'état de nature pour une cause rationnelle notamment, qui tient des lois de nature, dont la première stipule que c'est une loi fondamentale de la nature, qu'il faut rechercher la paix si on peut l'obtenir Ces lois de nature sont, chez Hobbes des lois qui parlent en l'homme in foro interno, dans son for intérieur. [...]
[...] Ensuite, Hobbes donne une seconde condition pour qu'une loi soit bonne : qu'elle soit claire. Boileau disait de la poésie dans Art poétique, ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément et ce qui vaut pour la poésie semble valoir doublement pour la politique. Ainsi, Hobbes insiste sur le fait qu'une loi doit être faite de mots clairs, mais surtout sur le fait qu'elle doit être explicitée. C'est à dire, que le législateur mentionne les causes et les motifs pour lesquels elle a été faite Hobbes préconise donc que la raison d'être d'une loi soit comprise par tous pour qu'elle soit appliquée. [...]
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