Hobbes est connu pour deux formules devenues célèbres : la première dit que l'homme est un loup pour l'homme, mais la seconde, souvent passée sous silence, affirme qu'il peut être également un dieu pour l'homme. Autrement dit, sa condition naturelle le place entre deux extrêmes dans le régime des êtres : entre la divinité et la bête, entre le plus trivialement immanent et le plus haut dans l'ordre céleste. Ce qui va faire pencher la balance entre l'une ou l'autre de ces polarités va se situer pour Hobbes dans la création de la société civile comme convergence des volontés en une seule, dans le but, majeur pour notre auteur, de garantir durablement la paix.
Si Aristote a rangé l'homme parmi les animaux politiques, il a commis une erreur pour Hobbes : l'homme a beau être animal, il n'est pas naturellement capable de faire advenir et perdurer la paix, et en ce sens est-il encore naturellement sociable ? Hobbes semble répondre que non. Quant aux animaux politiques, leurs assemblées ne constituent pas des sociétés civiles, bien qu'ils soient capables de faire converger leurs volontés, seul l'homme est en mesure de s'en remettre à une seule volonté, seule condition qu'existe enfin la paix.
[...] En somme, ces animaux semblent politiques, naturellement politiques. Les bêtes prêtent-elles leur consentement ? Ou bien agissent-elles par instinct, un mot absent du texte ? En ce sens, est-il juste de parler pour les bêtes de bien commun ni même de consentement ? Elles prêtent leur consentement mais ne le déposent pas à une autorité pour faire advenir en l'état de nature un état de tranquillité entre elles. La raison en est qu'il n'y a pas d'au-delà de cet état de nature et de ses conditions naturelles : aux biens particuliers disponibles correspondent des appétits, et aux appétits tous les animaux d'une même sorte sont soumis et leur plan d'action y correspond. [...]
[...] De quels animaux nous parle Hobbes ici ? Citant la méthode taxinomique d'Aristote qui range parmi les animaux politiques et sociables, les hommes, les fourmis, les abeilles, et plusieurs autres Hobbes va montrer ce qui fonde cette capacité de police (qui signifie ici contrat, de polizza en italien certificat) si caractéristique pour les Grecs. En effet, selon eux, il allait de soi que naturellement l'homme et d'autres animaux avec lui, soient définis par leur capacité politique, vivant en polis (cités). [...]
[...] perturbateurs comme ces hommes qui vivent du plus grand loisir. Car, pour lui, si l'on doit vaincre la faim et la soif et les autres incommodités de la vie, on ne s'amuse guère à contester un point d'honneur. La question de l'état de nature et les animaux ont pour fonction ici de montrer que si la concorde des bêtes est naturelle, celle des hommes est contractuelle et artificielle en raison de la nature même de l'homme ; ce dernier doit impérativement sortir de l'état de nature dans lequel la définition d'Aristote semblait vouloir le cantonner, pour qu'advienne sa sociabilité. [...]
[...] Leur consentement en ce sens ne peut être à proprement parler qu'une entente par rapport à une fin immédiate ou proche dans l'espace et le temps : un consentement prêté à cette fin commune ne vaut pas un contrat pour Hobbes. En effet, quant à lui, l'homme, lui sans volonté supérieure pour le contraindre, se sent de taille à user de sa raison pour critiquer son organisation et cela va générer la guerre. Où l'animal privé de raison ne raisonne pas, n'analyse pas l'ordre qui le voit réuni aux autres animaux, congénères, l'homme lui, s'empresse de voir des défauts, et fort de son amour-propre, va s'autoriser à proposer des innovations. [...]
[...] On pense ici aux accusations portées à l'encontre de Socrate, dont Platon rapporte la défense dans l'Apologie de Socrate. Accusé d'impiété et de corruption de la jeunesse, Socrate dû prononcer un discours pour se sauver, ce qui ne lui évita pas la mort. Le langage, comme le dit Hobbes peut servir à représenter le mal comme le bien plus grands qu'ils ne sont véritablement : le discours peut ainsi servir à amplifier les choses, où les animaux ne réagissent qu'à ce qui les touche (par les sens), les hommes peuvent créer les conditions passionnelles menant à la guerre, par le seul discours comme amplificateur du mal ou du bien, moyen de propager l'injure et de causer dommage. [...]
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