Lors du sacre des rois de France, l'évêque de Chartres prononçait cette prière à l'attention du roi : « Sois béni et constitué roi en ce royaume que Dieu t'a donné à régir et à gouverner ». La thèse du roi investi de son pouvoir par Dieu est en effet acquise par tous au cours de l'ancien régime. Elle est défendue par la majorité de la doctrine.
Théologien du XVIIe siècle, Jacques Bénigne Bossuet est nommé évêque de Condom en 1669 puis de Meaux en 1681. Il acquiert une grande autorité par ses Sermons. Celle-ci lui permet de faire entendre sa voix dans les controverses de son temps impliquant l'Eglise. Il est par exemple l'auteur de nombreux réquisitoires dénonçant le protestantisme ou le quiétisme. Fidèle à Louis XIV, il devient le précepteur de Louis de France le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, de 1670 à 1680.
Dans cet ouvrage, qu'il remania de 1700 à 1704, Bossuet vise à démontrer que la monarchie absolue est le meilleur des gouvernements. Il s'appuie sur des textes bibliques qui justifient la notion de droit divin attachée au pouvoir royal. Cet extrait, tiré du livre III s'articule en trois propositions. La première énonce que « L'autorité royale est sacrée », la suivante que « La personne des rois est sacrée » tandis que la troisième tend à démontrer qu' « On doit obéir au prince par principe de religion et de conscience ». Ces trois propositions sont liées puisqu'elles traitent des rapports entre Dieu et l'ordre monarchique.
Il est intéressant de remarquer de quelle manière Bossuet s'appuie sur l'Ancien Testament pour justifier la sacralité du pouvoir royal et dans quelle mesure le roi dispose de ce pouvoir.
[...] Le Grand Dauphin ne survivra pas à son père et n'exercera donc jamais son pouvoir, mais c'est dans ce dessein que Bossuet rédige dans les années 1670 sa Politique tirée de l'Ecriture sainte. Bossuet rédige cet ouvrage alors que Louis XIV œuvre à affirmer la suprématie française. Pour ce faire, il s'efforce de s'affranchir de l'autorité de Rome tandis que les troupes françaises sont déployées dans toute l'Europe. L'œuvre du prélat ne sera publiée qu'en 1709 soit cinq ans après sa mort, par son neveu, l'abbé Bossuet. [...]
[...] Mais le pouvoir royal d'origine divine dispose de limites morales. Il doit poursuivre un objectif conforme au droit divin. B Un pouvoir dédié à la poursuite du bien commun Pour conserver de son crédit le roi doit montrer l'exemple et lui aussi suivre la religion. Il doit se soumettre à Dieu avec crainte et respect s'il désire être respecté par ses sujets. L'Eglise prétend que si le roi commet des actes contraires aux lois divines, il peut être déposé par le Saint-Siège. [...]
[...] B Un pouvoir reçu de Dieu Saint-Paul affirme, dans ses Ecritures, omnis potestas a Deo toute puissance vient de Dieu Ce postulat sous-entend que les rois ont été investis par Dieu. Ils sont donc ses ministres ses mandataires sur la terre, qu'il choisit de placer sur le trône. Pour justifier cette idée, Bossuet s'appuie encore sur l'Ancien Testament. Les textes bibliques évoqués concernent seulement les rois d'Israël. L'auteur étend leur interprétation à l'ensemble des peuples en se basant sur une phrase tirée de l'Ecclésiastique : Dieu donne à chaque peuple son gouverneur Il justifie ensuite le fait que seul Israël soit mentionné dans la Bible en rappelant et Israël lui est manifestement réservé L'Ecclésiastique fait partie des textes deutérocanoniques. [...]
[...] De cette manière, entre autres, Dieu fait rejaillir une partie de son éclat sur les rois Une partie seulement, car le roi dispose de la puissance suprême mais également d'obligations envers lui. II Une autorité suprême employée au bien de la société Bien que l'origine divine du pouvoir du roi lui confère une indépendance celui-ci doit être dédié à la poursuite du bien commun A Roi par la volonté divine : un facteur d'indépendance Le roi est député de Dieu et tient à le rappeler, d'autant qu'il est seul sacré dans le royaume : il signe tous ses actes solennels par l'expression per gratiam Dei, rex L'influence des décisions royales est de ce fait la plus importante au sein du royaume. [...]
[...] Bien que le roi ne doive rendre de comptes à personne, il vit tout de même dans la certitude d'un jugement divin après sa mort. C'est pourquoi il n'abuse pas de son pouvoir, son autorité est soumise à la raison. Ayant la certitude du bien-fondé des ordres du roi, puisqu'ils visent le bien de la société, les sujets se soumettent à lui avec une sorte de religion de seconde majesté Bossuet emprunte cette expression à Tertullien qui comme lui s'est attelé à relier l'ordre divin à l'activité humaine. [...]
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