Les discours de Pascal sur la condition des grands ont été rédigés de mémoire par une personne y ayant assisté. Ils ne restituent pas les propres paroles de Pascal mais ses pensées et sentiments qui suivent un but précis dans l'instruction d'un prince. Il s'agit, selon la préface, de remédier à : « trois défauts auxquels la grandeur porte elle-même ceux qui y sont nés ».
Le passage qui nous intéresse se situe juste avant le dernier paragraphe. La parabole et ses enseignements qui débutent le discours expliquant que la condition des grands dépend du hasard et non du mérite. L'argumentation s'appuie ensuite sur l'exemple en montrant les différences et les analogies avec la réalité. Le personnage de la parabole est un usurpateur devant la loi et Dieu puisque son rang lui est acquis par l'erreur du peuple. Mais le grand, dont les possessions sont légitimes ne doit cependant son établissement qu'aux institutions humaines et non à ses qualités ou son mérite. Il s'agit donc maintenant de tirer les conclusions de cet enseignement.
[...] Conclusion Ainsi que nous avons pu le voir, ce passage répond donc bien aux objectifs de la préface. Il édifie le destinataire en dépréciant une pensée superficielle source d'erreurs, au profit d'une mise en valeur des vertus réelles relatives à la quête philosophique et spirituelle de la vérité. Puis il lui explique le danger à exercer un pouvoir sur la base de ces erreurs. Ce passage est ainsi particulièrement important puisqu'il présente les défauts fondamentaux des grands, et permet d'introduire les deux discours suivants qui vont en développer les raisons. [...]
[...] Le pouvoir du roi est légitimé par la volonté divine et le roi lui-même a tendance à s'identifier à Dieu et s'octroyer des pouvoirs magiques, surnaturels. - De plus, La Fontaine décrit ainsi Louis 14 dit aussi Louis Le Grand ou Roi-Soleil : pensez-vous que le monde ait beaucoup de rois d'une si belle stature, d'un aspect aussi magnifique ? Je ne le pense pas et, quand je le vois, j'imagine voir la Grandeur en personne - Le peuple est donc mystifié par les apparences, mais également par la polysémie des mots qui caractérisent le statut social ou moral des hommes. [...]
[...] Ce qui n'est déjà qu'une opinion fondée sur l'apparence devient commun, facile. - Or, c'est celle qui élève, et il est nécessaire de faire ici attention au sens du verbe qui signifie à la fois mettre quelqu'un au-dessus des autres lui attribuer supériorité et avantage en pouvoir, fortune et dignité, mais aussi instruire, former par l'éducation. Le danger est donc de se laisser éduquer par les préjugés en méconnaissant sa nature. - C'est pourquoi il faut s'abaisser par la seconde pensée, c'est-à-dire s'humilier, se soumettre devant la volonté de Dieu, seule instance hiérarchique dans le monde de la nature et selon laquelle seule la vertu permet l'élévation. [...]
[...] Il s'agit donc ici, pour mériter le respect, de grandir, non pas dans la hiérarchie, mais dans sa réflexion, sa morale. - Enfin, l'importance du premier danger inhérent à la condition des grands est rappelée et introduit par l'adverbe surtout Se méconnaître soi même apparaît donc comme étroitement lié à la confusion entre soumission au pouvoir et respect dû au mérite. Ce second paragraphe a donc pour but de mettre en garde sur les pièges des codes sociaux (hiérarchie et langage), édifiant toujours par la dépréciation des vices (ici l'orgueil et le mensonge), et la mise en valeur des qualités de l'esprit et de la vertu. [...]
[...] Phrase 3 Ne leur découvrez pas cette erreur, si vous voulez, mais n'abusez pas de cette élévation avec insolence, et surtout ne vous méconnaissez pas vous même, en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres - La troisième phrase commence par une concession si vous voulez mais elle revient à l'impératif. C'est le retour à l'application pratique et à l'autorité de l'émetteur. - La concession montre les limites de la critique. L'émetteur s'attaque aux rouages du pouvoir, aux secrets qui lui permettent de s'établir et se maintenir en cultivant des croyances. Car si la hiérarchie est nécessaire à la gestion de la société, le respect qui lui est normalement dû grâce à l'exercice de ses devoirs, prend plutôt ici l'apparence de la soumission devant l'exercice du pouvoir. [...]
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