On a vu maintes fois dans l'histoire, des hommes lutter pour conquérir leur liberté contre des régimes despotiques et se retrouver pourtant, une fois l'ancien ordre politique renversé, asservis à de nouveaux maîtres, oublieux de leur idéal de justice et de liberté aussitôt parvenu au pouvoir.
Peut-on malgré tout espérer instaurer un jour une société juste où ceux qui exercent le pouvoir ne finissent pas, tôt ou tard, par en abuser ?
À cette question, Kant propose dans ce texte une réponse apparemment très pessimiste : les hommes étant ce qu'ils sont, il ne faut pas s'attendre à trouver parmi eux des chefs capables de gouverner de manière absolument juste. La question de l'établissement de la « justice publique » est destinée à rester sans solution.
Sans illusion sur la nature de l'homme, Kant met donc en avant le caractère insoluble du problème politique. Mais dans quel but ? S'agit-il de nous décourager en condamnant à l'avance tout espoir de progrès en matière de justice comme illusoire ? Ou au contraire de nous inviter à travailler malgré tout à la résolution de cet épineux problème tout en faisant preuve de la plus grande lucidité sur les risques inhérents à la pratique politique.
[...] Le besoin d'un maître Le texte s'ouvre sur une définition de la nature de l'homme. A la manière traditionnelle, celle-ci s'énonce selon la formule consacrée, l'homme est un animal qui L'on a souvent caractérisé l'homme, à la suite d'Aristote, comme un animal qui possède le langage, la conscience de soi, la raison. Tous ces attributs spécifiques permettent de dire positivement tout ce que l'humanité est capable de réaliser, décrivent l'éventail des aptitudes humaines, infiniment plus riches que celles qui caractérisent le monde animal. [...]
[...] C'est contre cette négligence et pour davantage de vigilance que ce texte nous invite à mobiliser nos efforts afin de travailler à l'instauration d'une société de plus en plus conforme aux principes de justices et de liberté. [...]
[...] Ils sont donc pour la majorité d'entre eux justes mais en un sens très faible ; pourrait-on dire extérieurement ? Mais comment se comporteraient-ils s'ils n'étaient mus par la peur de la sanction, ou par la crainte et l'autorité ? On songe ici à la fable que nous rapporte un des interlocuteurs de Socrate au livre 2 de La République : Gygès, un honnête berger, qui n'a jusque-là commis aucune injustice, trouve un jour un anneau qui a le pouvoir de le rendre invisible. [...]
[...] Les hommes ont donc besoin d'un maître. Le maître dont il est question tout au long du texte n'a rien du despote tyrannique qui soumet les hommes à sa loi, sous prétexte que ces derniers seraient semblables à des bêtes sauvages qu'il faudrait par tous les moyens empêcher de nuire. Si Kant utilise le vocabulaire presque brutal de la contrainte pour évoquer l'action du maître battre en brèche forcer à obéir l.10), ce n'est bien sûr pas pour faire l'éloge de la force, voire de la violence en politique. [...]
[...] "Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique Emmanuel Kant (1784) - "L'homme est un animal qui ( . ) a besoin d'un maître" L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître. Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables ; et quoique, en tant que créature raisonnable il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant animal à l'égoïste l'incite toutefois à se réserver dans toute la mesure du possible un régime d'exception pour lui-même. [...]
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