Strauss, dans son introduction du chapitre V, précise bien que le plus célèbre des théoriciens du droit naturel moderne fut John Locke, cependant, il dit aussi que Locke était un philosophe prudent, qui savait garder le silence et que par conséquent il était plus difficile de discerner véritablement ses idées et voir en quoi celui-ci était un Moderne. En revanche, Hobbes né avant Locke (il est né en 1588, Locke en 1632) fut d'une part, pour Strauss, plus clair quant à l'exposition de ses thèses et idées ; et d'autre part fut véritablement le premier philosophe qui tira les conséquences de l'émergence et de l'avènement de la science naturelle moderne, une science naturelle non-téléologique, alors en rupture avec la notion de droit naturel dite classique. On assiste à un vrai tournant dans la conception du droit naturel, et on peut avec Hobbes s'intéresser à cette spécificité du droit naturel dit « moderne ».
[...] Le deuxième paragraphe de la page 160 montre bien les implications quant au plan moral et politique. Il n'y a pas de fondement de l'humanité de l'homme dans le cosmos il n'y a plus de cosmos au sens de la tradition, dans l'univers sans finalité. En quelque sorte, l'humanité de l'homme, c'est l'homme lui-même qui va l'inventer. La domination humaine de la nature n'est pas la réalisation de l'essence de l'homme, elle n'est que l'expression pure et simple sans valeur aucune de sa puissance constitutive. [...]
[...] Il y a chez Hobbes une science de la nature qui est toujours interprétée de manière instrumentaliste : elle ne dit pas la vérité sur la nature et ne donne aucune connaissance sûre, mais elle permet seulement d'agir sur elle, de la maîtriser. Elle ne donne pas de connaissance sur laquelle on pourrait bâtir une morale, des règles du juste et de l'injuste, un devoir être. On est face à une séparation radicale entre la science ou connaissance (s'il en est), de la nature d'un côté et des valeurs et de la morale d'un autre. P Cependant, quel que soit le succès de l'homme dans cette conquête de la nature, il ne sera jamais capable de la comprendre. [...]
[...] Le droit naturel hobbien montre bien l'individualisme et l'explosion de parties (une véritable atomisation) dans l'état de nature. L'homme à l'état de nature n'est pas du tout un animal politique par essence, qui serait doté d'une sociabilité naturelle, il ne s'agit que d'individualités égoïstes vitales repliées sur elle-même qui ne s'occupent que de leur survie et qui ont cette liberté de préservation peu importe les moyens en vue de celle-ci. Il y a la nécessité chez Hobbes d'instaurer un pouvoir central, un point de vue d'impartialité dans la société. [...]
[...] On assiste à un vrai tournant dans la conception du droit naturel, et on peut avec Hobbes s'intéresser à cette spécificité du droit naturel dit moderne Les Anciens pour Strauss, avaient l'idée d'un droit naturel, qui est perdu par les modernes. Il faut donc d'abord observer Hobbes face à la tradition, pour montrer ce qu'il en retient et pourquoi celui-ci s'en détache dans une perspective philosophique propre aux Modernes. Hobbes face à la tradition, ce qu'il en retient Hobbes s'inscrit dans un véritable mépris de la tradition et n'en retient qu'une seule idée. Il accrédite seulement cette idée que la science politique et la philosophie sont d'une part possibles, mais pas seulement, car d'autre part, nécessaire. [...]
[...] Comment Hobbes est en rupture avec cette conception idéaliste ? Hobbes est le fondateur du positivisme juridique, on ne trouve pas chez Hobbes de normes éternelles du juste et de l'injuste intangibles, les lois dépendent au contraire d'une décision arbitraire de l'homme et des hommes qui décident de se constituer en sujets sous un gouvernement et dans une société civile. Il ne peut y avoir de juste ni d'injuste à partir du moment où le pouvoir souverain n'est pas institué, c'est le souverain qui institue les règles et les normes d'un juste et de l'injuste. [...]
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