Dans le chapitre II, Rousseau entreprend d'examiner l'origine des premières sociétés afin de montrer que l'ordre social ne vient pas de la nature mais est fondé sur des conventions, ainsi qu'il l'a affirmé dans le chapitre précédent.
Or, la première affirmation est surprenante et semble aller à l'encontre de sa démonstration : dire que la plus ancienne de toutes les sociétés est celle de la famille, n'est-ce pas fonder l'ordre social sur l'ordre naturel ? Les rapports qui lient les membres d'une famille sont en effet inscrits dans la nature et ne reposent pas sur des conventions. Rousseau le reconnaît d'ailleurs en posant la famille conne une "société naturelle". Voltaire, lecteur critique du Contrat social, tire aussitôt la conclusion de cette affirmation : "donc ce droit vient de la nature".
Toutefois, il faudrait, pour que la conclusion de Voltaire soit recevable :
1) que la famille "naturelle" (biologique) puisse véritablement être définie comme une société.
2) que la famille puisse véritablement être considérée comme la "cellule de base" de la société.
Or, Rousseau ne consent à aucune de ces deux propositions : pour qu'une communauté d'individus constitue une société, il faut qu'elle ait une centaine permanence. Or, ce n'est pas le cas de la "famille naturelle".
[...] Cette possible distorsion ente la volonté générale et les volontés particulières fonde le droit, pour le corps, d'user de la contrainte lorsqu'un particulier préfère sa personne au tout dont il est partie, il peut être contraint par le tout de se plier à la volonté générale. "On le forcera d'être libre" En fait, la force de coercition à laquelle le corps politique peut avoir recours est renfermée dans le contrat lui-même : elle en est une suite. Dès lors qu'un individu s'associe au sein du groupe, il accepte implicitement que le corps social puisse, si nécessaire, contraindre ceux qui voudraient s'y soustraire, à respecter la loi, et lui-même s'il entre dans ce cas. Sinon, le corps social irait à sa ruine. [...]
[...] * Le pouvoir s'est généralement établi en dehors du consentement des gouvernés, leur a été le plus souvent imposé de I'extérieur, que ce soit par la force ou par la ruse. Mais il ne s'agit là que d'une domination de fait. Rousseau a montré que la force ne faisait pas le droit, et que la ruse ne pouvait donner à la force que les apparences du droit, non transformer réellement "la force en droit et l'obéissance en devoir." Le pacte social apparaît donc d'autant plus nécessaire que lui seul peut présider à l'instauration du corps politique lui-même et constituer le "vrai fondement de la société civile". [...]
[...] Or, un peuple ne peut se vendre contre sa subsistance, puisque o'est lui, au contraire, qui assure la subsistance du despote. Contre quoi pourrait-il donc échanger sa liberté ? Réponse de Hobbes : contre sa sécurité. Or, il ne peut s'agir là que d'un marché de dupes. Cette tranquillité civile n'est en fait jamais garantie par le despote (guerres civiles). Même si elle l'était, les termes de l'échange ne seraient pas équitables. Pour qu'une convention soit équitable, il faut que ce que l'on cède ait une valeur équivalente à ce que l'on reçoit. [...]
[...] II) ni sur une convention. En effet tout contrat repose sur l'égalité des personnes. Aristote distingue la justice directive ou corrective qui préside aux actes juridiques, de la justice distributive qui concerne la répartition des biens et des honneurs dans la cité selon les mérites de chacun et qui, pour lui, repose sur l'inégalité. La justice qui préside aux contrats suppose également l'égalité des choses échangées dans la réciprocité des stipulations contractuelles. C'est ce que St Thomas appelle la justice commutative. [...]
[...] Avant le pacte social, il n'y a pas de "corps politique", il n'y a pas de public, mais seulement des particuliers. Il ne peut y avoir, dans ce cas, que des rapports de particulier à particulier. * Avec le pacte social, chaque particulier devient un associé et chaque associé est selon le point de vue considéré, un citoyen (membre du Souverain) et un sujet (membre de l'Etat). Puisque le souverain (le public) est engagé envers les particuliers, chaque membre du souverain l'est également. [...]
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