La nécessité pour l'homme de sortir de l'état de nature pour entrer dans l'état civil est expliquée au livre I de l'ouvrage Du Contrat social rédigé par Jean-Jacques Rousseau dans sa forme définitive en 1761. Tandis que le livre I s'attarde sur le fondement de l'ordre social, les chapitres VI et VII du livre II décrivent le fonctionnement de la société qui repose sur le pacte social. C'est l'objectif annoncé dés la première phrase du chapitre VI : « il s'agit maintenant de lui donner le mouvement et la volonté par la législation. » La société est constituée, ces deux chapitres traitent des lois qui ont pour objet de l'organiser.
Ce qui caractérise le corps social c'est la notion de « volonté générale » qui est partagée par tous les citoyens par opposition aux volontés particulières des hommes à l'état de nature. La problématique de l'unité du corps social est transversale dans l'œuvre de Rousseau, au chapitre VII du Livre I, il annonce : « quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera obligé par tout le corps ».
Comment le rôle du législateur permet-il de préserver l'unité du corps social en mouvement ? La faillibilité de la volonté générale menace l'unité du corps social. Le législateur est décrit comme un homme extraordinaire, garant de l'unité du cops social.
[...] Une deuxième explication est apportée à cette affirmation. Il est naturel que cette volonté soit faillible. Pour se justifier, Rousseau pose une condition irréalisable à la capacité de discernement des hommes : une intelligence supérieure Il fauderait des Dieux pour donner des lois aux hommes (page 79, chapitre VII). Rousseau affirme de manière explicite que le peuple n'a pas les capacités pour légiférer : Les vues trop générales et les objets trop éloignés sont également hors de sa portée (p81). [...]
[...] Toutefois, Rousseau pose une condition qui fait qu'il se distingue des partisans du despotisme éclairé : le consentement de la volonté générale qui en fait l'auteur des lois par le bais du législateur qui n'est que le gardien de sa bonne traduction dans la loi. Enfin, Rousseau précise le rôle du législateur instituer un peuple (p80). Le législateur est à l'origine des règles fondamentales du corps social. Cependant, il n'est pas appelé à légiférer par la suite : Celui qui rédige les lois n'a donc ou ne doit avoir aucun droit législatif (p81). Il semble que le travail du législateur soit un travail constituant et non pas un travail législatif. Le législateur crée les conditions d'expression de la volonté générale. [...]
[...] B La critique du peuple Dans les chapitres VI et VII du livre II, Rousseau est face au problème de l'œuf et de la poule. En effet la loi doit transformer l'homme en citoyen, cependant il faut être déjà un citoyen éclairé par la raison pour rédiger la loi : Pour qu'un peuple naissant pût gouter les saines maximes de la politique et suivre les règles fondamentales de la raison d'État, il faudrait que l'effet pût devenir la cause (p82). [...]
[...] La solution sera apportée par le chapitre VII. Deux champs lexicaux préparent l'arrivée de ce chapitre. Tout d'abord, Rousseau impose l'idée de nécessité pour justifier la solution qu'il apporte : Le peuple soumis aux lois doit en être l'auteur Il faut lui faire voir les objets tels qu'ils sont 78). Ensuite un champ lexical emprunté aux Lumières laisse entrevoir la solution : connaître apprendre recherche éclairé Lumières publiques (page 79). II Le législateur: homme extraordinaire, garant de l'unité du corps social A Le rôle du législateur Cette réflexion débute à la fin du chapitre VI et est développée au chapitre suivant. [...]
[...] I Une menace pour l'unité du corps social : la faillibilité de la volonté générale A La nature de la loi Dans les chapitres VI et VII du livre II, Rousseau répond à une exigence qu'il annonce dès le troisième paragraphe : définir la nature de la loi. C'est un apport majeur pour la théorie politique dans laquelle Rousseau suscite le débat. En effet quelques années auparavant Montesquieu définit ce que c'est qu'une loi dans De l'esprit des lois (1748), Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses 1). Rousseau reproche à cette définition d'être métaphysique». Quelle est donc la conception de la loi développée par Rousseau dans ce chapitre ? [...]
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